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Gwendoline Doycheva, vivre et inventer !

Manon dans Envole-moi, tante de Marcel Pagnol dans le très réussi Le temps des secrets, Gwendoline Doycheva est l'un de ses nouveaux visages dont le cinéma Français ne pourra se détacher. De son initiation au métier d'acteur à sa tendresse pour les planches et son désir de création, Gwendoline s'exprime avec un phrasé affirmatif et remplie d'ambitions. Rencontre avec Gwendoline Doycheva, vivre et inventer !


© Benjamin Vingrief

« Gwendoline, on vous retrouve dans le film Le Temps des secrets de Christophe Barratier dans lequel vous incarnez la tante Fifi. Qu'est-ce qui vous a enthousiasmé dans ce projet ?

Quand j’ai lu le scénario, j’ai vu tout de suite en quoi Fifi pouvait résonner particulièrement en moi. Cette propension à vouloir écarter l’étau de la domination masculine, ce besoin de revendiquer ses propres réflexions, une certaine forme de dignité personnelle et surtout la volonté d’égalité dans la liberté d’expression. D’expérience, je comprends très bien ces sentiments d’injustice et d’emprise contre lesquels elle lutte avec ferveur. Fifi a besoin d’être entendue. Elle ose rêver et s’impliquer en grand. Elle est l’exact inverse de la résignation et de la soumission et c’est pourquoi elle fascine et on l’écoute. J’aime beaucoup ce type de personnage engagé et disruptif. J’étais contente de pouvoir jouer cette partition.


Comment présenteriez-vous la tante Fifi ?

Dans les souvenirs de Marcel Pagnol, Fifi est « une femme de bien, ce qui ne l’empêche pas d’être belle et de sentir bon », c’est déjà pas mal ! Ce qui est admirable avec elle, c’est qu’elle faisait la fierté des siens malgré des prises de position absolument anticonformistes. Elle avait certainement des comptes à régler mais elle s’est servie de sa vivacité d’esprit, son éducation et son charme pour les transformer en causes politiques et en discours d’influence. C’est une femme résolument tournée vers les autres et vers l’avenir. Ce n’est pas évident pour une jeune femme d’avoir du crédit dans un système organisé par et pour les hommes, il lui a fallu sans doute beaucoup de courage et un caractère hors norme.



Jusqu'au 5 juin, les amoureux de cinéma et de Marcel Pagnol pourront découvrir l'exposition du film à la Friche de la Belle de Mai à Marseille. Gwendoline, que représente pour vous l'univers pagnolesque ?

Avant tout une grande œuvre littéraire. Après, ce n'est pas facile de faire l’apologie d’un grand auteur. Parce qu’on se retrouve à décrire les mots de quelqu’un avec des mots moins bien que les siens. Spontanément pour moi, l’univers Pagnolesque, c’est une vision, c’est Manon des sources par exemple. La puissance de son talent c’est d’avoir cette capacité d’inventer un personnage qui reste dans les mémoires collectives, qui touche à quelque chose d’universel et d’intemporel, une sorte de vérité absolue. Ces histoires qui deviennent des légendes qu’on raconte à nos enfants. Et puis une identité typique qui, dans le cas de Pagnol, possède un charme fou, celui du sud, de la nature et de l’enfance.