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Jérémy Charbonnel, continuer de rêver !

Il est le premier humoriste à être remonté sur scène après le confinement. Durant cette période de vide artistique, Jérémy Charbonnel a créé autrement, donnant du baume au coeur à tous ses followers avec des vidéos de plus en plus drôles chaque jour. Habitué de la scène, coutumier du petit écran, c'est Pôle Emploi qui lui offre son premier rôle au cinéma dans le biopic Cloclo. Jérémy a un rêve ultime : jouer son spectacle sur la scène dorée de l'Olympia. Un one-man-show à découvrir dès le mois d'octobre un peu partout dans l'hexagone. Rencontre avec Jérémy Charbonnel, continuer de rêver !


© Pascal Ito

« Il y a quelques jours, l'humoriste Jérémy Ferrari était l'invité de l'émission C à vous sur France 5 avec la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Quel regard portes-tu sur sa colère contre le gouvernement ?

Ça se débloque un peu en ce moment, mais pas exactement comme on le voudrait. Lever la distanciation sociale dans les salles de spectacle et au cinéma c’est une super idée ! Mais il faudrait que ce soit pareil, que l’on soit en zone verte ou en zone rouge ! On n’adapte pas la capacité d’accueil dans les trains que ce soit en zone verte ou en zone rouge, non ? La problématique de Jérémy Ferrari est qu'il joue souvent dans des salles pleines à craquer et si du jour au lendemain la ville où il doit jouer passe en zone rouge, il doit mettre en place la distanciation sociale et donc réduire sa jauge. Je peux comprendre que ce soit un cauchemar pour lui et la personne qui lui organise sa tournée. Je sais comme c’est dur en ce moment pour les directeurs de salle de s’en sortir. Je leur porte toute mon admiration et mon soutien !


Tu as été le premier humoriste à remonter sur scène après le confinement, quelle sensation as-tu ressentie avec le public ? Ça a été très spécial. Quand on voit une salle entièrement masquée, on peut se poser la question de savoir si ça allait altérer ou non leur envie de se marrer. J'étais très heureux que Loïc Bonnet, qui dirige le théâtre à l'Ouest de Rouen, m'appelle pour que je sois un des premiers à remonter sur scène dès son ouverture. J'ai vu que les gens qui s'étaient déplacés avaient combattu leur peur. Sur scène, j'entendais leurs rires et je ne pouvais qu'observer ce qu'il se passait dans leurs yeux. Le masque est devenu obligatoire de partout, on s'est habitué à vivre avec pendant un certain temps. 

Tu proposais ton one-man-show Spectacle sans gluten tous les soirs à 19h au Théâtre Le Point Virgule à Paris. Quel est l'univers de ce seul-en-scène ?

Je le déconseille pour les intolérants au second degré. C'est un spectacle très personnel, je raconte cette dichotomie de tête de gendre idéal que je peux avoir et le gros connard que je serais sur scène (rires). On va aborder tout ce que l'on a essayé de m'inculquer comme éducation, à savoir faire des études, passer le bac, avoir un salaire fixe. Et puis tous ceux qui m’arrivent aujourd'hui puisque je suis papa depuis dix mois.


Ce spectacle s'est créé quand j'étais au Point Virgule entre 2016 et 2018. Il est né à Avignon l'année dernière, on a fait une première tournée entre septembre et mars qui s'est arrêté à cause du covid. J'espère que l'on pourra repartir dès le mois d'octobre et venir enfin jouer à Marseille car je n'ai jamais joué chez vous. Ce sera en mars 2021 donc j'espère que d'ici-là la situation ce sera atténuée. 

Pendant cette longue période délicate pour nous tous, tu as entretenu la flamme avec ton public sur les réseaux sociaux… C'était ta façon à toi de te rendre utile en offrant des instants de bonheur tout en restant créatif ?

Complètement ! Ce que je raconte sur mes toutes premières vidéos pendant le confinement, c’est que j’ai mis quinze jours avant d'en faire une, comme je suis papa je me suis beaucoup occupé de mon fils. Durant cette période, il y a eu un retour sur soi, une introspection personnelle, ça nous a apporté un regain de créativité. Encore une fois, on s'est adapté. Nous n’avions pas la possibilité d’être sur scène donc on a créé autrement. 

C'est dans le quartier de la Croix Rousse, à l'Atelier Théâtre des Pentes sous la direction de Patricia Vella que tu foules pour la toute première fois les planches.  Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu es attiré par ça, c'est très inconscient. J'en garde des souvenirs de liberté, comme si je me sentais libre et à ma place de faire ça. 


© Pascal Ito

En 2012, c'est au cinéma que l'on te découvre dans la peau de Christian Morise, le secrétaire particulier de Claude François dans le biopic Cloclo. Comment on se retrouve au casting d'un film comme celui-là ?

Je dis souvent qu'il faut semer des petites graines, en j’en ai semé pas mal à mon arrivée sur Paris en 2007, notamment en m'inscrivant à Pôle Emploi Spectacle. Il y a un fichier pour les comédiens et un autre pour les figurants. La personne qui m'avait reçu à l'époque me dit que pour les comédiens il faut être intermittent du spectacle ou avoir fait une école référencée par l'Etat, ce qui n'était pas du tout mon cas. 

