Être à leur contact, c'est se sentir à l'aise et avoir envie d'allonger les heures pour parler de musique, mais pas seulement. Dans une salle du Kimpton St-Honoré ornée de guitares sur les murs, Martin Luther BB King et David Boring s'installent et invitent à entrer dans leur esprit à part. Rencontre.
« David, Martin, vous étiez sur la scène du Kimpton Festival jeudi dernier. Quelles images vous reviennent de vos premiers concerts ?
Martin : J’en ai une très forte où l’on disait que nos tenues, nous les avions piquées dans l’armoire de la maman d’Esteban. Comme on a toujours été amoureux du spectacle, on avait rajouté de la pyrotechnie.
David : Des cierges magiques.
M : Qu’on se scotchait sur les épaules. On a failli foutre le feu à des rideaux, à nos cheveux. Des gens nous ont interdit de le faire, notamment au Québec.
D : Je me souviens aussi d’une salle assez chelou qu’on a faite le lendemain d’un Taratata. L’organisation était assez bancale. J’avais fabriqué un petit panneau avec des loupiotes, comme ceux d’aujourd’hui où il y a écrit kebab, sauf qu’à l’époque c’était hyper novateur !
M : Il était fait main !
D : À chaque fois que je l’allumais et l’éteignais, je me prenais des châtaignes. J’en ai pris trois énormes. Tu sens le courant traverser tout ton corps. J'ai une petite nostalgie.
Votre nouvel album FVTVRVM (se lit Futurum) sera dans les bacs et sur toutes les plateformes de streaming le 7 juin prochain. Comment le présenteriez-vous ?
M : Je trouve que la couverture en dit déjà beaucoup sur le contenu. On nous voit en statue romaine, mais avec des styles vestimentaires plutôt venus de l’espace. Ça me fait penser au film de David Bowie dans lequel il se trouve dans un appartement à Berlin. Notre album, c’est un mélange de plusieurs temporalités avec le passé, le côté antique et même les fondations de la civilisation. Bon, ce sont des grands mots tout ça (rires).
D : Je dirais que c’est une épopée spatio-temporelle, un péplum moderne, musical, avec des émotions dansantes.
M : C’est une confrontation de plusieurs identités. On a un côté classique, posé, figé avec la pierre et de l’autre, on a des vêtements colorés, funky qui viennent twister le truc.
Quelles étaient vos intentions artistiques sur votre dernier clip Ye Kou Sui Ko ?
D : On a travaillé avec Lola Lefèvre, une jeune animatrice. L’idée était d’entrer dans un monde animé, cartoonesque pour refléter l’état d’esprit de la pochette et de l’univers de FVTVRVM.
D'où vient votre fantaisie ?
M : Bonne question.
D : On aime faire de la musique dans un cadre fun. Au début, on s’était dit qu’il fallait faire des trucs originaux. Donc pour moi, l’originalité c’est une forme de fun.
M : Le dernier morceau de l’album, Started is a Joke revient à la genèse du groupe. On était là pour ne pas trop se prendre la tête. Le but du jeu n’est pas de se dire qu’on va conquérir le monde de la musique…
Vous serez à l’Olympia le 26 novembre. Vous y pensez ou c’est encore loin ?
D : Dans ma tête, oui. Je me demande ce qu’on peut faire de spécial. L’objectif est déjà de le remplir et ensuite de ne pas foirer tous les morceaux quand on y sera.
M : C’est la première fois qu’on ne commence pas une tournée avec une date parisienne. Une fois que tu sors de résidence, que les morceaux sont tous frais, il ne faut pas directement se lancer dans une pression.
Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?
D : J’en ai inventé une dont je suis hyper fier : « Il faut transformer son talon d’Achille en talent caché. » Il y a un petit play on words.
M : Ça ne m’étonne pas de toi.
D : Ta faiblesse, tu en fais ta force. Pas mal, hein ? Ça m’en a presque donné la chair de poule.
M : J’ai un proverbe dont je ne comprends toujours pas le sens : « pierre qui roule n’amasse pas mousse. » Je n’ai toujours pas compris si c’était positif ou négatif.
D : Je préfère la mienne. J’en ai d’autres aussi : « Le risque est la condition de tout succès » du physicien Louis de Broglie. Et celle de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront. » Ma mère m’écrivait des citations au-dessus de mon bureau. »
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