Qui n'a jamais fredonné le refrain « elle est dans ma tête, elle ne m'abandonne jamais » de Lady Melody ? Tom Frager célèbre le quinzième anniversaire de ce titre pop et moderne, et par la même occasion, c'est le moyen de revenir sur ce temps parcouru qui aura vu la sortie de quatre albums (Bloom Inside, Better Days, Carnet de route et le plus récent Au large des villes) accompagnés d'une tournée dans les quatre coins du monde. Une vie de voyages que Tom connaît depuis toujours. Rencontre.
« Tom, pour célébrer les quinze ans de ton titre Lady Melody tu en as récemment proposé une revisite, en duo avec Philippine Lavrey. Quelles nouveautés as-tu apportées ?
La réalisation est plus moderne. La version originale de Lady Melody est assez organique, elle tire vers le reggae. Cette nouvelle version est plus pop et actuelle dans le son utilisé. Elle n’enlève rien à l’original, tout en proposant un nouveau regard sur la chanson. J’aime beaucoup Philippine, c’est une très bonne chanteuse qui a une personnalité. Je voulais partager ce titre avec une personne qui m’inspire.
Tu es retourné sur les lieux de tournage ?
On a tourné pas très loin pour préserver l’âme de la chanson. Nous étions dans les Landes, à Seignosse, situé à cinq minutes de Capbreton où je vis.
Il y a quinze ans, quelle avait été l'étincelle de départ de ce titre ?
Un jour, j’ai dit à un copain de mon groupe que j’aimais particulièrement le morceau d’un groupe de reggae anglais, au point de vouloir écrire une chanson pour dire que je l’aime ! Mon pote m’a dit de le faire et de là m’est venue l’idée de personnifier la musique. Pour l’anecdote, ça fait quinze ans qu’on m’écrit sur les réseaux pour me demander qui est Lady Melody. Ma copine ? Ma guitare ? Ma planche de surf ? C’est de la musique au sens large dont je parle.
Qu’est-ce que Lady Melody a changé à ta vie artistique ? As-tu le souvenir d’un moment marquant en particulier ?
Il faut savoir qu’avant sa sortie, ça faisait déjà presque sept ans que je tournais avec mon groupe. J’ai sorti un album assez alternatif, beaucoup plus rock et reggae, une fusion de musique surf et californienne. Lady Melody, j’ai failli ne pas la mettre sur mon deuxième album. Je la trouvais super, mais un peu trop sage par rapport à ce que j’avais l’habitude de faire. Un pote m’a poussé à l’ajouter et on connaît la suite. Cette chanson a été un déclencheur, bien sûr, pour me faire connaître du grand public. On m’avait envoyé faire un gros plateau radio dans le sud-est. Je suis monté sur scène et quand j’ai vu l’hippodrome chanter mot à mot ma chanson entrée en radio depuis un ou deux mois, j’ai pris conscience de la puissance des médias.
En quinze ans, tu as publié quatre albums et fait des tournées dans le monde entier. Comment ta musique se nourrit des pays que tu visites ?
C’est une bonne question. J’adore le mélange culturel. Je suis né en Afrique, j’y ai grandi pendant huit ans, du Sénégal au Mali, avant de partir vivre en Guadeloupe jusqu’à l’âge de 23 ans, là où je me suis mis à beaucoup surfer. Je me suis aussi nourri de cette musique rock entendue dans les vidéos diffusées durant les compétitions de surf. J’ai eu envie de fusionner ça pour nourrir ma créativité.
Quelle place occupait la musique à la maison ?
Très importante. Mes parents en écoutaient beaucoup, notamment du blues et de la soul pour mon père. Cette musique des années 70 m’a énormément bercé. J’ai eu un rapport à la musique très fort dès le plus jeune âge. J’ai eu besoin d’en écouter tout le temps, particulièrement pour me motiver avant une compétition et surfer sur de grosses vagues, pour récupérer et me reposer, aussi. Il y a également beaucoup de musiciens dans ma famille. À sept ans, on commençait à me montrer quelques accords à la guitare, à jouer de la batterie, du piano. Et puis, à l’adolescence, j’ai écrit mes premières chansons que je gardais dans des tiroirs. Seuls mon frère et mes potes étaient au courant. J’étais assez pudique par rapport à ça. Petit à petit, j’ai pris confiance et après avoir eu ma licence à la fac, je me suis inscrit dans une école de musique comme une parenthèse dans mes études. Depuis, je n’ai jamais quitté cette dynamique-là d’en faire mon métier, ma vie.
As-tu le souvenir de ton premier public ?
Oui. J’ai commencé à me faire connaître en diffusant mes chansons sur des vidéos de surf. Mon premier public, ça a été la grande famille du surf francophone. Les surfeurs, ce sont des nomades, ils voyagent beaucoup pour aller chercher des vagues. Rapidement, on m’écoutait dans les Dom-Tom, à Tahiti, à La Réunion, à l’île Maurice, en Guadeloupe et à Nouméa. Ils m’ont porté jusqu’à ce que débarque Lady Melody en télé et à la radio, ce qui est un accident heureux, mais un accident de parcours qui m’est tombé dessus.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai envie de parler de deux projets qui se rejoignent. Premièrement, mon implication depuis mon premier album en 2005 sur le thème de l’écologie. Je défends des associations comme Surfrider Foundation, Cœur de forêt et Cetasea qui s’occupe des mammifères marins. Pour aller un peu plus loin dans ma démarche, j’ai lancé mon premier mouvement associatif. Mes projets artistiques à venir vont nourrir ce mouvement-là. L’été, j’organise un éco festival Music for Oceans dont tous les bénéfices sont reversés à l’association pour pouvoir faire de la sensibilisation et de la protection du littoral. Mon prochain album, dédié à l’océan, sera composé uniquement de duo. Je ne peux pas encore les dévoiler, mais il s’agira d’artistes de la scène française et d’outre-mer.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Carpe Diem. »
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