Elle a découvert les textes de Tchekhov à la Compagnie Maritime, chez elle à Montpellier, avant de s'envoler pour la capitale et le Cours Florent. Déborah Krey est une comédienne affirmée, former dans tous les registres de la comédie et passée par la publicité, le doublage, le théâtre, le cinéma et le clip, jusqu'à enrôler avec habileté son premier rôle de composition à la télévision. Aujourd'hui au casting de Piste Noire, une série mélangeant enquête et histoire de famille, Déborah y apporte son énergie solaire. Rencontre avec Déborah Krey, la fibre artistique !
« Déborah, on te trouve dès demain dans la nouvelle série de France 2 Piste Noire. Qu’est-ce qui t’a séduit dans le scénario ?
J’ai adoré voir à quel point, dans un village à taille humaine, tout le monde se connaît. Chaque personne dans le microcosme d’une station de ski a un rôle à jouer, comme le personnage d’Alexia Maldini (interprétée par Solène Rigot) et sa défense de l’environnement. J’ai aussi aimé ce coup de loupe sur comment peut être la vie d’un grand sportif.
Quelle présentation ferais-tu de ton personnage Charlotte Arnoux ?
Pour garder le mystère, je peux te dire qu’elle revient d’un passé assez sombre, compliqué. Charlotte va se retrouver amoureuse de ce futur champion de ski et avec lui, elle va être extrêmement entreprenante. C’est une petite femme d’affaires, elle garde toujours le sourire et la tête haute. C’était une immense joie de retrouver Pierre-Yves Bon (dans le rôle de Boris Arnoux) des années plus tard. On était ensemble au Cours Florent. J’ai adoré jouer avec lui dans Piste Noire.
Ce n’est pas ta première rencontre avec la montagne puisque tu as tourné jusqu’à 3 000 mètres d’altitudes, près du Mont Blanc, dans Altitudes de Pierre-Antoine Hiroz…
Oui ! Je sens que je suis abonnée à la montagne, pourvu que ça dure ! (Rires) Piste Noire m’a aussi permis de faire la chouette rencontre du réalisateur Fred Grivois. Après une longue discussion en amont du tournage pour échanger ce que nous imaginions du personnage de Charlotte, il m'a ensuite laissé très libre dans le jeu sur le plateau, ce qui était très plaisant !
Les fans de séries télés ont pu te découvrir sur la même chaîne dans Les Invisibles...
Je me suis retrouvé prise dans ce rôle il y a deux ans et demi et le plus important pour moi, dans cette histoire, ce sont mes camarades de jeu. Lors de la première saison, en plein deuxième confinement, je me suis retrouvé propulsé en tournage à Lille avec trois autres acteurs que je ne connaissais pas, et au bout de trois soirées les restaurants ont fermé donc on s’est naturellement invité à dîner chez les uns et les autres. De là est née une immense aventure humaine. Je pense que notre quatuor a marqué le téléspectateur.
Tout comme ton rôle de « Duchesse »...
C’est une jeune recrue, elle vient de « la grande bourgeoisie de Lille » et rien ne l’amenait à devenir flic un jour. Mais elle a eu besoin de vivre de vraies choses, de rencontrer de vraies gens et de sortir de son monde que je qualifierais de faux et sournois, comme on peut le voir dans l’épisode cinq de la saison deux avec cette famille qui est essentiellement intéressé par leur nombril et l’argent. Duchesse est mon premier rôle de composition. Dans la vie, j’ai plutôt un caractère bien trempé et là, je devais énormément me contenir. Elle a aussi une vraie une évolution entre les saisons où elle va un peu se débrailler, sortir de son carcan.
Déborah, tu as pratiqué pendant de longues années le taekwondo puis l’escalade avec ton père, passionné par cette discipline. Comment l’envie de devenir actrice est arrivée ?
En effet, j’ai fait pas mal d’escalades toute ma jeunesse, j'allais très souvent grimper avec mon père pour le plaisir mais je n'ai jamais fait de compétitions, contrairement au taekwondo. Ado, j’ai compris, au vu de mon tempérament, qu’il me fallait une activité créative. Sinon, j’allais m’ennuyer et comme mon pire défaut c’est la peur de l’ennui… Je suis à moitié hyperactive. Je savais que je voulais faire quelque chose d'artistique, j'hésitais entre les Beaux-Arts et le théâtre, puis après un an de formation à la Compagnie Maritime à Montpellier, c'était devenu évident pour moi, je voulais être actrice ! Je suis ensuite partie à Paris pour faire le Cours Florent.
À l’âge de onze ans, tu étais déjà sur les planches de la MJC de Castelnau-le-Lez…
Oui. On avait fait une sensibilisation à la sécurité routière pour un atelier théâtre et j’avais dû jouer devant tout mon collège, j’étais alors en cinquième et dans notre petit groupe personne n’avait le tract, ils avaient pris ça un peu à la rigolade alors que moi, j’étais tétanisée. J’avais un rapport très important avec le plateau que je ne soupçonnais pas. Le soir, j’ai compris que ça avait de l’importance pour moi. C’est ensuite au Cours Florent que je me suis rendu compte que je ne voulais rien faire d’autre dans ma vie que ce métier. J’ai dû bosser six ans en restauration pour me payer les cours, avant de pouvoir vraiment gagner ma vie à l’âge de vingt-trois ans avec Le Squat, ma première tournée de théâtre dans des énormes salles, c’était la jouissance absolue !
Il y a aussi eu cette pièce de Laurence Jyl Les voisins du dessus avec 300 dates jouées en France, en Suisse et au Liban…
Au Liban, c’était pour une association pour les enfants malades. On leur a rendu visite dans un hôpital, la plupart avaient des cancers, c’était une journée poignante auprès d’eux. On a joué la pièce trois fois au Liban et ce qui était dingue, c’est qu’on avait aucun élément de notre décor parisien. Tout était fabriqué de bric et de broc sur place, nos repères étaient chamboulés mais c’était sublime.
Tu as co-réalisé avec Arnaud Sadowski le court-métrage Instrusion(s), en hommage à toutes les victimes des attentats…
Je jouais à la Comédie Bastille pendant les attentats du Bataclan et j’ai senti pendant la représentation - comme beaucoup d’artistes ce soir-là - que le comportement dans la salle était inhabituel, bizarre. De passage furtif dans la loge, Jean-Baptiste Martin a vu sur son portable l’info des premiers coups de feu et au moment de saluer le public, le régisseur général de la salle nous a prévenus de ce qu’il se passait à trois cents mètres de nous. Certains spectateurs ont pris la décision de s’en aller le plus vite possible, d’autres sont restés avec nous dans la salle jusqu’à deux heures du matin. C’était une soirée très chargée en émotions. Le film a été projeté dans quelques festivals et avec cet accès libre sur Youtube il permet de ne jamais oublier la mémoire des disparus.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur, il ne dépend que de nous. »
Comments