top of page

Karine Barclais : "Mon but est de créer un vrai écosystème autour du cinéma."

Dernière mise à jour : 22 mai

Le Pavillon Afriques au festival de Cannes fête ces cinq ans ! Unique représentant du continent et de sa diaspora, l'initiative de sa fondatrice, Karine Barclais - entrepreneuse dans l'âme - propose un programme dense pour les professionnels du film et séduire celles et ceux qui sont curieux de découvrir les territoires et les nombreux talents de l'Afrique. Rencontre.



« Karine, vous êtes la fondatrice de Pavillon Afriques au Festival de Cannes. Vous avez ouvert cette cinquième édition par la célébration des 30 ans de liberté en Afrique du Sud…

Ça a été un moment très émouvant. Surtout quand nous avons tous chanté l'hymne national sud-africain, tous ensemble. Je parlerai de ce pays d’un point de vue personnel. C’est la lutte contre l’apartheid et pour la libération avec Nelson Mandela et son élection en avril 74. Ils ont réussi à réconcilier le pays, sans coup d'État ni meurtres, les bénéficiaires de l’apartheid et ceux qui l’ont subi. Je trouve ça extraordinaire.


Depuis votre volonté de structurer et de professionnaliser le secteur cinématographique dans différents pays d’Afrique, quelles avancées notez-vous ?

Il y en a, mais à mon avis, elles sont encore timides, tout simplement parce que les politiques ont toujours du mal à comprendre que c’est une vraie industrie. C’est le moment d’investir et ce ne sera peut-être plus le cas dans cinq ans.


En témoigne la demande des plateformes…

Oui. L’Afrique est un continent où les plateformes peuvent se développer. Elles ont déjà atteint leur maximum en Occident. Maintenant, ils considèrent l’Afrique comme un terrain de bataille où il faut aller. Mais récemment, on a vu Amazon Prime quitter l’Afrique. On espère que Netflix ne va pas suivre. Il reste encore des challenges en termes de connexion internet, même si ça se développe beaucoup. Quand les plateformes ont commencé à acheter des films produits par des pays africains, tout le monde pensait que c’était l’Eldorado.


Des films sont projetés chaque jour en présence des équipes. Comment sélectionnez-vous les longs-métrages ?

Une des membres de mon conseil consultatif, productrice exécutive à Los Angeles, regarde les films. On ne lance pas d’appels, sinon on en aurait trop. Cette prestation est payante. Nous faisons la promotion du film en l’incluant dans notre catalogue et en l’aidant à trouver une distribution.


Pour vous, en quoi l’Afrique est une très bonne destination de tournage, un bon terrain de jeu ?

Parce qu’il y a des endroits encore jamais filmés. Il y a des paysages magnifiques, diversifiés, chaque pays a sa particularité. L’autre point, c’est qu’il y a de plus en plus de professionnels formés chez eux, en Europe et aux États-Unis, ce qui leur permet de bien connaître les standards internationaux. Pour la partie négative, c’est le manque de soutien d’un point de vue institutionnel. En Afrique, il n’y a pas vraiment de one stop shop pour connaître, par exemple, les bénéfices du dégrèvement fiscal ou de connaître le matériel à avoir sur place, comment obtenir une autorisation pour les drones, etc.


Vous organisez également deux événements autour de l’intelligence artificielle dans l’industrie cinématographique...

Le producteur Alexander Amartei vient de lever 50 millions en blockchain pour un film qui va beaucoup utiliser l’intelligence artificielle. Il a fait une présentation de son business model qui est vraiment bluffant. Nous avons aussi une masterclass qui va permettre d'utiliser au mieux les outils de l'intelligence artificielle. C’est seulement en les utilisant avec notre intelligence qu’on pourra s’en servir, sinon on les subira.


Quelle vie a le Pavillon Afriques après le festival de Cannes ?

La première année, nous avons fait des webinaires, puis le covid est venu et les webinaires, je ne voulais plus en entendre parler (rires). On passait son temps devant un écran. Cette année, on va recommencer avec certaines actions ponctuelles, puis continuer nos recherches de financements et de distributions pour les films, ainsi que la mise en relation. Nous avons aussi une école de cinéma en ligne, Arts & Business Center, avec des cours en anglais. Mon but est de créer un vrai écosystème autour du cinéma, d’avoir les outils qu’il nous faut et de les activer au bon moment. »

Comments


bottom of page