La pétillante Madeleine, auteure, compositrice et multi-instrumentiste, fait écho dans son nouveau titre Ma vie à ses rêves d'enfant qu'elle poursuit avec toutes les difficultés de la vie d'adulte. Rencontre avec une voix cristalline qui nous emporte dans son univers pop et édulcoré.
« Madeleine, le clip de ton nouveau single Ma vie est disponible sur ta chaîne Youtube. Quelle était ton intention artistique ?
Je voulais faire un clip assez cinématographique. On l’a fait en slow motion pour donner un aspect fluide, détendu avec de jolies images. Le clip est tourné dans mon studio et dans le jardin de ma maman que je fais apparaître pour la toute première fois. Dans mon univers, j’ai des personnages qui me suivent comme cet homme avec un abat-jour sur la tête et qu’on appelle communément « l’homme lampe », et puis il y a aussi cet ours que j'ai customisé en lui achetant des mains et un sourire pour faire un petit peu peur. Pour Ma vie, j’étais dans un cadre agréable, très cocon.
Ma vie est un extrait de ton prochain EP Le sixième élément à découvrir dès le 10 novembre prochain. Quels seront les thèmes abordés ?
Ça tournera encore autour des relations, amicales, amoureuses et celle qu’on peut avoir avec soi-même. Mes chansons sont faites pour qu’on s’y retrouve tous. La musique est mon meilleur outil pour me rendre utile et apporter le plus de bien possible. Les mots que je choisis sont assez communs aux histoires qu’on peut vivre.
En attendant, on peut (re)écouter ton premier EP Tout ce qui reste inexpliqué, sorti en 2020. Trois ans plus tard, qu’est-ce qui a pu changer dans ta façon d’écrire la musique et de l’interpréter ?
J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes, elles m’ont accompagnée et ouvert les yeux sur ce dont j’avais envie ou non de faire. Je pense à Claude Lemesle, un monsieur formidable, auteur de Joe Dassin qui a notamment écrit l’Eté Indien. Il donne des ateliers d’écriture gratuits à des artistes qu’il choisit. Ça a été une vraie révélation. Je me suis plus détendue sur le sujet de l’écriture. Un jour, il m’a dit que le syndrome de la page blanche n'existait pas, et ça m’a marquée. Quand on est artiste, on a peur de ce moment où on n’aura plus rien à raconter. J’ai aimé son explication : tant qu’on travaille et qu’on essaie un peu tous les jours, ça finit toujours par venir.
Que fais-tu quand l'inspiration n'est pas là ?
Je vais me balader, je regarde les gens autour de moi, puis je vais voir mes amis et leur demande de me raconter plein d’histoires. Je suis dans l’observation. On fantasme souvent la vie d’artiste, alors que c’est une vie qu’on passe à travailler énormément, parfois seul.
Madeleine, tu as fait douze dans d’alto au Conservatoire. Quel est ton rapport avec cet instrument ?
Je l’adore. Son registre un petit peu plus grave le rend très mélancolique par rapport au violon, et ça me correspond beaucoup. J’en ai fait mon confident. Petite, je jouais de l’alto dans ma chambre et j’avais peu envie de le partager avec le reste du monde, j’étais aussi assez timide pour les phases d’examens que tu peux avoir à la fin des années de Conservatoire. Sans doute réticente à l’idée qu’on vienne me voir jouer... L’alto est donc, pour moi, un instrument très intime avant de l’abandonner complètement quand je suis partie faire mes études dans la finance. Ensuite, j’ai joué de l’alto dans certaines chansons du premier EP, mais il ne m’accompagnait pas sur scène. Peut-être un manque d’assurance, mais à force de résidences artistiques où on m’a poussée à y aller avec, j’en ai fait une pièce centrale du projet aujourd’hui.
À quel moment tu as décidé de consacrer ta vie à ton art ?
Au moment où je n’en pouvais plus de la finance (rires). Ce n’est pas un domaine dans lequel j’ai réussi à m’épanouir. Il y a eu un moment-charnière il y a trois ou quatre ans. À l’époque, l’objectif était d’aider d’autres artistes avec mes capacités en droit, c’était plus de la structuration que de l’artistique. Certains d’entre eux m’avaient remise à la musique et au fur et à mesure, je me suis retrouvée sur scène. Je ne regrette pas du tout ce revirement.
On te sent pétillante, dotée d'une belle énergie avec le public. Quelle sensation ressens-tu sur scène ?
J’adore que tu me dises pétillante ! Je ne sais pas si tu le sais, mais je viens de Champagne (rires). C’est un adjectif qu’on m’a beaucoup attribué sur les tout premiers concerts. La scène, c’est le moment le plus émouvant et où je me dis que je n’ai pas fait tout ça pour rien. Ça donne un vrai sens à ma vie et un petit sens, je pense, à celles et ceux qui viennent partager ça avec moi.
Quel souvenir gardes-tu de ta première scène ?
L’expérience avait été assez chaotique (rires). J’ai sorti mon premier EP en 2020, le covid est arrivé et malheureusement les salles ont fermé. Ils me restaient certaines terrasses, souvent en dehors de la région parisienne. Je tenais à faire mon premier concert et je me suis retrouvée à Châlons-en-Champagne. À la fin d’une interview, je dis au journaliste que j’ai besoin de trouver un premier concert. Et je ne le remercierai jamais assez parce qu’il m’a accompagnée toute une après-midi. On a tapé à la porte de tous les bars de la ville et on a essuyé 99% de refus, jusqu’au tout dernier qui a finalement accepté ma venue. Ils avaient envie de m’aider et m’ont proposé une date, mais le jour J, ils avaient oublié qu’il y avait un concert sur la grande place, une vraie programmation de festivals. Que faire ? Le temps des line check où les artistes répètent et se mettent en place, j’allais chanter. Toutes les 45 minutes, je faisais un concert d’un quart d’heure, c’était horrible (rires). Mais j’ai eu beaucoup de chance, les personnes présentes étaient réceptives et m’ont accompagnée. C’est un souvenir assez douloureux pour être sincère, mais je ne le regrette tellement pas, comme tout ce que j’ai dû faire pour en arriver jusque-là. L’histoire est chouette puisque l’année suivante, j’ai fait un concert complet sur cette même scène qui ne m’était pas destiné au départ. Ma mère était fière, comme moi, et ça a rassuré mes proches.
As-tu des prochaines scènes de prévues ?
Pour la sortie du nouvel EP, j’ai envie de retourner dans les régions où j’ai le plus joué : le Grand Est, le Centre-Val-de-Loire et les Hauts-de-France pour les remercier de m’avoir accueilli depuis le début.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Je vais mettre mon papa à l’honneur. Depuis toute petite, il me répète cette phrase d’Alan Turing : « Parfois, ce sont les personnes que l’on imagine capables de rien qui font ce que personne n’aurait imaginé. » Je l’aime beaucoup, on peut y puiser énormément de forces tout en gardant beaucoup d’humilité. Elle m’aide dans plein de moments différents, et à croire en moi aussi, comme cette autre citation : « Ceux qui vous disent que vous êtes mauvais ne sont pas toujours les meilleurs. »
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