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Géraldine Blanchet : "Mon podcast a une dimension authentique et réaliste."

  • Photo du rédacteur: Samuel Massilia
    Samuel Massilia
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

À la croisée de la culture, de l’engagement sociétal et de l’attention portée à l’autre, Géraldine Blanchet construit depuis plusieurs années un parcours singulier, guidé par la recherche de sens et de cohérence. Avec Planète Pro·G, elle développe des projets ancrés dans des valeurs concrètes, pensées à hauteur humaine, où chaque décision professionnelle devient un acte engagé. Cette même exigence irrigue Handi’Cape & Cinéma, un podcast conçu comme un lieu de rencontre, d’écoute et de circulation des récits, où le cinéma devient un point d’entrée pour aborder le handicap autrement, sans simplification ni mise à distance. Rencontre.



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« Géraldine, peux-tu me raconter le cheminement qui t’a menée à fonder Planète Pro·G après trente ans de médiation culturelle ?

J’avais une grosse passion pour ce métier, mais je l’exerçais dans des conditions qui ne me convenaient pas réellement. J’ai alors eu envie de créer Planète Pro·G pour aligner davantage mes projets sur une dimension RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale), car je suis sensible à ces questions depuis longtemps. Dans mes activités professionnelles, j’ai toujours essayé d’appliquer l’inclusivité, le tri sélectif, la protection de l’environnement comme l’extinction des lumières dans une salle sans public ou le fait de baisser la clim. Quand j’ai eu l’opportunité d’être à mon compte et de créer Planète Pro·G, je me suis formée à La Fresque du Climat et à La Fresque du Film avec l’envie d’être la plus cohérente possible dans mes pratiques. En premier lieu, j’ai choisi une banque finançant la transition écologique et sociétale. C’est important pour moi de travailler avec des personnes contribuant à cela et de créer ensemble un cercle vertueux. C’est à ma petite échelle, bien sûr, même si je crois qu’il n’y a pas de petite échelle dans ce secteur-là. Chacun fait ce qu’il peut.


Quelle a été l’étincelle de départ de ton podcast Handi’Cape & Cinéma ?

En 2021, je suis devenue famille d’accueil de chiens d’assistance pour l’association Handi’Chien, et cette expérience m’a transformée. Une de mes filles a travaillé chez un hébergeur de podcasts et elle m’a sensibilisée à cet univers, et puis tout s’est aligné. J’ai recueilli les témoignages de bénéficiaires dont la vie était transformée ainsi que celles de leurs proches et de leurs aidants qui sont, souvent, des aidantes.


En octobre 2024, j’ai fait un pitch de mon podcast à un salon dédié et d’un seul coup, toutes les solutions sont arrivées. Je n’avais pas d’équipements et une association m’a offert du matériel neuf et m’a formée sur un logiciel de montage plus pointu. Un hébergeur a aussi beaucoup aimé le projet et m’a proposé l'hébergement gratuit et à vie de mes fichiers. Il y a eu comme ça des cadeaux de la vie et ils m’ont fait dire que j’étais au bon endroit.


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Depuis janvier 2025, tu as reçu neuf invités, divers et variés. Comment s’articule ton émission, tes échanges ?

Comme tu le soulignes, je tiens à ce qu’on ne mette pas les gens dans des cases. Je ne reçois pas seulement des personnes en situation de handicap. Dans le podcast, je mets en œuvre ma capacité de connexion entre des personnes handicapées et des professionnels du cinéma afin qu’ils échangent et se connaissent mieux. À chaque invité, je pose quatre questions très simples : quel est ton rapport au handicap ? Quelle est ton expérience du chien guide ou du chien d'assistance ? Quelle est ton expérience de spectateur et quel est ton film coup de cœur ? Dans mon podcast, il y a une dimension authentique et réaliste.


Selon toi, quels sont les stéréotypes les plus persistants lorsqu’il s’agit de représenter le handicap au cinéma ?

