Née dans une famille d'artistes, Déborah Grall a hérité de la culture et du cinéma. Alors qu'elle s'initie pour la première fois devant les caméras de son papa, Déborah apprend le métier d'actrice dès l'âge de 17 ans, le bac en poche, chez Eva Saint Paul. Mais sa rencontre avec Tanya Lopert va la motiver plus que jamais à faire ce métier, à enfiler des rôles taillés pour elle. Grande admiratrice des acteurs anglais et de la vie anglo-saxonne, elle rêve de tourner du côté de Londres après une expérience inoubliable avec Clint Eastwood. Rencontre avec Déborah Grall, tout donner au présent !
« On te retrouve actuellement dans la série de France 2 La Garçonne dans laquelle tu campes Kiki de Montparnasse. Quelle a été ta préparation pour devenir cette figure emblématique des Années folles ?
Dans la série, le personnage n'est pas vraiment développé autour de sa vie. Je sentais une grande liberté avec le costume, la coiffure, le maquillage qui m'ont aidé à incarner totalement Kiki de Montparnasse. Tout ce que j’ai lu sur elle, c'était plus pour alimenter mon interprétation. Je n’avais pas d’énormes enjeux dramatiques à défendre dans la série. Mais ce rôle n'était que du plaisir.
J'ai déjà joué au XIXème siècle donc début de XXème c'était facile pour moi (rires). Quand on tourne, on sait qu'on est entouré d'acteurs qui jouent la même situation et la même époque que vous. Les costumes et les décors sont là, c'est comme si on faisait un retour en arrière dans le passé. Pour l'avoir vécu avec Maison Close, on était vraiment en immersion dans ce bordel pendant plusieurs mois. Je savais que cette expérience allait être réjouissante.
J'ai reçu des messages d'amis et de la famille mais je ne lis pas les réactions sur les réseaux sociaux. Ça me fait peur, les gens sont tellement violents donc si je lis le moindre truc violents je peux mettre trois semaines à m'en remettre.
Ces jours-ci tu joues coup double en foulant les planches du Centre National de Création d'Orléans avec Mademoiselle Julie. De quoi parle cette pièce ?
C'est un boulevard ! Non je plaisante (rires). On commence, je l'espère, la première mardi. Je croise les doigts pour que la culture ne soit pas encore affectée, on aurait du mal à s'en remettre. On est contents de faire des projets même si c'est au jour le jour. Je répète encore jusqu'à mardi mais j’ai l’impression que cette première date est dans deux ans.
Mademoiselle Julie est une pièce suédoise dramatique datant de 1889 qui se passe dans la nuit de la Saint-Jean, une nuit festive dans les pays nordiques autour de la fertilité.
La pièce, elle, se passe dans le domaine d’un comte et c’est une nuit où tous les employés fêtent la Saint-Jean. Mademoiselle Julie, la fille du comte, décide de rester dans le château au lieu d'aller avec son père faire la fête. Toute la nuit, elle va avoir une histoire avec le majordome de son père. Il y a un rapport un peu extrême, sensuel et dangereux. Julie qui est très haute dans la noblesse, et Jean, grâce à son histoire avec elle, va croire qu'il va pouvoir monter dans la hiérarchie. Il va y avoir un bras de fer entre tous les deux. Et il y a Christine, la cuisinière de la maison, qui va être témoin de cette aventure, de cette passion et qui va très vite remettre les choses en place.
Une pièce que vous allez jouer jusqu'au 26 septembre prochain. Est-ce qu'il faut être un fin connaisseur de Strindberg pour venir l'apprécier ?
Non ! Je ne connais pas beaucoup d’autres pièces de Strindberg. Mademoiselle Julie est une pièce qui est souvent à l'affiche. Elle a été jouée par Isabelle Adjani, Juliette Binoche, c'est une pièce assez connue. Pour l'instant, on la joue à Orléans et il n'y a pas de date de prévue à Paris. Sarah Biasini est une très grande actrice, les gens sont curieux de la voir sur scène. Même si ce n'est pas une pièce très gaie, il faut retourner au théâtre pour se changer les idées le temps d'une heure et demie.
