top of page

Alexandre Brasseur : "Je suis très sensible à la proximité du public."

Il apprend actuellement son texte « avec assiduité, de manière à pouvoir attaquer les répétitions au printemps sereinement. » Alexandre Brasseur, dont le retour sur les planches est programmé pour la fin d'année, a prêté ses traits à un père de famille confronté aux défis de l'éducation dans l'épisode final de la onzième saison de Léo Matteï. Imprégné de cinéma et de théâtre depuis toujours, Alexandre porte en lui un phrasé, une voix à écouter, un regard à suivre, une approche consciente et réfléchie pour chacun de ses rôles. Incarner. Voilà le mot qui définirait le comédien. Passionné pour qualifier l'homme. Rencontre.


© Jean-Philippe BALTEL / BIG BAND STORY / TF1

« Alexandre, on vous retrouve ce soir pour un épisode inédit de Léo Matteï sur TF1. Qu’est-ce qui vous a séduit à la lecture du scénario ?

J’ai trouvé intéressant qu’une chaîne grand public comme TF1, avec un acteur comme Jean-Luc Reichmann (un monsieur extrêmement populaire) ait le courage de porter une série sur l’enfance en difficulté. C’est bien quand le divertissement peut en même temps éduquer ou éclairer les gens. Léo Mattéï est dans cette veine-là. Ensuite, mon personnage (Thomas Rivier) m’a interpellé dans le sens où il est à la croisée des chemins. D’un côté, son fils Yannis est un enfant qui a des troubles autistiques et du mal à s’intégrer dans la société, de l’autre, son père, donc mon personnage, se retrouve face à des difficultés d’éducation en étant victime d’une maman manipulatrice (Marie-Christine Adam).


Quelles images vous reviennent du tournage ?

Beaucoup de bienveillance. J’étais particulièrement content de rencontrer Jean-Luc et son épouse Nathalie Lecoultre, à la réalisation des épisodes, et heureux de retrouver Marie-Christine Adam que j’ai connu il y a fort longtemps dans un univers plus théâtral, ainsi que Samira Lachhab avec laquelle j’avais eu le plaisir de démarrer Demain nous appartient. En ce qui concerne la région marseillaise, j’ai un bac de l’Académie Aix-Marseille, donc je la connais bien. Je rêve de m’y installer. On a beaucoup tourné vers Istres et on parle toujours de l’Étang de Berre comme un lieu désagréable, de part l’industrie pétrolifère qui y règne. Néanmoins, au nord de l'étang il y a des endroits absolument magiques. Les paysages et la lumière ont été mis en valeur par la réalisation de Nathalie.


© Jean-Philippe BALTEL / BIG BAND STORY / TF1

Prochainement, vous serez à l’affiche du téléfilm Le vent des sables sur France 3, réalisé par Stéphane Kappes, avec Tom Leeb et Marie-Josée Croze...

J’ai eu la chance de faire ce tournage dans la région des Sables d’Olonne en parallèle de Léo Mattéï et Demain nous appartient. Je joue un marin du Vendée Globe, une course mythique qui fait le tour de la planète à voile et en solitaire. J’ai hâte de vous le faire découvrir.


À quels souvenirs de spectateur vous ramènent le petit écran ?

Je regardais beaucoup de séries futuristes, comme les Star Trek, puis les prémices des mangas sur Récré A2 avec Dorothée. Au-delà de ça, j’ai été - comme tout un chacun - attiré par la petite lucarne, c’était un espace de détente. J’ai le souvenir de soirées chez des gens qui s’occupaient de moi à la campagne, on regardait les jeux de 20h à l’époque, le journal télévisé, les films du dimanche soir et La Dernière Séance d’Eddy Mitchell. Ces moments de télévision, rassurants, ont bercé mon enfance. Et aujourd’hui encore, d’une manière plus autonome, je regarde ma télé avec régularité, curieux de ce que font les autres. Dernièrement, j’ai trouvé remarquable la série De Grâce sur Arte, ainsi que d’Argent et de Sang sur Canal +. Actuellement, la télévision française produit de belles choses, ça fait plaisir.


