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Laurent Bateau, le goût des autres !

Quand la lumière tombe, l'écran s'ouvre. Laurent Bateau emmagasine des émotions, des sensations avec des rôles divers et variés. D'une simplicité évidente, les mots de Laurent transpirent de passion pour évoquer son amour sans fin pour la comédie. Pour lui, le métier d'acteur est une œuvre à plusieurs. Laurent a le sens du collectif, un véritable homme d'équipe, un partenaire de jeu idéal portant avec panache et habileté les personnages qui acceptent d'entrer en lui. Rencontre avec Laurent Bateau, le goût des autres !


© Guillaume Plas

« Laurent, on te retrouve dans les salles de cinéma le 1er juin prochain dans le nouveau film de Clovis Cornillac C’est Magnifique ! Tu incarnes Marc Rocher, un flic qui ne laisse rien passer…

Je n’ai jamais fait un gros con comme ça ! Je me déteste quand je le vois. C’est à se demander si l’acteur n’est pas con non plus (rires). D’habitude, quand tu fais ce genre de personnage, il y a une excuse ou on voit qu’il a eu un parcours difficile mais là, rien du tout ! C’était très agréable à jouer. Clovis ne m’a pas ralenti, au contraire il m’a poussé dès la première scène à y aller.


Une vraie figure de conte avec l’image du méchant sans motivation psychologique… Dès la lecture du scénario, tu as senti que tu allais participer à un film audacieux et original ?

Avec Clovis, on a travaillé ensemble sur Radiostars et avec sa femme Lilou dans une série. Ça m’a fait très plaisir qu’il me propose ce rôle et j'ai aimé voir Clovis dans la peau de ce mec si naïf qui ne connaît rien de la vie. Son personnage découvre un monde inconnu pour lui alors que Clovis est un gars costaud, viril, c’est un vrai patron, un chef que tout le monde suit. Clovis ne te complique pas le cerveau, il a confiance en ses acteurs.


Quand tu reçois un scénario, tu te demandes toujours où ça va se jouer, dans quelle ambiance tu vas être. Pour le film de Clovis, en réalité, je ne savais pas du tout ce qu’on allait faire. J’ai vraiment été surpris. J’ai vu le film après le confinement et ça fait du bien de suivre une personne non formatée, qui n’a pas des réponses à tout. Le personnage de Pierre est sain avec les gens, il ne connaît pas la valeur de l’argent, des papiers. Ce film est vraiment original.



Quand tu choisis de jouer dans un film ou une série, qu’est-ce qui compte le plus ?

Un film, c’est plein de choses. Tu n'y vas jamais pour les mêmes raisons. L’amitié compte, j’aime profondément Lilou et Clovis, je peux les suivre jusqu’au bout du monde. Si demain Lilou fait un film, j’y vais tout de suite. Je ne me poserai aucune question, ce sont deux personnes ouvertes et généreuses.


Ensuite, ça peut être plus égoïste. Pour la série télé Philharmonia, le rôle de directeur de la Philharmonie de Paris aurait pu être donné à de très grands acteurs et j’ai été très content qu’on me le donne à moi. Parfois, c’est financier, ça tombe bien, tu avais envie de partir en vacances mais tu n’avais pas trop de thunes et tout d’un coup tu as les sous pour partir. Cet aspect compte aussi. Mais moi ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les aventures de groupe.


© Guillaume Plas

Qu’est-ce qui t'a donné envie de faire ce métier ?

Mon papa. Il est mort il y a deux ans. Il était très joyeux et avait beaucoup d'énergie. Il faisait rire tout le monde, tout le temps. J’ai observé ses envies et elles m’ont fait regarder dans une direction qui est devenue la mienne.


J’étais en classe libre chez Florent avec le professeur Raymond Acquaviva. C’était drôle pour moi de travailler sur le film Ma femme est une actrice d’Yvan Attal puisqu’on a eu le même prof. J'ai vu Yvan jouer des scènes de Woody Allen et mise en scène par Raymond Acquaviva.


En même temps, j’étais au théâtre avec Laurent Terzieff dans Richard II puis dans Goal, une série pas terrible mais c'est là où j’ai le plus appris. Sur la première saison, je voulais jouer d’une certaine façon, je ne voulais pas trop en faire et on s’est rendu compte que ça ne marchait pas, qu’il fallait être un peu plus soi-même. J’ai progressé sur la deuxième saison et j’ai beaucoup plus appris mon métier qu’avec Laurent Terzieff, un grand monsieur du théâtre. Il avait envie de travailler avec des gens aimables qui ne lui posaient pas de problème plutôt que de travailler avec les plus bons acteurs de la Terre.


Cela fait 22 ans que tu n’es plus remonté sur les planches de théâtre. Entre les projets ciné et télé, c’est un manque de temps ?

On m’en propose souvent mais je te le dis, je n’aime pas la vie qui va avec le théâtre. J’ai l’énergie du matin et je n’ai pas envie de partir travailler le soir même si le code de jeu du théâtre est plus fort et qu’il faut porter sa voix plus haut.


