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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Noémie Kocher : "Le théâtre, c'est magique."

Comédienne toujours dans le désir d'être dans le travail, la recherche, la complicité et l'écoute, Noémie Kocher prête ses traits à une femme déterminée mais piégée par l'amour dans Morts au sommet, « j'ai aimé cet aspect sombre et puissant de la montagne. » Un décor connu pour cette conteuse d'histoires passionnée par les rencontres d'autres horizons.


© Charlotte Schousboe

« Noémie, on vous retrouve demain dans Morts au sommet à 21h10 sur France 2. Qu’est-ce qui vous avait séduit à la lecture du scénario de Philippe Bernard, David Neiss et Eric Valette ?

Quand je lis un scénario en tant qu’actrice, je me retire de mon regard de scénariste. La première lecture est très importante, il va se dégager une émotion, une atmosphère que je vais ensuite utiliser pour le jeu. J’ai lu ce scénario avec beaucoup de plaisir et d’avidité, je l’ai trouvé palpitant. J’aime beaucoup ce côté polar assez noir.


Quel terrain de jeu a été la Vallée de la Haute-Maurienne ?

J’ai grandi dans le Jura suisse et j’allais souvent faire du ski dans les Alpes, donc la montagne est un univers que je connais et que j’apprécie énormément. Et puis voir Laurent Gerra incarner un bon Suisse taiseux m’a plu. Si j’ai eu la chance de jouer en intérieur, c’était très agréable de tourner dans ces paysages-là. 


Vous êtes un visage familier de la fiction française. Comment est né votre désir de devenir comédienne ? 

Il faut remonter à l’adolescence. Je tournais autour de la danse, du piano, de l’écriture, et puis à quinze ans je suis montée sur scène et ça a été la révélation. C'était pour la pièce Notre petite ville de Thornton Wilder, ensuite il y a eu Six personnages en quête d’auteur de Pirandello. J’ai eu envie que ma vie devienne ça : jouer des personnages et raconter des histoires. Le théâtre, c'est vraiment magique. L'amour des textes m'a donné ce désir d'être comédienne. 


© Charlotte Schousboe

A l’âge de sept ans, vous voyez au cinéma le film Sissi l’impératrice avec Romy Schneider...

Je m’en souviens, c’était à Montréal, ma mère m’a emmenée pour la première fois au cinéma. C’était époustouflant ! Bien sûr, pour la petite fille que j’étais, il y avait la magie des costumes de princesse… Mais surtout, j’ai été emportée par l’énergie du personnage de Sissi et Romy m’a bouleversée, je voulais voir tous ses films. Dans La Banquière, je n'arrivais pas à comprendre que ce n’était pas Romy Schneider qui avait la jambe cassée, mais son personnage (rires). 


Et puis il y a eu Louise Brooks, la star du muet comme modèle d'œuvre et de vie…

A l’Université, j’ai écrit deux mémoires sur le texte Lulu du dramaturge allemand Frank Wedekind. Georg Wilhelm Pabst l’a adapté au cinéma avec Louise Brooks. La mode et le mythe de la coupe à la garçonne, c’est elle ! Je me suis penchée sur son personnage, sa carrière, Brooks est aussi devenue écrivaine et scénariste ! Son parcours de femme et d’artiste est fascinant, elle était libre et sans doute l’une des premières, avec Marilyn Monroe, à s’être battue pour la liberté et les droits des femmes dans le Hollywood de leur époque.


Après l’obtention de votre bac littéraire à 17 ans, vous intégrez la Classe Libre du Cours Florent et l’IET de la Sorbonne Nouvelle à Paris avec pour professeur Isabelle Nanty et Francis Huster. Qu’avez-vous appris ?

J’ai envie de dire tout. C’était très complémentaire de faire mes études de théâtre à l’université et de jouer en même temps sur scène. J’ai une soif de connaissances, le besoin de lire, de comprendre, c’est aussi pour ça que j’aime mon métier d’actrice et de scénariste, ça me permet de faire des recherches dans des domaines que je ne connais pas. A la Classe Libre, j’ai appris tout ce qui serait les bases de mon métier, y compris le relationnel et l’importance du réseau. Francis Huster et Isabelle Nanty ont été des professeurs et metteurs en scène généreux et ont eu l’intelligence de nous offrir, en quelque sorte, des défenses pour les difficultés qu’on rencontrerait. J’aimerais citer aussi mes professeurs Yves Lemoign et Jean-Pierre Garnier. Ensuite, il a fallu faire le grand saut dans le monde du travail.


Sur les planches, vous avez joué dans deux pièces de Patrice Leconte : Confidences trop intimes et Je l’aimais. Comment définiriez-vous le jeu sur les planches ? 

D’abord, la présence du public en direct n’a pas de prix, c’est un personnage à part entière, irremplaçable. Sur une scène, vous êtes dans la liberté de tout ce que vous avez créé avec le metteur en scène, personne ne vous arrête. Sur un plateau de tournage, la difficulté et l’enjeu est de jouer par morceau, et donc de conserver la fraîcheur et les émotions vivantes. Mais je travaille et prépare mes rôles pour l’écran ou la scène exactement de la même façon. 

© Ema Martins

Vous avez été professeur à l’EICAR pendant plusieurs années, et vous continuez dans d’autres écoles. Quel message passez-vous à vos élèves ? 

Je travaille à la fois avec des futurs acteurs et actrices et de futurs réalisateurs et réalisatrices, des deux côtés donc. Je leur montre un chemin, je leur offre des outils. Le seul message, s’il y en a un, serait cette phrase de Peter Brook : « Jouer est un jeu ».


En tant que comédienne, vous jouez les sentiments alors qu’en tant que scénariste, vous les imaginez… Quel exercice est pour vous l’écriture d’un scénario ? 



L'écriture est là depuis toujours. J’ai eu besoin de dire les textes des autres avant et besoin de temps pour réaliser que j’avais aussi des choses à dire et à écrire. Dans mon travail de scénariste, je fais beaucoup de recherches. Pour Le temps d’Anna, par exemple, je me suis renseignée sur le monde de l’horlogerie et j’ai eu besoin de comprendre ce qu’est la schizophrénie. J’aime me plonger dans la matière de l’univers du scénario. Pour les dialogues, je joue les scènes, intérieurement ou à voix haute comme si je les vivais. 


Depuis 2007, vous êtes ambassadrice de l’Organisation Mondiale contre la torture… 

Suite à ma participation au film Henry Dunant, du rouge sur la croix, retraçant le parcours de l’inventeur de la Croix-Rouge, j’ai été contactée pour le projet Défendre les défenseurs des droits humains en danger que l’OMCT et le Département Fédéral de Affaires Etrangères menaient ensemble. C’était une évidence pour moi d’accepter. J’ai fait deux missions avec l’OMCT, l’une chez les Indiens d’Amazonie du Brésil et l’autre au Mexique, pour soutenir les victimes d’un féminicide à Ciudad Juarez. J’ai continué ensuite à être ambassadrice d’une manière différente, plus médiatique, en essayant de faire des campagnes ou de récolter des fonds aux projections de mes films.


Quels sont vos prochains projets ? 

Je tourne actuellement dans un nouveau Camping Paradis réalisé par Grégory Écale. Ensuite, je vais faire un petit passage sur Winter Palace, une série d’époques Suisse produite par la RTS et coproduite par Netflix.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ? 

« Il est temps de vivre la vie que tu t’es imaginée » d'Henry James.

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