Il voit que j’ai fait le Studio Pygmalion, une très bonne formation à Paris, et il m’ouvre mon fichier de comédien. En 2010, trois ans après, le directeur de casting Olivier Carbone cherchait les nouvelles têtes de ce film et il a découvert mon profil, m'a appelé, on s'est rencontrés, j’ai passé le casting que j’ai décroché, tout c'est passé de manière complètement folle. Je peux dire que c'est grâce à Pôle Emploi que j’ai eu mon premier rôle au cinéma (rires).


Film qui a bien marché à l'époque, as-tu des flashs sur le plateau de tournage ?

Je n'en garde que des bons souvenirs. C'était un tournage très bienveillant. Florent Siri, le réalisateur, est un super directeur d'acteur. Il m'a vraiment mis à l'aise et il avait envie que les rôles secondaires aient une importance dans le film. Il y avait une sensation de petite famille. Le film est d'ailleurs disponible sur Netflix. 


Le cinéma c'est une autre manière de jouer. Il y a aussi une forme de liberté. Sur scène, tu as une communion directe avec le public. Au cinéma, tu as plus le temps de travailler ton personnage et de pouvoir refaire si ça ne fonctionne pas sur les différentes prises que tu as pu faire. Dans ton one-man-show, tu n'as pas douze prises, c'est immédiat et si tu te plantes il faut jouer avec. 


Tu ne te fermes donc pas la porte à continuer dans le cinéma ?

J'ai envie de pouvoir continuer à faire les deux. On me demande souvent ce que je préfère entre le métier d'humoriste et d'acteur, le choix est très difficile, c'est comme choisir entre ton père et ta mère. Il y a de plus en plus de passerelles avec des acteurs de ciné qui montent sur scène et des acteurs de théâtre qui font du cinéma. Les plus grands acteurs de cinéma en ce moment viennent de la Comédie Française, Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Benjamin Lavernhe viennent tous de là.  


© Loic Cousin

Tu as connu le grand écran mais aussi la petite lucarne en étant chroniqueur dans l'émission Comment ça va bien ! de Stéphane Bern et Les Enfants de la télé au côté de Laurent Ruquier. 

Je suis un enfant de la télé. J'ai grandi avec, comme la nouvelle génération d'aujourd'hui grandit avec Youtube. C'était hyper intéressant d'avoir cette expérience à la télévision. C'est un autre exercice, tu es confronté à d'autres problématiques sur les chroniques que tu écris. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est de voir l'envers du décor, la construction d’une émission. Quand je rentre sur le plateau, c'est comme si je montais sur scène, il faut répondre présent sur le moment et rebondir avec les invités. Quelque part, il y a une logique et un lien avec le métier que je fais aujourd’hui.


En juin 2018, tu réalises ton rêve de gosse : fouler la mythique scène de l'Olympia. Même si c'était à l'occasion d’un plateau d'humoristes et non pas de ton seul-en-scène, j'imagine que la joie était immense ? 

C'est indescriptible. J'ai fait une photo de la devanture de l'Olympia avec mon nom écrit dessus et celui de tous les autres artistes. Toute ma famille était là, mes potes aussi, j’ai pu voir l'envers du décor avec les loges. Etre sur cette scène, devant 2 000 personnes, c'est une expérience unique au monde. Je peux dire que j’ai joué à l’Olympia même si ce n'était que dix minutes (rires). Tout reste encore possible pour qu'un jour je puisse y retourner avec mon propre spectacle.


Aujourd'hui, avec la puissance des réseaux sociaux, le nombre d'humoristes est multiplié par dix. C'est un bien ou un mal ?

Il existe plein de médias de communication qu'il n'y avait pas avant. Maintenant tu as Instagram, Facebook, Tik Tok qui se développe vachement, je trouve ça super car ça offre de la place pour tout le monde. Chacun est libre de créer avec sa forme de folie d’exubérance. 


© Loic Cousin

Ça change la manière de concevoir ce métier. Le plus important est de pouvoir s'exprimer, que ce soit devant une caméra, sur les réseaux ou sur scène. L'objectif est de faire marrer les gens, c'est ce qui a été fait en donnant du baume au cœur à tous les médecins qui ont beaucoup travaillé pendant le confinement pour sauver des vies. 

Quels sont tes futurs projets ?

Il y a la tournée de mon spectacle à partir du mois d'octobre. Pendant le confinement, j’ai écrit une série avec deux potes qu'on essaie de vendre à la télévision. Je travaille aussi sur la production d'un court-métrage. 

Aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

J'en ai deux. « Keep dreaming » (Continuer de rêver) que je cite à la fin de mon spectacle. Et « Il faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas » que j’ai entendu quand j'étais en école de commerce (rires). On a la chance de faire un métier de rêve et de passion. Malgré les difficultés, il faut continuer à entretenir ce rêve. 

Que peut-on te souhaiter pour le futur ?

Une bonne santé pour tout le monde, que les gens se sentent bien et que l'on retrouve un certain équilibre pour pouvoir à nouveau jouer et travailler sereinement dans tous les secteurs d’activités. »

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