Gabriel Lobao : "Je suis un fruit du voyage."
- Samuel Massilia
- il y a 14 minutes
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Il prend toujours le temps de la réflexion et de douter positivement pour tirer le meilleur d'une expérience. Gabriel Lobao a eu besoin de sept années de réflexion pour savoir comment allier ses origines ibériques avec l'Angleterre et la France, dans un style pop rock et aux sonorités latines. Aujourd'hui, il sort son premier single, Havana, une histoire d'amour passionnelle portée par sa voix claire et une énergie feel-good irrésistible, à écouter en boucle tout l'été. Rencontre.

« Gabriel, ton premier single Havana est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Quelle présentation en ferais-tu ?
C’est un condensé de ce que je vais proposer dans les prochains morceaux, c’est-à-dire de la voix de poitrine, de la voix de tête, des chœurs, puis du chant et du contre-chant. Par rapport au thème, Havana a un double sens de lecture : ça peut être la découverte d'une fille ou de la ville. Je voulais une chanson assez légère pour l'été.
À l’occasion de la fête de la musique, tu as fait la première partie de Louis Bertignac à Épinay-sur-Seine…
Oui. Ce premier concert en tant qu’artiste solo était un challenge. Avec les musiciens, on a essayé d’être les plus professionnels possibles. J’ai eu la chance d’avoir deux membres de mon ancien groupe de rock à Londres pour venir m’aider, puis le pianiste de The Voice pour m’accompagner (pour lequel j’avais joué lors des auditions à l’aveugle) et un bassiste originaire du sud. C’était une team éclectique. J’ai pu offrir au public quatre titres originaux - dont la sortie se fera tout au long de l’année - et demander ce qu’ils préféraient pour préparer la suite. Quant à Louis Bertignac, on a pu échanger à la fin de ma première partie. C’est une légende du rock et une personne très gentille, spontanée et calme.
Le 23 mai dernier, tu étais en live à la Vila Nova Foz de Côa, au Portugal, et tu as interprété quatre titres de Mika, Salvador Sobral, Michel Berger et Amalia Rodrigues…
Je suis un fruit du voyage, par mes origines portugaises et mon expérience de vie à Londres et à Paris, pendant cinq ans. J’ai donc des contacts un peu partout. Je trouve beau d’avoir été dans la région de mes ancêtres, puis le mois suivant sur la terre de mon enfance à Épinay-sur-Seine. Ça m’a fait beaucoup de bien de chanter dans trois langues que je connais. L’espagnol, ce sera pour la prochaine fois (rires). Mon phrasé est grandement influencé par le fado, il coule dans mes veines et dans ma voix.
Tu me parlais de ton ancien groupe de rock à Londres. C’est le point de départ de ton parcours artistique ?
C’était la jeunesse (rires). Ça m’a formé dans mon endurance sur scène. On faisait du rock progressif où je devais pousser fort avec la voix de poitrine sur des chansons compliquées de Queen ou Muse, des compositions assez majestueuses et flamboyantes. On faisait deux concerts par mois et on pouvait à la fois jouer devant six personnes dans un pub miteux et jouer devant 300 personnes. On donnait tout à chaque fois. J’adore l’énergie de Londres !
Quelle place occupait la musique dans ton enfance ?
Quand on partait pour le Portugal en voiture, mon père mettait les CD de Queen ou des Doors. Je me suis noyé dedans très naturellement. La musique n’était pas son métier, même s’il faisait un peu de guitare. Le déclic est venu après un événement assez traumatisant à mes trois ans. Je me suis cassé la tête en tombant d’une chaise et sur le chemin de l’hôpital, j’ai commencé à chanter. Mon père s’est dit : « Celui-là deviendra un artiste. »

Pendant sept ans, tu t’es formé à La Maîtrise de Radio France. Qu’as-tu appris ?
C’était très poussé. Il fallait avoir une discipline énorme. On suivait des cours de piano pour accompagner la voix et on a appris la technique Alexander pour gérer la respiration. J’ai commencé avec des bases très solides. On a ensuite fait des concerts partout, des tournées en Suède, au Luxembourg, en Italie, puis on a chanté dans les salles les plus connues de Paris (Pleyel, Théâtre des Champs-Élysées) où j’étais le deuxième génie dans La flûte enchantée de Mozart. Plus tard, on a fait le Stade de France pour la finale de l’Euro 2016 entre la France et le Portugal. J’ai fait apprendre l’hymne portugais à mes camarades.
Je ressens chez toi une grande soif d’apprentissage, en témoignent tes études d’anthropologie en Espagne et ta formation en pop et comédie musicale à Londres…
J’avais besoin de toucher à tout avant de me lancer. Je prends vraiment le temps de trouver ma voie. Après la création de mon groupe et trois années passées à apprendre la pop, j’ai décidé de me lancer dans un master en composition de comédie musicale. Une chanson pop, c’est deux minutes et demie, donc plus facile à écrire qu’une comédie musicale avec des thèmes à utiliser, à développer et à varier en fonction du caractère des émotions. Londres en est la capitale internationale. Après ça, The Voice m’a appelé.
Tu es arrivé à The Voice avec un certain background, une expérience qui a dû te servir ?
Tu as raison. Quand tu joues un set d’une heure devant six personnes dans un pub à Londres, tu peux jouer à The Voice beaucoup plus calmement. Je me suis presque lancé sans réfléchir. C’était merveilleux et intense. Je devais chanter dix chansons pour n'en choisir qu’une. Tu es tellement excité par l’aventure qu’au fur et à mesure, tu ne dors plus. Je retiens les auditions à l’aveugle où j’ai chanté devant Mika l’un de ses titres pour essayer de l’avoir en tant que coach, ce qui a été le cas. Je retiens ces cours ; il est à la fois très drôle et bosseur. Chez lui, j’ai revu la rigueur britannique de ma chef de chœur à La Maîtrise. Et puis, je retiens la finale, en duo avec Nemo, le gagnant de l’Eurovision.
Quels sont tes prochains projets ?
Je peux juste te dire que deux singles sont prévus pour la rentrée.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Mon mantra est "Time will tell" (le temps nous le dira). »
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