top of page

Daniel Njo Lobé, un acteur tout-terrain !

Parfois les questions sont plus importantes que les réponses, celles de Daniel Njo Lobé sont précises, trempées dans la sincérité et la passion, avec l'œil expérimenté d'un homme qui a pris un ticket pour tous les manèges artistiques et où il est le grand artisan d'une carrière dirigée d'une main de maître. Brillant dans la peau d'un avocat dans Le Code, entouré de comédiens épatants, Daniel Njo Lobé n'a pas laissé passer sa seconde chance... pour notre plus grand bonheur. Rencontre avec Daniel Njo Lobé, un acteur tout-terrain !


© Maureen Diot

« On vous retrouve le 1er décembre dans Le Code, la nouvelle série judiciaire de France 2. Vous incarnez Idriss Toma, un avocat malin qui brille par son audace et son sens de la stratégie. Daniel, qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?

Le scénario, il y a vraiment une belle écriture avec l’histoire de ce monsieur qui passe de sa vie d’avant à sa vie d’après. Depuis longtemps, je voulais jouer un avocat.


Idriss doit vivre avec une réussite professionnelle marquée par un drame et un échec sur le plan personnel avec l’abandon de sa femme et de sa fille Chloé. Vous avez vite connecté avec le personnage ?

La connexion se fait quand vous recevez le texte, à la découverte du rôle. Je n’ai pas eu de distance avec lui, je ne me suis pas demandé comment j’allais le jouer. Ne rien décider pour se laisser porter par ce qu’il va se passer, c’est comme ça que je l’ai vécu, même si j’ai bien sûr beaucoup travaillé. Il y a des questions qu’on se pose quand on travaille ce genre de rôle. Je ne pouvais pas aborder Idriss sans aborder ce qu’il était avant.


Dans un premier temps, j’ai beaucoup travaillé sur ce type qui aime probablement l’argent, les relations de pouvoirs, le prestige, les défis, ce qui est plutôt éloigné de moi. Il faut trouver cette part en nous proche du personnage. Vous parlez de l’abandon de sa fille. Moi, en toute prétention, je suis un père très présent et fusionnel avec mon fils. On a fait du doublage ensemble et aussi tourné dans un film en Angleterre. Dans mon travail, il a aussi fallu lutter pour ne pas avoir mes réflexes de papa dans la vie.


Idriss est un avocat avec une morale, mais fait-il son métier de la même façon depuis sa « vie d’avant » ?

Idriss n’est presque plus avocat. S’il était encore, il défendrait les intérêts de son client. Il se sert de son métier pour sa rédemption. Il sait qu’il est condamné et il a besoin de partir la conscience tranquille. Ces méthodes sont les mêmes mais ils ne les utilisent pas pour les mêmes raisons. En tant qu’acteur, c’est jouissif.



Les scènes dans le palais de justice sont intenses et parfaitement jouées, sans tomber dans la théâtralité…

Je suis allé au Palais de Justice à Paris pour voir comment ça se passait. J’étais très étonné de la non-théâtralité de la chose, c’était extrêmement déstabilisant. On a l’image des procès avec la grande éloquence et des effets de manches vus dans certains films. Les avocats sont extrêmement techniques. Dans notre série, les plaidoiries sont plutôt conversationnelles. Cette direction prise par le réalisateur est très intéressante, ça amène une touche de vérité. Ça a été un vrai challenge pour moi de ne pas trop jouer ni de ma voix ni de mon physique et de ne pas être en représentation ou en démonstration.


Vous avez eu des retours de la part d’avocats ?

Les avocats qui nous ont conseillés l’ont vu et j’ai hâte d’avoir les avis de quelques avocats que je connais. J’attends d’avoir leurs ressentis, avec appréhension. J’avais tourné dans la série Équipe médicale d’urgence il y a longtemps et ma maman était infirmière, autant vous dire qu’en matière d’appréhension… (rires)


© Maureen Diot

Un mot sur ce formidable casting qui vous entoure ?

Naidra a une grande inventivité permanente sur le plateau. Elle a une puissance dans le jeu incroyable. Christiane Millet joue une forme de folie douce avec laquelle elle s’amuse. L’humour de son personnage, c’est son humour à elle. Barbara, je sais qu’elle a énormément travaillé son rôle. Elle sait complètement passionnée dans l’univers de la justice. Théo, j’adore sa précision et la finesse de son jeu. Il était très agréable à regarder.


J’ai adoré ma complicité avec Catherine dans le jeu. On a déjà joué mari et femme il y a longtemps dans un épisode du Commissaire Moulin. Je jouais un avocat et je me fais tuer très rapidement dans l’épisode (rires). Catherine a un humour fou. C’est une grande comédienne. Wendy, c’est la claque ! Une rapidité de jeu, une vérité, il y a plein de moments où je la regardais et j’étais au spectacle.


