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Sabry Jarod : "Le plus important, c'est ce qu'on a à l'intérieur de nous."

Un film lumineux dans un environnement sombre. Le premier long-métrage du comédien et réalisateur Sabry Jarod a relevé tous les défis : mise en scène, acting, émotion, et tout ce qui rend passionnant et intriguant une histoire inspirée du syndrome de Stockholm. Porté à l'écran par le duo qu'il forme avec Jessica Errero - qui dévoile une nouvelle facette de son talent - Sabry Jarod s'est transformé pour donner vie à son personnage et aux tourments qu'il traverse. Le public des Rencontres CinéSalon l'a applaudi dans une salle remplie et saisie par la force des images, des mots, de la musique et des silences aussi. La dernière danse où les premiers pas d'un jeune artiste capable d'endosser tous les costumes, méritent sa place dans les salles obscures de France et de Navarre.



« Sabry, quelle a été l'étincelle de départ de ton premier film La Dernière Danse ?

Un soir dans ma voiture, en rentrant chez moi, j’ai eu l’idée d’un film sur le syndrome de Stockholm. C’est arrivé comme une évidence pour comprendre ce phénomène et en faire un long-métrage avec de la musique, de la poésie et un personnage à l’opposé de moi.


Quel a été ton travail de documentation sur le syndrome de Stockholm ?

J’ai pris des rendez-vous avec des psychologues et des psychiatres, et je leur ai posé cette question : « Comment peut-on rester dans le même environnement que son bourreau, tomber amoureux de lui et ne plus avoir envie de partir ? » On m’a répondu que la relation de la victime avec son bourreau est tellement forte qu’elle ne se voit plus comme une victime. J’ai aussi vu beaucoup de reportages et de documentaires pour nourrir le scénario.



Quelle présentation ferais-tu de ton personnage Robin ?

Il a le poids du monde sur ses épaules. Robin a eu une enfance très difficile. Son père a écrit plusieurs pièces de théâtre et de ballet, mais il n’a jamais réussi à les faire vivre. Il n’a pas supporté cet échec et s’en est pris à sa famille et son fils Robin, jusqu’au point de mettre fin à ses jours. Mon personnage est donc traumatisé par ça, en plus de l’abandon de sa mère. Pour faire le deuil, il décide de prendre une des pièces écrites (sa préférée) et de la faire vivre à son tour, sauf que lui aussi n’y arrivera pas. Et pour éviter de sombrer dans la folie, il se dit : « Si personne ne veut de ma pièce, je vais forcer une actrice à la jouer. »


Et cette actrice, c’est Elise, incarnée par Jessica Errero…

Elle a aussi un passé très douloureux, rien ne marche dans sa vie. Son monde, avant de se faire kidnapper, était chaotique. L’artistique est sa seule manière de ressortir grandie de cette maison pour espérer, peut-être, un meilleur avenir. Robin, lui, c’est totalement différent. Il a dès le départ une démarche égoïste : réaliser son ballet et le voir, que ce soit dans une salle remplie ou tout seul dans son garage.


Jessica Errero et Sabry Jarod dans le film "La dernière danse"

Comment as-tu réussi à entrer dans la peau et la tête de ce personnage ?

À côté du métier d’acteur, je suis pompier volontaire et sur mes interventions, j’ai vu des personnes faire des tentatives de suicides ou proches du burn-out. Je me suis nourri de mon empathie pour les victimes et je l'ai transféré dans mon personnage.


Qu’a-t-il apporté à l’homme que tu es ?

En une phrase : ce qui est important, c’est ce qu’on a à l’intérieur de nous. J’ai eu du mal à trouver mon personnage au début, mais les vêtements, la coupe de cheveux et la grosse barbe m’ont bien aidé. Je suis sorti dans la rue en étant Robin et j’ai vu qu’on me regardait différemment, je me sentais jugé parce que je faisais peur. Je veux qu’on se pose plein de questions en le regardant.



Sur ce film, vous avez laissé le physique de côté…

Jessica m’a impressionnée. Une actrice est souvent jugée sur son physique, plus que les hommes, et elle n’a pas hésité à se mettre dans certains états pour ce film : pas de maquillage, de coiffure, des habits déchirés et du noir sur le visage. Elle a tout misé sur l’intériorité de son personnage. On a joué plusieurs fois ensemble donc on connaît la sensibilité de chacun, on avait juste à se regarder pour laisser la magie du cinéma opérer.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une anecdote à nous délivrer ?

Le premier jour de tournage, on tournait une scène d’action dans une cave où le personnage de Jessica n’arrêtait pas de crier. Une heure plus tard, la police débarquait dans la maison où nous tournions pour arrêter le tournage. Les voisins les avaient appelés parce qu’ils pensaient réellement qu’il y avait une séquestration à côté de chez eux. La chance que j’ai eu, c’est ce que ces policiers je les connais en tant que pompier donc ils ont été gentils et nous ont laissé faire notre film. Merci à eux ! (Rires) »

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