Anaïs Tellenne, brodeuse d'histoire !
Le cinéma a repris et les interviews physiques aussi. C’est sur la terrasse du Linky Hôtel, à quelques pas du cinéma Pagnol où Anaïs a dévoré 71 courts-métrages, que nous avons discutés, entre deux séances, sur sa passion pour le septième art et son métier de scénariste-réalisatrice. Rencontre avec Anaïs Tellenne, brodeuse d’histoire !

« Tu étais jury court-métrage au festival Music & Cinéma d’Aubagne. Quelle a été ta sensation de revoir des films dans les salles obscures ?
C’est un très grand bonheur. C’est la vie qui reprend. L’année dernière, j’étais déjà juré pour ce festival, mais en virtuel. Pour moi, le cinéma c’est une notion de partage, être tous ensemble à vivre quelque chose. Ça fait naître des discussions super intéressantes et des points de vue divers sur tous les films présentés.
Pendant le confinement, j’avais énormément de scénarios en écriture dont mon long-métrage. Je n’ai donc pas trop eu le temps de me pencher sur comment m’occuper. J’ai été assez contente de redécouvrir des films sur Arte, ils ont remis plein de Desplechin. Il n’y a pas que sur les grosses plateformes qu’il y a eu des propositions. Je me suis penchée sur la filmographie d’un ou une cinéaste et j’ai pris beaucoup de plaisir à revoir des classiques.
Quel est ton rapport avec le sud de la France ?
Je le connais un peu via une bonne amie, elle m’a beaucoup entraînée du côté de la Camargue. J’ai aussi un rapport de cinéphile. Ici, à Aubagne, je vibre et j’ai mon imaginaire de jeune fille qui a trop regardé Jean de Florette. J’ai envie de trouver Ugolin dans les montagnes, de me mettre à genoux et de regarder le ciel en disant « Il y a personne là-haut ! » (Rires).
J’ai un rapport avec ce festival qui dure depuis des années, on a une belle histoire ensemble. Mon conjoint est compositeur de musique, il est le premier à m’avoir traîné ici et à voir l’envers du décor. Pour moi, la musique est réellement le co-auteur du film, elle propose une autre écriture.
Selon toi, quelle est la musique qui imprime le mieux la pellicule ?
Je suis totalement folle et fan de La leçon de piano, de la musique de Nyman. J’ai vu un doc sur Jacques Audiard et Alexandre Desplat disait « La musique n’est pas là pour accompagner les personnages, le scénario ou la situation, elle est là pour accompagner la dramaturgie du film ». Dans La leçon de piano, c’est extraordinairement réussi.
Comment s’est faite ton initiation au cinéma ?
Mes parents sont très cinéphiles. Ils disaient toujours : « On va regarder un film avec… » Plus tard, toute seule, j’ai découvert ceux qui étaient aux manettes de ses films avec Delon, Belmondo, Jean Gabin ou Brigitte Bardot.
Pour moi, le cinéma c’est comme un échappatoire. Il y a des enfants, depuis tout petit, ils sont dans une autre disposition de sensibilité et ils ont comme un besoin de s’enfermer dans un monde parallèle, par la lecture ou les films.
Le cinéma, je le découvrais par cassettes, en VHS, on usait les bobines à force de les rembobiner. Quand t’es gosse ou ado, tu as cette capacité à revoir trente mille fois le même film avec toujours la même joie et émotion.
On y découvre des nouveautés à chaque fois… Anaïs, à quel moment tu t’es autorisé à faire ce métier ?
J’ai deux déclics. Le premier tout instinctif à 5 ans, je suis monté sur la table et j’ai dit que je voulais être une actrice connue par les martiens, c’est en tout cas ce que mes parents racontent. C’était assez clair dans ma tête.
Quand j’ai été comédienne, j’ai compris que ce métier n’était pas mon truc. Ce qui m’intéressait, c’était de raconter des histoires. Et là, j’ai eu un deuxième déclic. Dans la vie, parfois, on s