Il y a d’une part une approche triste dès le vocabulaire employé, on parle de "personnes en souffrance", "clouées sur leur fauteuil" alors que certaines ont dépassé le drame - s’il y en a eu un - et vivent très bien avec leur handicap. Dans un autre sens, il y a une héroïsation avec certaines personnes capables de traverser des océans à la nage, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y a encore une espèce d’appréhension et de peur du handicap. Rien qu’en enlevant les enfants en situation de handicap des écoles. Luc Boland, dans l’épisode 7, me parlait de son fils Lou, autiste et aveugle, et qu’à la crèche, quand il avait une petite crise, les autres enfants lui redonnaient sa sucette et il se calmait assez spontanément. Les enfants avaient compris ce dont il avait besoin. Aujourd’hui, je suis assez surprise de voir des gens ne pas connaître l’audiodescription, ni les sous-titres SME. Ils l’apprennent à travers le podcast. C’est aussi ma fierté de voir des gens bouger et mettre en place des choses grâce à Handi'Cape & Cinéma.



Tu es aussi famille d’accueil pour chiens d’assistance. Comment se passe leur pré-éducation ?

Ils vont connaître 50 commandes lorsqu'ils seront remis à leurs bénéficiaires et moi, je suis chargée de leur en apprendre trente. C'est un vrai travail de pré-éducation. Les chiens d’assistance passent six mois dans un centre avec des professionnels et sont en famille d’accueil jusqu’à 18 mois. On en fait des chiens polis, dans leur comportement avec les autres chiens et animaux, dans leur capacité d’écouter le langage de leurs congénères et puis de bien se comporter avec l’individu.


En quoi transforme-t-il le rapport à l’autonomie pour une personne en situation de handicap ?

Pour te donner un exemple, les personnes tétraplégiques en fauteuil PMR ont souvent une capacité vocale réduite, donc l’aboiement du chien sur commande va être intéressant de ce point de vue là. On va aussi leur apprendre à se servir dans un placard et à l’apporter sur les genoux du bénéficiaire, et à passer tout seul leur tête dans le collier et la cape. Leur présence est indispensable. Ils sauvent des vies et soulagent énormément les proches et les aidants. Les crises d'épilepsie ou autistiques sont diminuées en nombre et en intensité avec la présence d’un chien. Ils peuvent apporter des médicaments, appuyer sur un buzzer pour appeler les pompiers ou se coucher sur le bénéficiaire pour calmer une crise, et lorsqu’il se réveille, perturbé par ce temps d’absence, il se sent en sécurité et accompagné.


Il faut savoir que seulement 1% des déficients visuels sont bénéficiaires d’un chien guide. Ce n’est rien du tout. Et pour le handicap et les chiens d’assistance, c’est encore plus petit. Ces chiens font un travail remarquable et ils sont essentiellement financés par des dons privés et très peu par des financements publics, alors que leur éducation peut aller jusqu’à 25 000 euros pour des chiens guides en France.



Quel rapport entretiens-tu avec le cinéma ?

Quand je suis devenue médiatrice culturelle, je n’avais pas une énorme connaissance du cinéma. C’est aussi un avantage chez moi. Je ne suis pas une experte, mais je suis curieuse, j’ai envie d’apprendre et de transmettre. Le cinéma sur les héros du quotidien, le dépassement de soi et où le handicap est perçu d’une autre manière, me touche plus particulièrement. Si je peux sensibiliser les auditeurs à une filmographie moins connue et leur ouvrir cette porte d’entrée, j’en serai la plus heureuse.


Comment imagines-tu l’évolution du podcast dans les prochaines années ?

Actuellement, pour en financer la production, je développe une prestation d’écoute en public du podcast. Beaucoup de gens me demandent "où est-ce qu’on peut regarder ton poscad", et il est aussi vrai que les applications ne jouent pas le jeu en ne mettant pas en avant ce type de contenu. J'aimerais qu’on écoute ensemble la force des récits, qu’on apprenne la genèse du projet et qu’on sache ensuite comment s’abonner et où le retrouver. Ensuite, je vais faire des petits épisodes, Que sont-ils devenus ? Cela va me permettre de suivre l’évolution de mes invités depuis leur première interview à mon micro.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

« On fait de son mieux et c’est déjà beaucoup. »

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© 2021 par Samuel Massilia.

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