Tu sais, sur Pop Corn, ma dernière expérience au théâtre, j’ai remplacé un comédien. Et c’est très difficile. Moi, j’adore les répétitions et là, il n’y en avait pas. Pendant un an, la tournée de la pièce m’a rendu triste. J’en ai souffert et ça ne m’a pas du tout donné envie d’y retourner alors que j’avais fait Le baiser de la veuve, un carton. Après Pop Corn, j’ai eu du mal… mais peut-être que je retournerais un jour sur les planches.


© Guillaume Plas

Apprendre ses textes est un muscle. On dit que chacun à sa manière, sa méthode, mais pour la connaître, il faut l’expérimenter. Comment procèdes-tu ?

Je bosse beaucoup avec le texte. Je lis, je rabâche, je dors dessus et essaie de ne pas y retourner pendant 48h pour voir ce qui a mûri. Je peux aussi me nourrir d’un film que je vois. Parfois, j’essaie de faire le contraire de ce qui est marqué dans le scénario et très souvent, ça marche. Ça ouvre un éventail de possibilités.


Pour jouer un tueur en série, j’ai bouffé quatre gros pavés sur les tueurs en séries. J’ai lu toutes les différences entre les organisés et non organisés, la façon dont ils tuent, s’ils ont un pick-up ou pas, c’était dingue ! Vingt ans après, ma mère tombe sur la série par hasard et j’étais très content de mon travail parce que j’avais bossé comme un fou. Il n’y a que le boulot qui paie.


C’est bien d’avoir le scénario longtemps avant pour trouver une petite idée, une autre couleur… pour être force de propositions sinon on voit comme dans certains projets à la télévision des fictions où ça ne fait que parler. On n’est pas des marionnettes sinon tout le monde pourrait le faire. Inventer un caractère, une personnalité, une façon d’être, c’est un autre boulot que j’adore.


Tu as déjà travaillé avec des metteurs en scène où il faut tout suivre à la virgule près ?

J’ai toujours travaillé avec les metteurs en scène. Par contre, si on me dit : « Tu te mets là, tu te tournes au trois-quarts, tu dis ta phrase, après tu te tournes et tu dis l’autre », je trouve ça détestable, ça ne m’intéresse pas du tout. Je l’ai eu une fois et je ne veux plus jamais le revivre. Mais honnêtement, c’est très rare.


Du grand au petit écran il n’y a qu’un pas. Tu es un visage bien connu des téléspectateurs…

J’aime le rythme de la télévision, j’adore quand ça va vite ! On est dans une période où ça progresse, il y a de plus en plus de plateformes, on ose plus, je suis très content de ça. Tout évolue, tout change… et alors ? Ce n’est pas grave ! Pendant les confinements, on a eu du bol, on a pu bosser. On a été privilégié de pouvoir tourner. Il fallait fournir de l’image, tout le monde regardait la télé chez soi !


© Guillaume Plas

En parlant de plateformes, on te retrouve prochainement dans Détox sur Netflix…

Deux jeunes femmes décident de ne plus avoir de portables et il va y avoir des conséquences autour de ça. Je joue un gars avec les cheveux longs, bloqué dans les années 80 au niveau musical, ma dégaine fait mourir de rire. Mon personnage ne parle pas beaucoup, il écoute et reste avec les jeunes. J’ai adoré !


Dans les salles obscures, on pourra aller voir Les Têtes givrées de Stéphane Cazes.

C’est mon année Clovis ! Ce film est lié à une actualité réelle. C’est une comédie sur des jeunes qui veulent protéger un glacier. Je suis le maire du village et leur explique qu’on a besoin de touristes et qu’ils ne peuvent pas mettre de bâche pour empêcher la fonte des glaciers. Des gens vivent du tourisme toute l’année et aujourd’hui on se rend compte qu’il va falloir trouver d’autres activités que la neige à la montagne. Dans ce film il y a aussi de la bonne musique, ça met la pêche !


Ensuite, as-tu d'autres projets ?

Le téléfilm Boomerang va sortir avec Corinne Masiero. C’est sur le harcèlement au sein de l’entreprise. Je joue un directeur d’usine un peu à l’ancienne. Il ne se rend pas compte de l’attitude d’un de ses ouvriers et il met un petit peu en doute la parole de la femme qui serait touchée. Tu sais, ce sont ces gens qui préfèrent mettre sous le tapis plutôt que d’en parler. Mon personnage a une entreprise à gérer, des ouvriers, des clients et s’il ne répond pas à ses commandes, il se passe quoi ? Il met la clé sous la porte ? Il y a un bon côté pour le grand public où tu sauves la personne concernée mais il y a d’autres enjeux, et moi, je suis dans les autres enjeux.


Une citation fétiche à me délivrer ?

Pour te dire la vérité, j’ai vu que tu demandais ça à la fin et j’en ai deux à te donner : « Je n’ai absolument pas le don d’être une star, je me suis ingénié à être un éternel débutant » de Michel Piccoli et : « Je suis ce que je suis et je fais ce que je fais. Je n'attends rien et j'accepte tout. Et cela rend la vie beaucoup plus facile » d’Anthony Hopkins.

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