Ce goût pour le théâtre est arrivé grâce à Tanya Lopert qui t’a mis en scène dans Country Music, une pièce de Simon Stephens.
Je n'ai pas fait énormément de théâtre. Country Music était ma première expérience sur scène. Tanya était ma prof à Périmony où on jouait en anglais puisqu'elle est américaine. Elle a été la première personne à me faire totalement confiance. C’est grâce à elle que j’ai décidé d’essayer d’entrer dans cette profession. Elle m’a vraiment donné le courage et l'envie de faire ce métier. Simon Stephens est maintenant devenu un auteur contemporain de théâtre très reconnu. Il est joué dans le monde entier. Autour de Country Music, il y avait quelque chose de très fort. J'ai eu la chance de rencontrer l'auteur quand je suis allée à Londres, c'était très important pour lui d'être joué à Paris, une première en France.
Tu es une comédienne couteau-suisse : séries télévisées, cinéma et théâtre. As-tu des souvenirs de tes premiers pas artistiques qui ont démarré à l'âge de 17 ans ?
Mon père était réalisateur, il tournait énormément de séries, de sagas d'été, et il me donnait toujours des petits rôles. C'est lui qui m’a initié à la caméra. Après, mon premier rôle important, qui était secondaire, c'est dans Les fautes d'orthographes de Jean-Jacques Zilberman. C’était une expérience géniale avec Carole Bouquet, Damien Jouillerot et Olivier Gourmet.
En 2010, on te retrouve dans le biopic Gainsbourg, vie héroïque signé Joann Sfar. Comment as-tu rejoint ce projet ?
Joann Sfar est quelqu'un de très spécial dans le bon sens du terme. Il est passionné, c'était la première fois qu'il faisait un long-métrage et il y a eu énormément d'étapes pour avoir ce rôle. Tout était secret, on n'avait pas du tout le droit de lire le scénario. Quand Joann m’a appelé pour me dire que j'avais ce rôle, je suis revenue à Paris car je vivais à l'époque à Londres. Il y a eu toute une préparation faite sur mesure, Joann avait dessiné le personnage, il a un univers très fantaisiste. C'était un petit rôle mais tout était beau autour de ce film. L'oeuvre est vraiment belle.
Tu as vécu deux ans à Londres où tu as pu rencontrer des cinéastes anglais avec lesquels tu as tourné différents courts-métrages. Que retiens-tu de cette escapade Londonienne ?
Après Country Music, je suis partie vivre à Londres. Je n’ai pas eu une grosse période artistique, c’était deux années où j’ai appris la vie Londonienne, j’ai découvert une autre culture et effectivement j’ai rencontré quelques réalisateurs notamment le fils de Stéphane Frears qui est une chouette personne. J’ai d’ailleurs participé à son premier court-métrage en noir et blanc. J'aime énormément la culture anglo-saxonne, je trouve que les acteurs anglais sont les meilleurs du monde. Je suis bilingue et mon plus grand désir est de travailler avec des réalisateurs anglais.
Tu figures d'ailleurs au générique du film The 15:17 train to Paris…
Je dois avoir vingt secondes dans ce film (rires). J'ai passé deux jours entiers dans ce Thalys qui faisait des allers-retours entre Paris et Amsterdam. Clint Eastwood est venu me serrer la main et il m’a dit « Nice to meet you Déborah », je pourrais le raconter à mes petits enfants (rires).
Quels sont tes futurs projets ?
C'est un peu flou. On jouera Mademoiselle Julie l'année prochaine à Avignon, pour le reste rien n'est pour l'instant confirmé.
Aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
« La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent » d'Albert Camus.
Que peut-on se souhaiter pour le futur ?
Des jours meilleurs. »
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