Abdel Raouf Dafri, le goût des images !
Alfred Hitchcock disait : « Un film, c’est trois choses : un scénario, un scénario et un scénario. » Abdel Raouf Dafri fait partie des scénaristes français les plus doués, maniant les mots et les dialogues avec force, intelligence et humilité. Au scénario d'Alger Confidentiel, mini-série mêlant polar et espionnage, Abdel signe une adaptation précise de cette vente d'armes entre l'Allemagne et l'Algérie. Rencontre avec Abdel Raouf Dafri, le goût des images !

« À partir de jeudi prochain les téléspectateurs pourront découvrir la série Alger Confidentiel sur Arte. Abdel, vous en êtes le scénariste après avoir eu un coup de cœur pour le livre d’Olivier Bettoni Paix à leurs armes. À quel moment ce livre est tombé entre vos mains ?
En 2016, mon agent Lionel Amant (qui nous a quitté depuis), m’a invité à lire le livre d’Oliver Bottini Paix à leurs Armes. À l’époque, j’étais fauché et je cherchais un projet digne qui en plus, paye bien. Autant dire, le beurre et l’argent du beurre. Pour finir, je me suis retrouvé avec un projet digne et un tout petit peu moins fauché (sourire). En effet, avec Arte, les budgets d’écriture et de production ne sont pas Hollywoodiens mais vous avez une liberté de réflexion et de travail assez démente. D’ailleurs, je ne remercierai jamais assez Adrienne Frejacques et Olivier Wotling (responsables du développement) qui se sont montrés bienveillants et remarquablement pertinents dans leurs remarques tout au long du processus d’écriture d’Alger Confidentiel.
Quels sont les éléments du livre qui vous ont décidé à écrire le scénario ?
Je parlerais d’abord de l’intrigue très originale et surtout, de la précision d’Olivier dans la description des personnages Algériens. Venant d’un auteur Allemand dont le pays ne partage pas une histoire commune avec l’Algérie, c’était surprenant et déroutant de constater à quel point Olivier avait compris l’ADN mental algérien ainsi que les codes qui régissent les rapports entre Algériens. Tout cela sans une once de caricature, de regard biaisé, paternaliste et occidental. Ça m’a bluffé et j’ai tout de suite vu ce qu’il était possible de faire du livre en termes de matériau cinématographique.
Comment avez-vous réussi à garder l’âme du livre ?
Parler « d’âme » est un peu trop chargé en spiritualité pour l’athée que je suis (Rires). Je préfère parler « d'état d'esprit » du livre et de l’histoire qu’il déroule. Je me suis donc uniquement intéressé au concert d’intrigues allemandes et algériennes en me concentrant sur l’essence des émotions universelles qu’elles dégageaient. Par exemple, le combat anti-corruption de Katharina Prinz ; l’enquête de Ralf Eley au nom de la survie de son compatriote kidnappé ; l’amour contrarié et secret que vit Amel Samraoui avec Ralf, un Occidental non-musulman et par-dessus tout, cette tentative de Révolution sans violence que mènent Abderrahmane Toumi, Sadek Tadjer et Aziz Amrani. Pour info, sachez que j’avais conditionné auprès de Philippe Alessandri (le producteur) ma participation à l’écriture sous réserve qu’Oliver Bottini soit séduit par la vision de mon adaptation. Sans le feu vert d'Olivier, j’aurais décliné...