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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Irma, artisane du son !

Fabriqué avec des artistes camerounais et enregistré dans son studio au moment où le bruit de la ville et de la vie s'était arrêté, le nouvel EP Douala Paris d'Irma est une célébration à la richesse du multi-culturalisme avec huit titres à consommer sans modération. Rencontre avec Irma, artisane du son !


© June Machia

« Irma, ton EP Douala Paris est une ode à la singularité. Par quoi marque-t-il une réconciliation entre tes différentes cultures et identités ?

J’ai eu tendance à opposer tout au long de ma vie ses deux aspects de moi. Quand tu grandis au Cameroun, tu ne te sens pas inclus ni représenté par toutes les images que tu reçois de l’Occident. Ça créer des cassures… On passe notre temps à regarder au mauvais endroit, à se focaliser sur ce qui nous divise. Mais on est tous les mêmes, avec des émotions identiques comme la colère, la joie, la peur… J’ai commencé la tournée de mon troisième album The Dawn le jour où le premier Ministre a annoncé la fermeture des salles de spectacle. Mon EP Douala Paris est né du premier confinement et j’ai assez vite vu le bon côté de cet enfermement. On est revenu à l'essentiel comme si on était forcé à revenir à une certaine forme d’introspection.


Artistiquement, c’est la première fois que tu as travaillé au Cameroun…

Oui. Ça m’a permis de découvrir des artistes. Souvent, je retournais au Cameroun pour me reposer à la maison. Dans la création de cet EP, Fredy Manyongo a été l’étincelle, c’est une espèce de génie touche à tout avec plein d’univers dans sa tête. Notre rencontre a été décisive sur l’univers visuel de l’EP. Fredy m’a permis de rencontrer June Machia, réalisateur de Mes Failles et Adah Akenji, le réalisateur de Va-t-en. Ils vivent au Cameroun mais leur travail est universel, il parle à tout le monde.



À la maison, ton père écoutait du jazz et de la musique afro. Et ta maman n’écoutait que du classique et de la musique française. Être née au son de la musique, ça a éveillé quoi en toi ?

Ça a été très vite clair pour moi que la musique ferait partie de ma vie. Je n’avais que ça en tête. Mais je ne savais pas comment en vivre, quand on est un enfant qui grandit à Douala on ne s’autorise pas à rêver de ça. La musique a toujours été mon moyen pour faire passer des messages.


Ma professeure de piano classique était russe, elle est passée par le Conservatoire et s’est retrouvée à donner des cours à Douala. C’était dur ! Parfois, avec cette rigueur, on se bloque et on n’a pas envie d’explorer son inspiration. À force de jouer les plus grands, on se sent tout petit. Pour me libérer de cet apprentissage, j’ai appris la guitare. Ça a laissé libre recours à mon inspiration et c’est ce que je souhaitais.


© June Machia

Quelle leçon as-tu retenue ?

Il ne faut pas avoir peur de se tromper. Pour moi, les erreurs sont une sorte de lâcher-prise. On se laisse porter par ce qui arrive. La plupart des titres qu’on retrouve dans mes albums sont souvent nés de ce que je n’avais pas imaginé. Et ce qui est chouette dans tes premiers moments, c’est que tu es très jeune. J’ai profité de cette jeunesse pour avancer sans me poser trop de questions. Je n’avais pas tous les questionnements que j’ai aujourd’hui. À l’époque, j’étais assez sereine dans le fait qu’il y ait 416 internautes qui ont misé sur moi. Je me sentais soutenue. C’est allé si vite… Je ne réalisais pas du tout. Faire les premières parties de Diam’s ou Matthieu Chedid dans des Zéniths, ce n’était pas donné à tout le monde.


L’année dernière, tu as joué dans le film La Maison d’Anissa Bonnefont. Tu as envie d’aller chercher quelque chose dans le cinéma que la musique ne peut pas t’offrir ?

J’étais censée travailler sur la bande originale de ce film et Anissa m’a proposé l’expérience. On a qu’une vie donc j’ai accepté ! Je me suis découvert des capacités que je ne me connaissais pas. Il y a certainement des points communs dans la performance théâtrale. Faire ce film m’a donné un nouveau profond respect pour les acteurs. Il faut se mettre à 100% au service de la vision d’un réalisateur. Tu es toute la journée à sa disposition pour qu’il puisse mener à bien sa fiction. J’ai tourné pendant deux semaines et c’était juste incroyable, très enrichissant.



En attendant de te voir sur le grand écran, le public pourra venir t’applaudir le 31 juillet à Lyon…

Avec le groupe Terrenoire on va fêter le quarantième anniversaire d’Handicap International, une organisation que je soutiens depuis quelques années maintenant. J’ai accompagné leur dernière campagne pour sensibiliser contre les violences faites aux civils pendant les guerres. Je continue ce soutien-là en jouant le 31 juillet au théâtre Romains de Fourvière.


Une citation fétiche à me délivrer ?

L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l’amour le peut de Martin Luther King. »

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