On a pu faire des lectures de la série, ce qui arrive vraiment rarement. Les auteurs ont généré et fédéré une équipe. J’ai beaucoup appris sur ce tournage en les observant. Jusque-là, j’ai eu des rôles intéressants mais pas aussi intenses.


Et avec la récompense du prix d’interprétation masculine au festival Séries Mania de Lille…

C’est la première fois que je reçois un prix. Il est particulier pour moi parce qu’il y a dix ans, à ce festival, j’ai rencontré Kate Harwood, l’ancienne directrice des programmes de la BBC, elle est venue vers moi en me disant : « Je suis vraiment contente de vous rencontrer parce que je fais partie des gens qui vous ont choisi pour la version française de Luther. » On était plusieurs à passer des essais sur la voix et je suis resté en contact avec elle. Ce festival me porte donc chance depuis dix ans. J’ai reçu un prix mais pour moi c’est collectif. Je suis très touché d’avoir reçu ce prix, d’autant plus de la part d’un jury qui n’est pas français et qui me découvraient. J’ai reçu ça en toute sincérité et ça m’a vraiment fait du bien.


Télévision, cinéma, théâtre, doublage, jeux vidéo, vous êtes un 4X4 tout terrain, un Cyborg si l’on fait référence au personnage Victor Stone. Daniel, votre métier vous demande-t-il d'être un athlète de haut niveau ?

Ça demande d’avoir de la santé. Quand on enchaîne les journées de tournages de doublages sur les jeux vidéo comme The Witcher et qu’ensuite on attaque le théâtre avec la pièce d’Alexis Michalik, oui, il faut avoir la santé et en avoir extrêmement envie. En France, on n’essaie pas d’être polyvalent mais on essaie de ne pas se restreindre à un ou deux domaines. Il faut aussi être bien entouré, c’est très important.


Vous parlez d’envie, de foi. D’où vient la vôtre ?

J’ai fait une fac d’anglais et raté mes deux matières de français. Je n’avais plus de bourses donc j’ai commencé par changer des voies de chemin de fer, un boulot compliqué. Et un jour, une personne m’a dit que j’avais une bonne voix et me voilà à NRJ Tours pour faire des pubs. J’ai une bonne voix mais je ne suis pas très bon. L’animateur radio me dit : « Pour progresser, tu devrais prendre des cours de théâtre. » J’en prends tranquillement à la fac, j’ai la meilleure note à l’examen et la prof me dit : « Je ne t’ai pas vu de toute l’année, tu étais très discret, un grand gaillard timide. »


Le comédien présent dans le jury m’incite à monter à Paris. J’y crois à moitié mais j’y vais. J’ai fait des petits trucs à la télé comme Rince ta baignoire, émission présentée par Jérôme Commandeur, ça vous donne une idée de mon âge (rires). Les sketchs étaient réalisés par Fabrice Gobert. Ensuite, j’ai eu du bol en enchaînant les boulots. J’ai fait énormément de voix de pubs entre 1998 et 2005, ce qui m'a permis de ne pas avoir de galères d’acteur et financières. Au fur et à mesure j’ai découvert la passion. À l’époque, j’avais un manque de confiance en moi. Maintenant, je travaille régulièrement depuis pas mal d’années et je prends toujours autant de plaisir.


© François Berthier

Quels conseils donneriez-vous à un jeune comédien ?

Je lui dirais de regarder les acteurs, les actrices, les films et les scénaristes qu’il aime et de se renseigner sur le parcours de ces gens. Mais je lui dirais surtout de ne pas faire ce métier pour devenir célèbre, c’est une mauvaise raison. Un comédien peut ne pas avoir de succès mais être heureux parce qu’il est dans des projets dans lesquels il s’épanouit. Je ne citerai pas de noms mais je connais beaucoup d’acteurs qui gagnent très bien leur vie mais qui ne sont pas forcément heureux.


Le plus important est de trouver l’épanouissement dans les projets qu’on aime. Je dirais aussi qu’il faut avoir une grande connaissance de son métier. Les acteurs de ma génération on n’avait pas internet et accès à toutes les informations. C’est important de maîtriser son environnement, contrairement à vouloir avoir un réseau qui ne veut rien dire.


Quels sont vos prochains projets ?

Mars Express, un film d’animation, va sortir prochainement avec Léa Drucker dans le rôle principal. Je suis dans le prochain film d’Alexis Michalik Une histoire d’amour, adaptation de sa pièce. Il m’a fait l’honneur et la gentillesse de me faire confiance. Et je suis toujours au théâtre dans sa pièce Le Porteur d’Histoire.


Une citation fétiche à me délivrer ?

« Ne jamais s’enfermer dans ses certitudes, mais toujours aller au bout de ses convictions. »

bottom of page