Son désir d'être comédienne est né entre les pupitres du lycée, « un petit cours de théâtre et un spectacle m'ont rendu plus heureuse que jamais. » Claudia Gusmano aime profondément son métier, « c'est pour moi une belle forme de communication. » Une définition de son art qui prend tout son sens avec le film Primadonna. L'histoire de Franca Viola est le témoignage d'un acte de courage fondateur. Claudia incarne avec brio et résilience l'une des pionnières des droits des femmes et son combat de vie. Celui d'une jeune fille de 17 ans, kidnappée et violée par son ex petit ami, dans une Sicile archaïque en plein cœur des années 60. Primadonna est un film bouleversant, que le public français ne doit pas manquer. Rencontre.
« Claudia, vous êtes à l’affiche du film Primadonna de Marta Savina, à découvrir dans les salles françaises dès mercredi. Que connaissiez-vous de l’histoire de Franca Viola, dont le film est inspiré ?
En me promenant dans les rues d'Alcamo, j'ai demandé à beaucoup de gens de me parler d'elle, j'ai observé ses yeux sur les photos pour comprendre ses pensées, ses fardeaux, sa légèreté. Franca Viola a été une pensée constante dans mon esprit pendant sept ans de ma vie, du court métrage Viola, Franca de Marta Savina au film Primadonna sorti en 2023. Cependant, le film nous a ouvert les yeux sur beaucoup plus de femmes qui ont lutté comme Franca et elles étaient toutes contenues dans le personnage de Lia.
À la lecture du scénario, quelle a été votre première impression ?
Qu'il était vivant, beau, plein d'images, mais surtout ouvert aux émotions des personnages. La beauté du travail réside toujours dans le fait de donner vie aux mots et de les déplacer dans le processus de création d'un être vivant et réel. Transformer le personnage en être humain est un travail entre le réalisateur, les acteurs, l'équipe... Un travail très difficile, mais magnifique.
Quelle réalisatrice est Marta Savina ?
Elle est à l'écoute, enthousiaste, croit aux comédiens et instaure avec eux une relation de confiance mutuelle. Marta vous permet de descendre dans vos profondeurs sans jugement.
Que disent les silences et les regards de Lia dans le film ?
Ils disent tout. Cela vous permet d’avoir le temps de vous écouter au milieu du monde et de reconnaître qui est prêt à vraiment vous écouter. Lia retrouve ainsi le regard de sa famille, d'Inès et de son avocat. Je l’ai imaginé comme un arbre dont les racines s’allongent et s’enfoncent chaque jour.
Son combat, elle va le mener avec le soutien de sa famille et de son avocat. La parole de Lia va se libérer lors de la dernière audience, quelle a été votre préparation pour jouer cette scène ?
Cette scène a été tournée en plan-séquence et cela m’a donné beaucoup de force. Il fallait mettre à la disposition de Lia toute mon expérience et ma vie d'adulte pour lui permettre de revenir en arrière et de raconter son histoire. Je crois que la générosité est la plus grande leçon que ce travail m'a laissée.
Le titre anglais du film est The girl of tomorrow. Pour vous, à quoi ressemblera la fille de demain ?
J'espère que la fille de demain se sentira libre d'être elle-même sans avoir l'impression de trahir un modèle stéréotypé de femme flattée par des personnes qui n'ont pas pu subvenir à leurs besoins.
Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?
« Montre à quel point tu aimes ce que tu fais... Ça suffira. »