Dès septembre prochain, vous serez au théâtre dans la pièce Un grand cri d’amour de Josiane Balasko, avec Catherine Marchal…

C’est une pièce culte de Josiane Balasko, montée à la fin des années 90 avec Richard Berry et elle-même. Nous faisons une reprise avec Catherine Marchal dans une mise en scène d’Eric Laugérias. C’est une comédie familiale sur une actrice et un acteur qui se détestent et s’adorent profondément en même temps. Ils vont décider, un peu par la force des choses, de retourner sur scène ensemble, ce qui va créer beaucoup de quiproquo et d’étincelles, le tout enrobé de beaucoup d’amour. Notre objectif n’est pas du tout de jouer à Paris, mais d’aller nous exposer en Province, de passer des moments chaleureux à la rencontre du public. On a environ 80 dates de tournées qui vont s’étaler entre septembre 2024 et juin 2025. Nous allons parcourir la France dans tous les axes, et également la Suisse, le Luxembourg et la Belgique.



Quel est votre rapport avec les planches ?

Je suis très sensible à la proximité du public. Le fait de travailler à la télévision avec des tournages où l’on est surprotégés, choyés, nous fait perdre toute autonomie. Le théâtre vient vous remettre les pendules à l’heure et pour moi, c’est absolument nécessaire de retourner aux fondamentaux et de pratiquer cet art le plus régulièrement possible. On a tous été secoués par ces années Covid, il y a eu des répercussions énormes dans le milieu théâtral, des spectacles ont été arrêtés, repoussés. Maintenant que ça rentre dans l’ordre, j’y replonge et cours à bras-le-corps. C’est important de ne pas oublier d’où l’on vient.


En octobre dernier, vous avez partagé sur votre compte Instagram un texte de Jean Jaurès dédié aux instituteurs et institutrices...

Ma scolarité m’a marquée. J’étais en pension à l’âge de dix ans, chez les oratoriens. Puis je suis allé à l’école communale, à la campagne, avec un professeur qui s’appelait M. Forget, en blouse bleue. Je trouve qu’on a tendance à manquer de respect au professeur. La démocratie, la liberté de pouvoir s’exprimer me semblent fondamentales et je ne voudrais pas qu’au détriment d’une forme de modernisme, on oublie tout cela. Liberté, Égalité, Fraternité, c’est écrit sur le fronton de nos institutions. Je ne souhaite pas l’obscurantisme pour mes enfants, bien au contraire, je souhaite la lumière, la joie, le bonheur. Ce n’est pas tolérable de tuer des professeurs, il est important qu’on puisse élever nos voix et montrer notre soutien de la même manière qu’on a soutenu nos soignants lors de ces périodes tumultueuses du covid.


Vous avez découvert la littérature en 1ʳᵉ. Que vous inspiraient les grands auteurs quand vous les lisiez ?

Beaucoup de rêves. Je pense à des lectures de Guy de Maupassant ou de John Fante qui vous bercent et permettent de pousser vos rêves, et parfois même de les réaliser. Je m’inspire aussi de la peinture, de la sculpture pour pousser mon imaginaire, prendre des points d’appui. J’ai deux enfants en bas âge et ma grande bataille, ce sont les écrans. Ça génère de l’individualisme, de l’égoïsme, de l’enfermement, de l’isolement. Il faut plutôt aller vers les autres, accepter les différences pour qu’on puisse mieux vivre tous ensemble. Sur certains téléphones, on peut voir le nombre d’heures passées sur les applications, c’est dramatique. Et souvent, on leur distille des informations plus ou moins erronées. Je ne sais pas si vous l’avez déjà remarqué, mais par exemple, au restaurant, vous pouvez voir trois gamins la tête sur les écrans à côté de leurs parents. Ça ne me plaît pas. Cette sortie doit être une fête, un moment de joie, de partage. J’essaie de lutter contre ça et si je vous en parle, c’est parce que je suis dans le combat permanent.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?

« À la croisée des chemins, je choisis celui des fleurs sauvages. »

bottom of page