Il a une gueule de cinéma et l’œil de photographe. Cyril Lecomte a la veine artistique depuis toujours et ses mots peuvent en témoigner. Cette voix Marseillaise qui donne de l’exotisme au cinéma Français est aussi un capteur des moments de la vie, dont la sienne qu’il consacre à sa passion avec sérieux et fantaisie.
« Cyril, on te retrouve demain soir pour le vernissage de ton exposition Tant d'arrêts à la Voûte Virgo, à Marseille...
On va créer cette exposition ici, à Marseille. C’est ma ville, j’y habite et il fallait que ça parte d’ici. La Voûte Virgo est un lieu que j’aime beaucoup. On est en face des bateaux qui partent pour l’horizon et c’est ce que j’aimerais faire avec les photos et ma collaboratrice Charlène Lennoz. On ira peut-être à Montpellier, Paris, Bruxelles et on a même un projet à Rio et Marrakech. À la Voûte Virgo, il y a des anomalies et je trouve ça beau. C’est différent d’une galerie assez froide où tout est carré avec la même lumière de partout.
La soirée sera originale et animée par le DJ Sylvain Armand...
Avec cette expo, je vais pouvoir montrer des images, des personnages, des formes abstraites et aussi des lieux. Demain, on va accueillir les gens dans une belle ambiance. Je ne veux pas faire un vernissage avec le gobelet à la main. On a choisi un mode de fonctionnement festif. On aura une deuxième partie de soirée plus club pour essayer de lever les bras jusqu’à une heure du matin. J’espère qu’il y aura du monde.
Pourquoi avoir choisi le titre de Tant d'arrêts pour ton exposition ?
Pour moi, la photographie c’est un arrêt dans le présent, comme le jeu d’acteur. C’est une question de présence et de correspondance entre un lieu ou un partenaire et un arrêt dans le temps et dans l’espace. Le « tant » est la multiplication de moments de ma vie avec des photographies datant d’il y a 35 ans, quand j’avais 16 ou 17 ans.
Le public te connaît en tant qu’acteur, alors que c’est dans la peau de photographe que tu as commencé…
Très jeune, je ne voulais pas faire d’études. Je fuyais cette histoire de bac et je savais que je n’irais pas jusque-là. Et j’ai trouvé une raison de ne pas y aller. Ça a été une bataille contre moi-même pour trouver ce qui allait m’intéresser à cet âge-là, où on végète un peu. À Marseille, c’était l’époque punk (rires). J’ai acheté un appareil et j’ai commencé à prendre des photos. Ensuite, je suis allé au théâtre et j’ai photographié des spectacles à La Criée. En photographiant le théâtre et en regardant mes photos, j’ai eu envie d’être de l’autre côté, sur la scène. J’ai pris des cours de théâtre et j’ai réussi le concours de la Criée. J’ai arrêté l’école et je suis devenu un jeune acteur.
Tu ne t’es jamais arrêté de faire de la photo…
Je me suis enfermé des heures et des heures dans mon labo. J’avais mon classeur de deux mille négatifs et je l’ai perdu. Je pense qu’on me l'a volé et ça a été très violent pour moi. J’ai retrouvé le mec trente ans plus tard et il m’a dit qu’il était devenu photographe. Pendant dix ou quinze ans, je me suis arrêté et petit à petit, je suis revenu.
Qu’est-ce qui a ravivé la flamme ?
J’ai repris dans les années 2000, en faisant des photos avec mon téléphone, que je publiais sur Facebook, mais je ne mettais pas mon nom. Je m’y suis remis de manière assidue. À l’expo, vous pourrez voir dix photos, les seuls tirages que j’ai de ces négatifs perdus. Ce sont des originaux avec du papier d’époque, argentique et un peu jaunie par le temps. Mes bébés de l’époque, les photos de ma jeunesse.
Comment définirais-tu ton style ?
Je ne fais pas de séries, je ne fais que des accidents. J’ai une facilité à faire de l’image, de la photographie. C’est un équilibre entre ce que te donne le sujet et le moment où tu le captes. Quand je joue, je travaille beaucoup pour qu’un accident se produise. J’ai beaucoup plus raté de photos que réussis. Je ne suis pas un technicien de la photo, je ne les retouche pas. Être photographe, c’est transmettre une émotion.
Photographie en grec veut dire écrire avec la lumière. Le mot parfait pour résumer deux de tes passions !
C’est une belle définition ! C’est donner la possibilité à la lumière de s’imprimer sur un support en verre ou de papier. L’écriture de la lumière, ça me plaît, c’est littéral. »
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