Edith Semmani : "Notre festival est engagé, solidaire et social."
- Samuel Massilia

- il y a 3 jours
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La Réunion s’apprête à accueillir une nouvelle fois un rendez-vous devenu incontournable : la 6ᵉ édition du Festival International du Film au Féminin. Sa mission : le festival poursuit sa mission : faire résonner les voix féminines du cinéma contemporain, encourager les regards pluriels et soutenir les initiatives artistiques porteuses de sens. Un lieu qui encourage aussi les jeunes à imaginer d’autres possibles, donne une visibilité essentielle aux auteures, productrices et actrices, et rappelle que les récits portés par les femmes ont toute leur place sur le grand écran. Rencontre.

« Edith, vous êtes la créatrice du festival du Film au féminin sur l’île de La Réunion, dont la 6ème édition aura lieu du 1er au 7 décembre. Quelle présentation en feriez-vous ?
C’est un festival engagé, solidaire et social, avec des invitées partageant ces mêmes valeurs. J’essaie de proposer un maximum d’actions et de projections gratuites pour les jeunes, avec en plus des masterclass d’éducation à l’image et des ateliers d’écriture. Des projections - payantes - seront également ouvertes au grand public avec des avant-premières sur des films aux thématiques précises. J’essaie également d’obtenir des soirées gratuites au sein d’universités et en plein air, car le climat nous permet de le faire.
Ce festival est porté par l'association Cœur Vert. Comment est-elle née ?
Je l’ai créé il y a un peu plus de dix ans avec ma mère. Lorsque je me suis installée à La Réunion, j’ai voulu m’engager en faveur des droits et de la place des femmes de manière globale. Cette association me donne l’opportunité de mettre en place des actions et des événements, à La Réunion mais aussi au niveau de l’océan Indien.
Depuis la première édition, quelles évolutions notez-vous ?
Le festival grandit doucement. On parle de culture, donc compte tenu du contexte économique, c’est très compliqué. Il grandit en termes d’actions et d'invités qui, eux-mêmes, sont engagés de façon généreuse et investis à partager des messages, du savoir, leur expérience, leur regard, leur film. Le festival s’est également exporté à l’île Maurice et auprès de la filière cinéma locale où j’essaie de contribuer avec des formations et des rencontres exceptionnelles.

Qu’espérez-vous transmettre aux lycéens et collégiens à travers ces rencontres avec des réalisatrices, productrices et actrices ?
Je pense que d’eux-mêmes, ils n’iraient pas forcément voir les films proposés dans le cadre du festival car ils sont submergés de tant de choses à voir. Dans nos actions, il y a un véritable accompagnement pour donner une autre profondeur à travers les rencontres et les échanges. De là, les jeunes portent un autre regard et un autre intérêt. Ça peut susciter chez eux des réveils ou des éveils sur des sujets de société en général. Pour vous donner un exemple, j’ai récemment eu le retour d’une fille partie de La Réunion pour intégrer la Fémis, à Paris. Ça donne de belles histoires, de beaux projets. C’est leur dire que les métiers du cinéma sont possibles pour eux.
Avez-vous constaté une évolution dans la manière dont les femmes racontent leurs histoires au cinéma ?
Oui, et en même temps, je trouve que leurs difficultés ne changent pas. J’ai rencontré Mounia Meddour lors de la sortie de son film Papicha et elle me racontait avoir mis dix ans pour le faire. Comme Marie-Hélène Roux, réalisatrice de Muganga. Donc je ne sais pas s’il y a beaucoup d’évolutions. Certaines sont extrêmement déterminées et volontaires pour mener leur projet jusqu’au bout. C’est beaucoup plus compliqué pour une femme voulant parler de sujets considérés comme sensibles et effrayants de trouver du financement. Et quand leurs films existent, on est bien contents de les voir. Papicha reste une petite pépite qui a permis à Lyna Khoudri d’exploser. Et Muganga est un joli succès populaire en métropole, il fait son chemin.

Avez-vous le souvenir de votre premier rapport avec le cinéma ?
Bien sûr ! Comme tout le monde, j’ai baigné dans les Disney et les Pixar. Puis je me suis très vite intéressée aux films de Charlie Chaplin avant de dévorer des westerns et des péplums. J’ai une passion dévorante pour le cinéma. J’ai encore du mal avec les films de genre, même si j’ai réussi à voir The Substance que j’ai adoré.
Quels sont vos prochains projets ?
À travers mon association, j’ai répondu à un appel à projet contre les réseaux de prostitution. Je me suis inscrite dans la prévention à travers des capsules vidéo pour sensibiliser et prévenir sur les trafics de femmes. »







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