Alexandre Sookia : "L’EP parle de tous les bagages qu’on peut traîner."
- Samuel Massilia

- 17 oct.
- 5 min de lecture
Il signe un premier EP touchant et sincère, entre folk et pop française. Intitulé Porte Bagage, ce projet de six titres explore les liens qui nous construisent, les émotions qui nous traversent, les personnes que l’on aime – celles qui restent, et celles qui s’en vont. À travers une écriture fine et personnelle, Alexandre Sookia dessine un voyage intérieur porté par des mélodies douces, des guitares acoustiques, et une voix à fleur de peau. Rencontre.

« Alexandre, ton nouvel EP Porte Bagage est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Comment le présenterais-tu ?
Il regroupe six chansons, dont trois morceaux inédits. L’EP parle de tous les bagages qu’on peut traîner ; les souvenirs, les deuils, les amours, la parentalité, aussi. Au départ, je voulais l’appeler EP Numéro 1, et puis mon attaché de presse, Yoann Tome Mestre, m’a conseillé de construire une histoire. Pour moi, les six titres se tiennent bien au niveau de l’intention musicale. Dans les morceaux, on peut retrouver des sons communs, comme du xylophone dans Attends et Noor Monamour. Enfin, ce projet d’EP va me permettre d’avancer sur la suite, de préparer les lives.
Quelles sont les thématiques abordées ?
Je parle du deuil de ma grand-mère dans Attends, je m’entendais très bien avec elle, on était fusionnelles. Je ne sais pas si les textes sont écrits de façon thérapeutique, ce n’est pas l’intention première ou bien elle est inconsciente. D’abord, j’aime raconter de belles histoires, avec l’envie qu’elles touchent un maximum de personnes. C’est aussi pour cette raison que mon écriture n’est pas forcément directe, et qu’il y a des métaphores. J’adore la musique à l’image, donc j’espère qu’on ressent un petit côté cinématographique dans les morceaux.

Peau de Miel, c’est une ode à l’amour passionnel. Porte Bagage peut être compris comme un titre léger, qu’on écoute en marchant ou en faisant du vélo. La mélodie est agréable et si on entre un peu plus dedans, on comprend que ça parle aussi des bagages qu’on traîne, de son histoire de vie et de celle de nos parents, de nos ancêtres. Pour La Lune, on peut l’interpréter comme une chanson d’amour, avec aussi un questionnement, celui d’une personne qui marche au milieu de la nuit, à regarder les étoiles avec ses doutes et qui aimerait avoir des réponses. Sauf que la personne avec laquelle elle parlait n’est plus là, alors elle la cherche autre part. Enfin, Noor Monamour, c’est pour mes deux filles (Noor et Mona), afin de ne pas faire de jalouses (rires).
Trois des titres de l’EP ont leur clip sur ta chaîne Youtube : La Lune, Mélancolie Cruelle et Porte Bagage. Quelles sont, à chaque fois, tes intentions artistiques et visuelles pour ces clips ?
Honnêtement, il y a énormément de chances (rires). J’ai tourné le clip de La Lune en plan-séquence, en one shot, et je ne savais pas du tout si la lumière allait prendre ou non. Je filmais avec mon téléphone et à chaque fois, je tournais à deux kilomètres à la ronde de chez moi. C’est aussi pour ça qu’on retrouve la même atmosphère. Mes prochains clips, j’aimerais qu’ils ressemblent à des courts-métrages.
À 20 ans, tu sortais un premier EP, intitulé Up and down, puis tu as réalisé un premier album, Beautiful Monsters, avec Maxime Lebidois. Qu’est-ce qui a pu changer dans ton écriture et ta façon de faire de la musique ?
Je pense avoir toujours le même style musical, par contre, dans l’écriture, je suis passé de l’anglais au français. Ça fait un an et demi que j’y arrive. Le déclic a été le visionnage d’un concert de Benjamin Biolay sur Youtube. J’aimais bien la façon dont il faisait sonner les mots sur la musique. Depuis, j’essaie de m’améliorer. Cette différence musicale passe au niveau du mix, afin d'épurer un peu plus ma voix et d’avoir plus de puissance sur les mots.
Le grand public a pu te découvrir dans l’émission The Voice en 2017. Qu’as-tu retenu de cette expérience, artistiquement et humainement ?
C’était une expérience de fou. The Voice est la plus grosse émission de musique en France, mais aussi à travers le monde. Tous les artistes présents ont beaucoup de talent. On a tous les mêmes réflexions, même si notre musique est différente. Faire cette émission donne encore plus d’humilité et comme c’est de la télé, ça te vaccine clairement au stress. Et puis quand tu ne connais personne dans la musique, c’est aussi un très bon moyen de faire du réseau.
Tu es multi-instrumentiste : guitare, basse, piano, batterie. Comment as-tu appris ces instruments ? Quel a été le déclic ?
Il y avait un petit peu de musique à la maison, mais mes parents ne jouaient pas d’un instrument. Mon père est un gros fan d’Elvis Presley, il a chanté tout son répertoire donc je le connais par cœur et n'ai pas besoin de l'écouter. Pour moi, Elvis, c’est mon papa (rires). Ma mère, c’est plutôt Barbara, les chansons à texte. Le déclic est venu quand mon père m’a acheté ma première guitare dans une brocante pour mes seize ans. J’ai fait mon apprentissage en autodidacte avec des tutos sur internet et c’était déjà bien suffisant pour commencer. Je ne m’estime pas du tout guitariste, ni pianiste ou bassiste. Mes batteries sont faites via des claviers maîtres sur les logiciels d'enregistrement.
As-tu le souvenir de ta toute première scène ?
Au départ, j’ai joué sur les marchés et en particulier à celui de Morlaix, dans le Finistère nord. C’était ma première confrontation avec un public, les gens s’arrêtaient en terrasse et entre chaque chanson, je recevais de bons retours. C’était encourageant. Ensuite, ma première grosse scène a été dans un festival de jazz, à Châteauneuf-du-Faou, là où habitaient mes grands-parents. C’était le réseau local. J’aime la scène et j’aimerais en faire plus, notamment avec mon EP.
En 2015, tu signes pour la première fois la bande originale d’un film, celle de On voulait tout casser de Philippe Guillard. Comment s’est présentée cette opportunité ?
Je vivais sur la Pointe de la Torche et j’y faisais des concerts tous les vendredis pour l’apéro de l’école de surf. Un vendredi, j’ai rencontré le producteur Maxime Lebidois et il m’a proposé d’enregistrer en studio. Pour ce film, il y avait comme un appel d’offres auquel on a répondu avec le titre Blue Car, que j’ai écrit en m’inspirant de quelques images du film. Le réalisateur a aimé le son et j’ai signé sa bande-originale.
Quels sont tes prochains projets ?
Je vais signer la bande-originale du prochain court-métrage d’une amie réalisatrice, un film assez engagé au Cameroun.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Je vois ma musique comme des films indiens, ils durent quatre heures et sont faits pour décompresser, avec de la musique, de la danse, des histoires d’amour farfelues, des effets spéciaux… Je vois la musique comme une phase de décompression dans la vie des gens. »







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