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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Carole Della Valle : "Il ne faut pas regarder les jeunes de haut."

Premier festival français de séries adaptées d’œuvres littéraires, Marseille Series Stories s'est implanté du 21 au 24 novembre dernier au cinéma Pathé La Joliette, avec la même ambition de donner le goût du livre, tout en mettant en lumière les histoires, les auteurs et le travail d'adaptation. Rencontre avec Carole Della Valle, membre du jury.

© Jean-Philippe Home-Sanfaute

« Carole, tu étais membre du jury de cette nouvelle édition de Marseille Series Stories. Qu’est-ce qui vous a attirée vers ce festival ?

Pour avoir eu la chance de participer trois fois à ce festival, j’ai le plaisir de bien le connaître. J’y suis notamment venue pour parler de la série Germinal et faire une masterclass à son sujet. Ça reste un énorme souvenir pour moi d’avoir pu partager ce moment avec les élèves de la région. C’est un super festival et j’espère en faire d’autres !


D’où vient ta passion pour la fiction, les séries télé ?

Il faut remonter à très, très loin ! (Rires) Je viens d’un tout petit village où je n’avais pas grand-chose à faire, à part regarder la télé. En étant jeune, je demandais à ma mère ce qu’était le métier de producteur. Ma famille ne venant pas de ce milieu-là, elle ne savait pas, mais elle m’a tout de même répondu : « C'est quelqu’un qui s’occupe de la carrière des autres. » La vie m’a poussée à faire des études assez courtes, car je n’étais pas très bonne à l’école. Le hasard fera qu’un jour, je suis recrutée en tant qu’assistante chez M6 dans un département proposant de la fiction. J’étais limite un peu déçu sur le coup, car pour moi cette chaîne c’était Le Loft, les émissions… Finalement, je me suis vite passionnée pour la comédie et ce travail, jusqu’à devenir productrice.


Certaines adaptations littéraires bénéficient d’un capital de départ grâce à leur notoriété. Comment cela influence-t-il leur production ?

Il y a un facteur rassurant pour les producteurs et les diffuseurs. On est de plus en plus nombreux sur le marché, donc il y a beaucoup de demandes. Il faut réussir à se démarquer et arriver au bon moment, aussi. Le facteur chance, timing, est très important dans notre métier. Tu peux faire une super proposition, mais si elle arrive un tout petit peu avant ou après la demande, c’est fini.


Comment vois-tu l'évolution des séries françaises et leur exportation à l'international ?

Je pense qu’on a eu un regard très dur sur notre fiction française, en se disant qu’on fait moins bien que les Américains. Pendant longtemps, on voyait le haut du panier des séries US, ce qui nous donnait l’impression d’être moins exceptionnels qu’eux. Je pense aussi que les diffuseurs ont fait un effort en nous (auteurs et réalisateurs) laissant parfois plus libres sur la création. Il faut savoir s’adapter à un public plus demandeur et à la chaîne à laquelle tu t’adresses.


Pour toi, qu’est-ce qui fait qu’une série va se démarquer à tes yeux ?

C’est l’histoire avant tout. Je me laisse beaucoup porter par mes émotions. Je marche au coup de cœur, je suis une instinctive. Mais il faut aussi prendre en compte un côté plus stratégique, d’être à l’écoute de la demande. Parfois, il y a une opportunité, un sujet du moment. C’est à double tranchant.


Tu arrives à maîtriser ces deux aspects-là ?

Oui, j’essaie de le garder. Encore une fois, ma famille ne vient pas du tout de ce milieu-là et cela me permet de garder les pieds sur terre. J’ai deux enfants, dont un ado de seize ans qui aime bien la production aujourd’hui. Ça m’intéresse énormément de parler aux jeunes, ça m’est aussi venu de la série Skam. On a tellement à apprendre des jeunes ! Il ne faut pas les regarder de haut, ne pas être condescendant avec eux. Ce sont eux le futur. J’aime savoir ce qui les intéresse et voir la façon dont ils ont à parler d’un sujet, ça m’inspire énormément.


Quels sont tes prochains projets ?

J’ai l’adaptation d’un roman, Désenchantées de Marie Vareille, qu’on devrait tourner en début d’année prochaine pour France 2. En lisant son livre, j’ai été tellement emportée par mes émotions que j’ai pensé à David Hourrègue (Skam, Germinal) pour réaliser ce projet. J’ai eu le plaisir de travailler de nouveau avec la scénariste Solène Le Priol et deux autrices, Clair Camille et Chloé Glachant. »

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