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Photo du rédacteurSamuel Massilia

JoZet : "On dit que l'amour fait écrire de belles chansons."

Son dernier titre, Canicule, est parti d'un rêve où l'on regardait tous vers le même soleil. JoZet offre une satire apocalyptique oscillant entre dérision et dénonciation. Artiste autodidacte, elle apprend le piano et compose ses premières chansons qu'elle ne tardera pas à partager sur les scènes ouvertes de la capitale. JoZet évolue dans un scénario antagonique, mêlant des récits poétiques souvent inspirés de son propre script, aux sonorités progressives de la pop-cinématique et trip-hop. Rencontre.


© Elisa Grosman

« JoZet, ton nouveau titre Canicule est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Quelle présentation en ferais-tu ?

Il y a des sonorités fortes, inspirées des années 90 comme Massive Attack et ce côté un peu drama. Dans le propos, Canicule parle du réchauffement climatique de façon métaphorique. Ce n’est pas une chanson engagée, il y a un second degré et une satire de toute la déchéance de la société. Je voulais aussi faire un parallèle avec une dimension sexuelle, de désir, sous-entendu que tout le monde se réchauffe. Il y a plusieurs interprétations de ce titre, je laisse s’approprier la chanson.


Pour toi, par quels actes du quotidien pourrait-on lutter contre ce réchauffement climatique ?

Je ne me sens pas experte sur le sujet, même s’il me touche. Je pense que c’est beaucoup plus profond que le tri de ses déchets ou de réduire sa consommation. Pour moi, on a oublié de s’aimer soi-même et ce pourquoi on vit, ainsi que la chance qu’on a d’être sur cette planète. Il faudrait beaucoup plus d’amour, d’empathie et ne pas oublier qu’il y a des millions d’autres espèces que nous. J’ai ma théorie sur le sujet, mais je crois que l’être humain a une espèce de biais autodestructeur qui fait qu’on va droit au mur.



On a pu te découvrir avec tes deux précédents EP, Nova et Hors-champ. D’où te vient cette passion pour la musique ?

Je n’ai pas été élevée dans une famille de mélomanes. Vers cinq, six ans, la musique a été mon échappatoire, un canalisateur de plein d’émotions, avant de devenir une passion. À la maison, ça écoutait beaucoup de chansons françaises du côté de ma mère et des goûts plus éclectiques chez mon père, de pop-rock notamment. J’ai grandi avec une bibliothèque entière de CD, l’achat de cassettes était très ancré dans ma famille. J’ai eu très jeune un baladeur. La musique m’accompagnait partout, tout le temps. Ma mère, en m’entendant chanter, m’a inscrite à la chorale quand j’étais enfant. J’en ai des souvenirs sympas, mais je ne dirais pas que ça a été une révélation à ce moment-là.


À l’adolescence, tu fais une école de théâtre…

Ce n’était pas une vocation non plus. J’avais de gros soucis de timidité à l’école, je perdais mes moyens quand on nous interrogeait. Je faisais des crises d’angoisses (rires). Ça a bien changé depuis. Mes parents m’ont mis au théâtre en deux temps, d’abord quand j’étais chez ma mère, puis à Toulouse chez mon père. Le théâtre m’a aidé à lâcher prise, à prendre confiance en moi. L’acting est quelque chose que je redécouvre en tant que JoZet à travers mes clips.


Dans une vidéo Instagram, tu parles de la création comme du moment où se trouve le plus grand secret d’une chanson. Comment travailles-tu ?

C’est assez inopiné. Je suis souvent seule. Si j’ai des moments d’inspiration de textes ou de mélodies dans la journée, le dictaphone est mon meilleur ami (rires). Je suis d’abord guidée par les mots. Ensuite, je pose des sonorités sur le texte et généralement, ça se passe au piano pour moi.


© Elisa Grosman

D'où te vient cet amour pour les mots ?

Je me suis déjà posé cette question… Mes parents m’ont toujours mis un livre dans les mains. Ça a pu aider. Je suis assez fan de poésie. En quatrième, ma prof de français était incroyable. Elle nous poussait à écrire nos propres poèmes avec pour thématique l’amour. Ça a été une révélation pour moi. Je suis aussi fascinée par Nino Ferrer, Damien Saez, Jacques Brel. On a à apprendre de ses grands auteurs.


Cette poésie est parfaitement retranscrite dans Mirage

J’ai écrit le texte d’une traite, quand j’étais en pleine rupture amoureuse. J’ai eu un amour avec une personne déjà prise. C’est le truc à ne pas faire. On dit que l’amour fait écrire de belles chansons, encore plus quand on est triste, et dans mon cas, c’était vrai à 200% (rires). Ce titre parle donc d’un amour mirage, il est là sans vraiment l’être, il ne nous appartient pas et pourtant, on l’a vécu. J’ai été exposé à beaucoup de chagrin. Pour te dévoiler un petit secret, la personne à la composition du piano est le garçon en question. Un soir, je suis retombé sur ce qu’il m’avait envoyé. Il exposait ses sentiments avec des inspirations au piano et cela faisait penser à nous. J’ai posé le texte sur la mélodie de façon totalement instinctive, j’étais bluffé de voir que les deux allaient bien ensemble. Je lui ai envoyé à posteriori et je ne saurais pas te dire s’il a écouté ou s’il a été touché. Cette chanson, en tout cas, c’est un peu de lui, un peu de moi, et beaucoup de poésie.


Le clip a été tourné dans une station de métro, à Paris…

Oui, à Cité. Elle est assez imposante avec ses grands escaliers. Je cherchais un endroit sombre, étouffant, et le réalisateur m’a proposé ce lieu. Léa, la danseuse, a improvisé une chorégraphie, pieds nus, du bas des marches jusqu’à la remontée. Elle a été incroyable. On n’avait pas eu l’autorisation de tournage et pour échapper aux contrôles, on a fait ça à 5h30, à l’ouverture du métro, d’où les cernes que j’ai dedans (rires).



Quels sont tes prochains projets ?

J’ai récemment fait un petit showcase pour me remettre le pied à l’étrier avec mes nouvelles chansons et essayer de nouvelles compositions. Maintenant, je cherche à passer un petit cap, d’être programmée sur des scènes comme Les Trois Baudets, La Boule Noire, toute seule ou en plateau. Je croise fort les doigts pour avoir ces opportunités. Mon défi est d’avoir deux belles scènes avant la fin de l’année. Il y a aussi la sortie du clip de Canicule le 26 juillet prochain.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

« Tout ce qui ne tue pas te rend plus fort. » Elle est basique, mais elle est le reflet de ma vie, de mon parcours. Je suis téméraire, courageuse et je me le répète souvent parce que ce n’est pas facile d’être artiste. On reçoit finalement peu par rapport à ce qu’on donne. Ensuite, j’en ai une deuxième à te donner. Sur Instagram, j’ai une story à la Une qui s’appelle True Fact, j’y partage quelques idées, des phrases, des poèmes, dont cette citation : « Être artiste, c’est se perdre un peu, se trouver beaucoup, s’aimer souvent et y arriver parfois. »

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