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Charlie Faron : "Je trouvais beau tout ce qui était rattaché à l'art."

Son année 2024 va battre au rythme de la musique, encore plus que jamais. Charlie Faron nous donne rendez-vous chaque vendredi pour un nouveau son, dans un univers où se mélange tous les genres, en témoignent ses premiers titres comme le très entraînant Ça va et toi ? ou le plus poétique Métaphores. La suite ? De l'acoustique, de l'anglais, du piano-voix. Tout s'invite chez Charlie Faron, dont la créativité artistique dépasse les notes musicales, avec la marque Encré, née de sa passion pour les tatouages. Plutôt orienté du côté du design que de la signification, Charlie nous fait monter à bord de l'avion Farion pour un décollage vers une galaxie où les couleurs du monde sont en harmonie. Rencontre.



© Mitchell Sturm

« Charlie, tu t’es lancé le défi de sortir un titre par semaine pendant un an. Qu’est-ce qui t’a motivé à proposer l’équivalent de sept albums en douze mois ?

Ça fait maintenant quinze ans que je fais de la musique en indépendant, et je n'ai jamais signé dans un label. J’ai donc toujours eu cette frustration du processus de création qui prend au minimum un an. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de démos aux styles divers et variés, et j’ai cette idée qu’un morceau n’a pas forcément besoin de raconter une histoire pour exister. Je préfère, parfois, la mélodie au sens. Même si je fais tout pour que les deux soient présents. Cette idée d’un titre par semaine pendant un an, je l’ai eue après la sortie de mes deux EP. J’ai appelé mon manager et mon éditeur, des personnes dont je suis très proche, et ils ont décidé - par je ne sais quelle névrose - de me suivre.


Comment vas-tu fabriquer chaque titre au cours de cette année ?

Il y a d’abord eu une longue recherche. Ayant mon propre label, j’ai la liberté de pouvoir faire ce que je veux, quand je veux. C’est un peu mon leitmotiv. Par contre, je produis très mal ma musique depuis quinze ans (rires) donc la question de trouver des producteurs s’est posée. Ainsi que de savoir si les musiciens avec lesquels je me produis sur scène auront envie de travailler sur chaque morceau. On s’est vite rendu compte qu'ils n’auraient pas le temps, puisqu’ils sont souvent en tournée avec d’autres projets. J’ai alors lancé un appel à producteur en ligne, « envoyez-moi vos poubelles, tout ce qui est au fin fond de votre ordi, envoyez-le moi. » Ça m'a permis de découvrir des producteurs de ouf, que personne ne connaissait, dont Lucas Phélippeau, et d'autres dont j'avais déjà entendu parler, comme Dani Terreur ou Lionnel Buzac.


C’est une certaine façon de faire du bon recyclage…

C’est ça, je suis très écologique (rires).



Pour toi, quel pouvoir a la musique ?

Je dirais un pouvoir personnel avant d’être un pouvoir collectif. C’est sûrement pour ça que les chansons d’amour sont celles qui marchent le mieux, parce qu’on les comprend et on s’y attache. J’ai toujours dit qu’on ne fait pas de la musique pour soi-même, on fait de la musique pour être écouté. Il y a une dimension rassurante de « je veux qu’on m’écoute » et « je veux qu’on soit un peu d’accord avec moi ». Donc, on comble forcément un petit trou d’égo. Je trouve qu’il n’y a rien de plus gratifiant quand un morceau uni, que ce soit dans une manif, un stade, n’importe où.


En plus de la musique et de la création de ton propre label, tu as fondé la marque Encré en 2017. D’où te vient cette fibre artistique et entrepreneuriale ?

C’est une bien belle question… Mes parents sont très éclectiques, extrêmement différents. Mon père a une âme d’artiste, il écrit beaucoup et retape des maisons avec goût. Ma mère, elle, est plus scientifique. Cet opposé familial est intéressant. J’ai toujours été attiré par une sensibilité plus accrue et je trouvais beau tout ce qui était rattaché à l’art. J’ai donc voulu m’y mettre et je n'ai jamais su dessiner ou bien chanter jusqu’à ce que je m’entraîne beaucoup pour devenir un peu meilleur. Ensuite, mon âme d’entrepreneur, c’est par défaut aussi. Je ne voulais pas faire d’études, et en même temps, je ne voulais pas travailler pour les autres. J’ai monté ma propre marque quand j’avais dix-neuf ans, et s'en est ensuivi un énorme coup de chance. Encore une fois, c’est beaucoup de boulot, mais c’est ce qui me permet aujourd’hui d’avoir la vie que je souhaite.


© Mitchell Sturm

Quelles images te reviennent de ton enfance aux États-Unis ?

J’en ai beaucoup. Je suis très nostalgique de cette époque et presque redevable envers mes parents. Ils ont eu l’intelligence de pouvoir m’apporter une éducation plurielle. J’avais six mois quand je suis parti avec mon grand-frère et ma grande-sœur, seule ma mère parlait un petit peu anglais. On était les seuls Français au fin fond du New Jersey. J’ai appris l’anglais avant le français. Aux États-Unis, la mentalité est différente, on porte un enfant à la hauteur de ce qu’il peut porter. Tu peux déjeuner avec ta prof le midi, faire une sieste si t’es fatigué, il n’y a pas de pression scolaire outre-mesure à cet âge-là. C’était complètement différent de ce que j’ai vécu en rentrant à Paris centre où ça a été dur, avec une scolarité qui ne m’a pas du tout amusée.


Charlie, parmi tes projets il y a un concert annoncé le 11 avril à La Boule Noire, à Paris...

Le live est pour moi un gros axe du projet. Sur scène, je serai accompagné de mes musiciens avec lesquels j’ai fait quelques festivals l’été dernier. On jouera sans doute des exclus. Sinon, hors musique et mode, je vais bientôt sortir une appli avec un associé, c’est un gros projet sur lequel on bosse depuis deux ans. Et puis il me reste 49 morceaux à sortir (rires).


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

Ça va paraître très égocentrique, mais je ne connais pas les citations des autres. Je vais plutôt te partager une pensée : « du manque s’extrait l’envie, j’ai envie de te manquer. »

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