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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Simon Panay, un œil ouvert sur le monde !

« Grâce à l'école, tu auras un meilleur avenir. » Ces mots, le jeune Opio les entend assis dans le bureau du directeur, accompagné de son papa. La véracité de ses paroles vient s'éclater contre le mur de la réalité. Si tu es un homme est un film du réel fort et touchant, signé par Simon Panay qui nous emmène avec sa caméra au Burkina Faso et dans la vie quotidienne d'Opio, prêt à descendre dans les galeries souterraines pour atteindre un chemin plus rayonnant. Rencontre avec Simon Panay, un œil ouvert sur le monde !



« Simon, ton documentaire Si tu es un homme est actuellement en salles. Quelle a été l’étincelle de départ de ce film ?

Ça fait dix ans que je fais du documentaire en Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement au Burkina Faso. Je m’étais déjà intéressé au monde des mines d’or avec mon court-métrage Ici, personne ne meurt, tourné au nord du Bénin. Ce milieu me fascine, ses codes, ses lois, c’est plein de mythologies. J’ai eu envie de continuer sur ce sujet en me focalisant cette fois sur le travail des enfants.


On suit le quotidien d’Opio à la mine d’or de Perkoa. Comment s’est faite ta rencontre avec ce jeune garçon de treize ans à l’époque ?

Je travaillais sur une collection photo et ça m’a permis de visiter près d’une trentaine de mines au Burkina. La rencontre avec Opio a été déterminante, elle s’est faite au bout d’un mois et demi de voyage. Il travaillait avec un groupe d’orpailleurs, c’était le plus jeune et j’ai demandé au plus âgé si je pouvais les photographier. À mon étonnement, ils se sont retournés vers Opio pour lui demander son avis, il a pris la décision et à accepter pour l’ensemble du groupe. Tout de suite, j’ai vu que c’était un garçon doté d’un charisme naturel, il dégageait quelque chose de particulier.


D’un projet photo à un film documentaire de plus d’une heure sur sa vie et ses problématiques, quelle a été ton approche pour Si tu es un homme ?

Il fallait apprendre à se connaître, avant même de démarrer le tournage. Quand on commence une aventure documentaire, on ne sait jamais pour combien de temps on s’engage et ça, il fallait l’expliquer à Opio pour qu’il comprenne mon travail et qu’on risque de le suivre pendant longtemps, mais que si un jour il ressentait un inconfort par notre présence, on discuterait. Ça a été un dialogue permanent. Opio n’a rien changé à son quotidien.



Que raconte le titre sur la vie d’Opio ?

Si tu es un homme est aussi un documentaire sur l’adolescence. Chez nous, en Occident, c’est une période assez longue, on a le temps d’évoluer et de mûrir tranquillement. Dans le cas d’Opio, il n’y a pas de transition possible entre l’enfance et l’âge adulte. Elle est brutale, du jour au lendemain. Dès qu’il descend travailler dans les galeries souterraines, tout change. Celui qui descend devient un homme et doit se comporter différemment, il ne peut plus se permettre de faire des enfantillages.


Une cagnotte Leetchi est disponible pour aider Opio dans un projet professionnel de long terme...

Oui. Beaucoup de spectateurs viennent nous voir après le film et nous demandent comment l’aider. Sur le tournage, ma position de documentariste était compliquée. J’ai suivi Opio dans la difficulté, il travaille dur pour essayer de payer sa scolarité et quand on fait la conversion, on parle d’une somme peu élevée, autour de cinquante euros. C’était forcément dans un coin de notre tête de l’aider, ça aurait été plus simple, mais en tant que documentariste, j’ai une responsabilité vis-à-vis du réel. En faisant un film sur Opio, on fait un film sur l’ensemble des enfants dans le monde qui travaillent dans des conditions dangereuses. Une fois le documentaire terminé, on ouvre un nouveau chapitre.


Le film a été projeté au Burkina Faso ?

J’avais fait la promesse aux orpailleurs et à Opio qu’ils seraient les premiers à voir le film terminé et je ne suis pas peu fier d’avoir pu tenir cette promesse-là puisque dès qu’on a terminé le film, on est allé avec mon équipe le montrer sur la mine de Perkoa. On a fait un cinéma en plein air avec un projecteur portable, tout le monde était là, c’était un moment assez incroyable, magique. Je pense que c’est la première fois que j’ai vu Opio ému. Il a toujours gardé une certaine carapace pour se protéger émotionnellement de la vie.


Quels sont tes prochains projets ?

J’ai un projet de court-métrage avec France 2 qu’on va tourner cette année, puis deux longs-métrages dont un sera probablement tourné en Côte d’Ivoire.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

Les Burkinabés aiment beaucoup dire : "On est ensemble."

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