Il prépare actuellement son premier spectacle et se donne « l’objectif de deux ans pour l’écrire. » En attendant, on peut découvrir l'humour de ce passionné de stand-up deux jeudis par mois avec son Aix Comedy Night, un plateau réunissant les humoristes de demain dans une ambiance chaleureuse, festive et à l'américaine. Avec le dicton signé de son créateur : « Une blague n’est validée uniquement quand elle est jouée sur scène. » Rencontre.
« Stéphane, tu es le créateur du Aix Comedy Night. Comment est venue cette idée ?
Il y a un peu plus de deux ans, on m’a donné l’opportunité de venir travailler dans le sud. Et je me suis vite aperçu qu’il n’y avait pas vraiment de café-théâtre à Aix-en-Provence, mis à part la Comédie d’Aix et La Fontaine d’Argent, pour voir gratuitement des humoristes. J’avais arrêté pendant neuf ans le stand-up et je suis de retour, à 30 ans, avec des choses à raconter. Ensuite, il a fallu trouver un lieu chaleureux pour que le public s’y sente bien. Alors que je devais faire la communication Instagram de son restaurant Big Bro, Thomas Sauret a accepté que j’installe le comedy club dans son établissement.
Pendant une heure, six humoristes viennent jouer sur scène…
Voire plus s'ils se sentent bien. Cette forme de rodage leur permet de tester leur matériel sans pression. C'est très important pour un humoriste. Maintenant, on propose aussi des spectacles avec des humoristes parisiens comme Fodjé Sissoko, connu sur les réseaux sociaux. Il a joué dans le film Les Misérables de Ladj Ly et a proposé son premier spectacle au Aix Comedy Night. Dès qu’une nouvelle scène ouvre, tout le monde veut y jouer.
Peux-tu présenter le line-up de mercredi prochain ?
On le fait exceptionnellement ce mercredi en partenariat avec Begin, une agence de rencontres aixoise. Pour cette soirée spéciale, je suis très content de recevoir Malik Fares, assez suivi sur les réseaux sociaux et présent sur scène à Paris, Karine Velasco (Karou) qui a un plateau d’humour à la Fontaine d’Argent, puis Pablo Caillault qui a fait les premières parties de Gad Elmaleh à Nice.
Quel est ton rapport avec le stand-up ?
Ça a toujours fait partie de ma vie. J’ai commencé à m’intéresser à l’humour quand j’avais treize, quatorze ans. À la sortie de mes deux années à Florent, je ne me reconnaissais pas dans ces cours-là. La première saison du Jamel Comedy Club est arrivée à point nommé. Un nouveau monde s’ouvrait. J’ai ensuite fait des recherches sur les humoristes américains. Woody Allen, Eddie Murphy, Ricky Gervais, étaient des humoristes de stand-up avant d’être des acteurs connus. Dave Chappelle était l’un de mes premiers modèles. Les voir à l’écran me procurait le sentiment qu’on était libre de dire ce qu’on voulait sur scène, de parler de nos problèmes, notre famille ou autres. J’avais envie d’être comme eux.
Jusqu'à tes premiers pas sur scène aux Etats-Unis...
J’ai fait un test à New-York quand j’avais dix-sept ans. Et ça s’est bien passé. Puis j’en ai fait une deuxième. A l’époque, j’étais sur MySpace et je me souviens d'avoir envoyé un message au Comic Strip, un comedy club à NY. Gladys, la gérante, m’a répondu « viens, et on voit. » J’étais dans le 11ème à Paris, en plein cours… Le mois d’après, j’y étais. Au début, elle me refuse. Je force un peu, elle voit que je viens de Paris et finit par me faire jouer. Cette première expérience a été incroyable, j’ai eu des étoiles dans les yeux !
Quelle atmosphère as-tu ressentie autour du stand-up aux Etats-Unis ?
C’est ancré dans la culture. A New-York, tu vas retrouver des comédies clubs en place depuis vingt, trente ans. Le public a un rapport très humain à la scène, ils respectent et écoutent l’artiste. Les Américains ont les codes.
Quelle place occupait l’humour à la maison ?
Mes parents n’ont jamais eu énormément d’humour. C’est plutôt moi qui les faisais rire. Ils ont été mon premier public, le dimanche avec mamie dans le salon et le poulet rôti sur la table (rire). J’étais aussi intéressé par le théâtre et le métier de comédien. L’humour, le stand-up, c’est une continuité naturelle pour moi.
Quels souvenirs gardes-tu de tes premières scènes en France ?
Ma première, c’était au Comedy School de l’humoriste Seb Mellia. Des potes de ma classe en Seconde étaient venus, ça a bien marché. C’est rare pour une première parce que souvent on bide. Ce soir-là, j’ai eu des rires assez francs, c’était rassurant. J’ai senti que j’étais ma place sur scène. A l’époque, il n’y avait pas de cours de stand-up comme aujourd’hui à Paris ou à Marseille. Je faisais pas mal de blagues communautaires sur mes origines asiatiques, cela m’a permis de tester ses premières impressions. Au départ, c’est du feeling, il faut ressentir la scène, savoir ce qu’est une bonne blague, avant de connaître les sujets qu’on veut raconter. Et surtout, savoir quel est notre clown. Ce sont les étapes du stand-up.
Le mois dernier, tu as présenté la Masterclass du comédien Youssef Hajdi avec la Mission Locale d’Aix au cinéma Le Cézanne. Ça a été quel exercice pour toi ?
J’avais l’impression d’être le Thierry Ardisson de la scène (rire). J’étais complètement stressé, mais j’ai adoré le faire. C’est un exercice différent. Mon objectif était de présenter Youssef, de partager son parcours et de parler cinéma avec les jeunes.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
« Quelqu’un de productif n’est pas forcément épanoui, mais quelqu’un d’épanoui est forcément productif. »
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