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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Alexandra Pizzagali, c'est dans la tête !

Dernière mise à jour : 5 janv. 2022

Après deux années passées au Cours Florent, Alexandra Pizzagali s'est décidé à écrire son premier spectacle dans lequel elle emploie un humour noir parfaitement maitrisé qui ne tombe jamais dans l'acerbité. Fraîche et drôle, elle est droite dans ses bottes ce qui lui permet d'éclabousser le premier degré. Rencontre avec Alexandra Pizzagali, c'est dans la tête !

© Renaud Corlouer

« Tu joues actuellement ton spectacle « C'est dans la tête ». Quelles sont les thématiques que tu abordes ?

J'aborde des thèmes de société relativement graves. En écrivant le spectacle, je ne me suis pas posé la question de ce que j'allais raconter ou non. Mais a posteriori je me suis rendu compte que ce sont des sujets qui m’ont touchée, de près ou de loin, pour x ou y raisons. C'est drôle de voir que sans le calculer on peut amener beaucoup de soi, même si le personnage n’est pas moi.


Depuis quand joues-tu ce spectacle ?

J'ai d'abord écrit le spectacle avant de commencer à monter sur scène. Je me suis ensuite renseignée un peu sur ce que j’étais censée faire et on m'a dit qu’il existait des plateaux d’humour, où les artistes allaient jouer des passages de leurs spectacles. J'ai donc fait mon tout premier passage au Fieald devant 250 personnes avec un extrait de mon spectacle et quelques mois plus tard, j’étais programmée à la Petite Loge, le plus petit théâtre de Paris.


Ton one-woman-show est-il évolutif dans les sujets que tu abordes ?

Le texte a très peu changé depuis le début. Mais dans la façon d'interpréter oui, et indépendamment des progrès que je fais depuis les débuts (j’espère !) ce n'est d’ailleurs jamais la même façon de jouer. Je n'arrive jamais avec la même énergie, la même humeur. Et le public non plus. Maintenant que je me sens plus en jambes, je me permets aussi de sortir parfois du texte et d'interagir avec les gens.


As-tu un rituel avant de monter sur scène pour éliminer le trac ?

Je m'étire un peu n'importe comment et j'essaie de me détendre la mâchoire. Je ne sais pas si ça sert à grand-chose étant donné la maladresse avec laquelle je le fais mais j'ai l'impression que ça m'aide (rires).


Dans ce spectacle, tu évoques des sujets délicats avec un humour noir que tu maîtrises parfaitement. Quelles limites te fixes-tu ?

Aucune. Disons que lorsque je dis quelque chose, je sais ce que je dis et pourquoi je le dis. Je suis consciente des sensibilités que ça pourrait ou non heurter mais je suis assez tranquille car je suis droite dans mes bottes. Je peux donc sauter dans les flaques au risque d’éclabousser un peu le premier degré. On n’a pas à s’excuser en tant qu’artiste ou à rougir d’aborder tel ou tel sujet, aussi délicat soit-il, mais je crois qu’il est important d’essayer de le faire intelligemment.


Le public a pu te découvrir avec le sketch sur les femmes enceintes. Quels retours as-tu reçus ?

La plupart du temps c'est ultra positif. Les femmes enceintes le prennent hyper bien. Il y a même des femmes qui ont perdu leurs bébés ou qui n'arrivent pas à en avoir qui m'envoient des messages de remerciements, pour le rire. Et puis il y a les « haters » comme on les appelle, qui prennent tout au premier degré. En général je ne leur réponds pas directement mais je m'amuse à détourner leurs messages. Sur mon compte Instagram, j'ai une story à la une où on peut voir tous leurs gentils messages avec mes commentaires en prime. J'en ferai peut-être un recueil un jour (rires).



Tu étais plus prédestiné à faire du théâtre, après avoir suivi les Cours Florent, qu'à faire de la scène ?

Après mon bac L, j'ai fait des études de pub. Quand j'ai eu mes diplômes, je n'avais pas spécialement envie de faire du 9h-19h en entreprise. Je me suis intéressée au théâtre et j'ai décidé de faire les Cours Florent pendant deux ans. Il s'est ensuite passé plusieurs années où je me voyais jouer des tragédies classiques dans de grands théâtres à l'italienne (rires). Mais il ne se passait rien car je ne faisais pas grand-chose pour que les choses se passent. Un jour, je me suis réveillée et j'ai commencé à écrire le spectacle.


As-tu eu des influences humoristiques à tes débuts ?

Avant de commencer l'écriture de mon spectacle, je ne savais pas que j'allais être humoriste. D’ailleurs quand on me demande ce que je fais, je réponds plus souvent comédienne qu’humoriste. Du coup je ne saurais pas vraiment dire quelles sont mes influences, mais elles doivent être aussi cool qu’inconscientes.


On t'entend également à la radio sur les ondes de « Rires et Chansons » dans l'émission « Une heure avec ».

J'y suis de manière occasionnelle. C'est la première radio qui m'a invitée, très tôt, à me prêter à l’exercice du « billet d’humour ». Depuis ils me proposent régulièrement, et j’accepte toujours avec grand plaisir.



L'humoriste Léa Lando me disait que les femmes étaient moins mises en avant que les hommes dans l'humour. Quel regard portes-tu sur l'humour féminin aujourd'hui ?

C'est quelque chose dont je ne me rends pas vraiment compte car je suis relativement nouvelle dans ce milieu. Un jour je discutais avec une humoriste en lui disant justement que je n’avais pas l’impression qu’être une femme pouvait être un obstacle, et elle m’a répondu que les anciennes avaient déblayé le terrain avant moi. Elle a eu raison de m’en faire prendre conscience, c’est important de se rendre compte que c’est le travail et la persévérance de ces filles-là qui facilitent l'arrivée de nouvelles comme moi. Dans l'humour féminin d'aujourd'hui, je crois qu'il y a une vraie libération de la parole. C’est le reflet de la société. Et on a toutes un univers qui nous est propre. Tous les sujets ont été traités évidemment, comme en littérature ou au cinéma. Le fait est que chaque artiste arrive avec son regard et sa patte, pour commenter son monde.


Quels sont tes projets pour les mois à venir ?

Je reprends à Paris à partir du 27 septembre trois fois par semaine et je continue la tournée en parallèle. J'ai des envies de théâtre classique, de radio, de cinéma. Mais chaque chose en son temps.


Que peut-on te souhaiter pour le futur ?

Que ça continue comme ça (rires). »

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