Il est un jeune homme simple, plein de contradictions et le fruit d'une époque sombre, mais qui garde espoir en cherchant la lumière en chaque individu. Audran aurait voulu être archéologue, mais le chemin du théâtre s'est présenté à lui et depuis, il a trouvé sa voie. Sa voix également. Naviguant dans un univers rap pop, électronique et digital, Audran nous partage ses croyances avec l'EP Emoji +. Son emblème ? Un cercle jaune fluo, une sorte de soleil dans la nuit noire. Rencontre.
« Audran, ton EP Emoji + est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Quelle signification a ce titre pour toi ?
Cet EP est un court-métrage auditif. J’ai voulu raconter l’histoire d’un garçon de la classe moyenne qui se pose des questions sur la vie. Il commence par un rap très sombre dans le métro en allant à une soirée, jusqu’à s’apaiser avec de la pop solaire au petit matin. Ce titre est en rapport avec notre génération très digitale où l’on met des émotions à travers des écrans.
Ainsi soit-il conclut l’EP dont le clip est sur ta chaîne Youtube. Quelles étaient tes intentions artistiques ?
Je voulais partir de la terre et montrer les cieux. Cette société nous apprend que l’échec est quelque chose de mal, ce qui crée donc des névroses. Quand tu es au plus bas, tu es obligé de rebondir avec ton pied d’appui. Tout est un cycle. Le soleil vient après la nuit.
Dans le clip, on fait la rencontre d'ÔM et de Jacopo Leone…
C’est un morceau de voisin. Tom Carrey (ÔM) est multi-instrumentiste et musicien de talent. Une fois, je rappais dans ma chambre et nos murs étaient assez fins pour qu’il m’entende et vienne toquer à ma porte. Depuis, on est devenu amis. Jacopo était notre voisin du rez-de-chaussée, c’est un collectionneur fantaisiste qui a une boutique, une sorte de brocante, où il vend de magnifiques objets italiens. Il me sort souvent des punchlines et j’en ai sélectionné quelques-unes pour ce titre.
Emoji + est à écouter sans modération. Audran, tu es un artiste complet : musique et comédie. D’où vient cette fibre artistique ?
On fait un peu de musique du côté de ma mère, mais il n’y a pas beaucoup d’artistes dans ma famille. J’ai découvert le théâtre à douze ans avec un prof de français et j’en ai fait jusqu’à mes dix-huit ans à Bordeaux. Sur scène, j’ai eu une sorte d’épiphanie. Je m’y sentais bien. J’adore transmettre des histoires, faire plaisir aux gens, les divertir mais aussi les questionner. J’ai l’impression d’avoir trouvé ma voie. La musique m’apporte de l’apaisement. Pour moi, tout est musique dans ce monde, même le silence. Tout est lié dans l’artistique et la métaphysique pour donner un sens, une couleur chaude à la vie.
Tu as suivi les cours de Jean-Laurent Cochet en alternance avec une Licence Théâtre à la Sorbonne Nouvelle, puis une formation au théâtre de Trévise avec Le Foyer. Qu’as-tu appris ?
A essayé de ne pas se regarder sur scène, à mettre l’égo de côté. Au début de cette vocation, il y a une part de narcissisme, une envie d’être aimé par beaucoup de gens. En école d’art dramatique, on nous a appris qu’il fallait servir une œuvre, être là pour le public plutôt qu’être là pour soi. Ensuite, on apprend bien sûr la diction, la respiration, que notre corps est un instrument. Et puis, on apprend aussi que le téléphone ne sonnera pas tout de suite, qu’il faut parfois des concours de circonstances, mais dans tous les cas, il faut garder son cap, son travail, et espérer que les cycles reviennent.
Si le grand public a pu te découvrir sous les traits de Thomas dans la série Les Bracelets Rouges sur TF1, tu es très présent sur scène. Quelle est ton approche du théâtre ?
J’ai passé l’année 2023 sur scène et j’en suis très content. Physiquement, c’est un peu comme un marathon, on répète pendant un mois et on peut jouer jusqu’à trois, quatre mois d'affilée. Il faut avoir de l’endurance chaque soir. Si au cinéma il y a quelque chose de plus instantané avec une préparation antérieure, au théâtre tu dois être dans une disponibilité maximale pendant une heure. Et comme je suis un peu dispersé, mon côté très sensible me pousse à rester concentré, ce qui peut être très épuisant, mais surtout très passionnant !
Quels sont tes prochains projets ?
Je suis actuellement au théâtre Lepic à Paris pour la pièce Le Testament Médicis, l’histoire d’un gardien de nuit au Musée du Louvre qui va partir à la retraite. Une nuit, il convoque son fils, un vendeur de solution bancaire par internet souvent en déplacement, pour renouer un lien avec lui. Et pour ça, il va l’enfermer dans ce musée pour lui raconter l’histoire de La Joconde et de Léonard de Vinci. J’interprète Vincenzo Perrugia, le voleur de La Joconde. C’est une balade dans tous les temps avec un rapport de filiation père et fils. On joue cette pièce tous les week-ends, le samedi à 19h et le dimanche à 15h, nous en sommes à la 90ème représentation et avons été prolongés jusqu’au 7 janvier. Ensuite, j’enchaîne à partir du 23 janvier jusqu'à début juin avec l’adaptation du Cercle des Poètes Disparus au théâtre Antoine où j’ai la chance de jouer Charlie Dalton. Enfin, en juin 2024 sortira le film Le Larbin dans lequel je tiens mon premier rôle principal au cinéma, une comédie avec Clovis Cornillac, Kad Merad, Isabelle Carré et Christian Hecq de la Comédie Française. J’ai dû refuser pas mal de rôles à la télévision pour m’orienter vers le cinéma, ce qui n’a pas été simple. Mais la roue a tourné !
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
« Nous avons pris la parole dans un désert, c’est un miracle absurde et nous l’avons accepté » de Dostoïevski.
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