Créative et très douée, Malin Barr est une actrice Suédoise qui impose son style auprès des productions américaines. Prochainement à l'affiche du film « Honeydew », Malin prépare son deuxième court-métrage « Evergreen » et a pour ambition d'être une "new face" du cinéma Français ! Rencontre avec Malin Barr, la classe Scandinave !
« Tu es une actrice Suédoise qui travaille aux États-Unis, à New York. Quelles sont les formations, études que tu as suivies pour apprendre ce métier ?
Plus jeune, en Suède, je n'avais pas le rêve d'être une actrice. J'ai toujours adoré le théâtre, mais au premier abord, je voulais être une danseuse. La première fois que j'ai vécue à New York, j'étudiais la danse. Une année plus tard, j'ai été accepté dans un collège à Londres, Laine Theatre Arts. Mais après Londres, je suis retourné encore une fois à New York. J'ai travaillé la danse moderne et aussi le théâtre.
L'introduction de la Méthode Meisner était très importante pour mon développement en tant qu'actrice. Après quelques années, j'ai commencé à travailler dans le cinéma et la télévision. Ce n'était pas toujours facile d'être une actrice Suédoise aux États-Unis. J'ai beaucoup étudié la langue et les accents. Mais ça en valait la peine. New York est la ville la plus merveilleuse au monde !
Ton amour pour le cinéma est aussi né de ta fascination pour le film « Le magicien d’Oz » ?
Wow ! Comment sais-tu ça (rires) ? Oui, c'est vrai ! Je n'avais que deux films VHS quand j'étais petite, Le Magicien d'Oz et Winnie the Pooh. J'adorais Le Magicien d'Oz ! L'excitation, la peur et la magie, je l'ai regardé au moins 20 fois. J'adore Judy Garland, elle était vraiment une actrice magnifique ! Je voulais être Dorothy quand on a joué, mais malheureusement ma soeur aînée a pris ce rôle et je devais être le lion (rires).
Tu vis donc dans l'agitation d'une ville debout, qui ne dort jamais. Retournes-tu parfois à Stockholm pour te ressourcer, reprendre de l'énergie ?
Oui, absolument. C'est vraiment difficile de se reposer à New York. Je rends visite à ma famille et mes amis à Stockholm au moins deux fois par an. L'année passée c'était plus que ça, parce que je travaillais sur deux séries télé et aussi je rencontrais mon petit ami actuel. J'aime aussi visiter Upstate NY et Catskills pour un weekend de repos.
Tu fais partie du cercle privé des acteurs suédois qui tournent aux USA. C'est une chance ?
Je ne sais pas. J'aime habiter et travailler aux États-Unis et je crois que même s'il y a plus d'acteurs là-bas, il y a aussi plus de possibilités pour travailler. Aux USA, ils sont très intéressés par les différentes cultures, les "new faces" et d'être Suédoise est parfois une chance qui offre la possibilité d'auditionner pour de très grandes productions qui recherchent quelque chose de spécifique.
Quel est ton regard sur le cinéma américain ?
J'aime le cinéma Scandinavian noir et le cinéma Français, avec les émotions brutes et les silences maladroits. En général, le cinéma européen permet plus de réalité et de tristesse même dans l'humour noir, et je souhaite que le cinéma américain puisse refléter plus souvent ça avec moins de stéréotype et de fiction irréaliste. C'est quelque chose qui existe déjà en "film indépendant" américain et qui s'introduit petit à petit dans les séries télévisées.
Avoir un beau rôle à défendre, un jour, en France, ça te tenterait ?
Oui ! Ça a toujours été l'un de mes rêves ! Je suis obsédé par le cinéma français et aussi la langue. J'ai étudié le français en école pendant 7 ans et j'ai visité toute seule Paris plus de 13 fois ! Peut-être que ça sonne cliché, mais "Amélie" est mon film préféré. Je crois que je me reconnais un peu dans sa curiosité et timidité. Je suis moi-même plus "quirky" que la plupart des gens pensent que je suis. Aussi je trouve que la série Netflix "Dix pour cent" est géniale ! Je résonne avec le cinéma français et j'adore beaucoup de cinéastes français comme Jean-Pierre Jeunet, Michel Gondry, Luc Besson, j'adorerais travailler avec eux. Tu peux me les présenter (rires) ?
Quel est le genre de film qui t'intéresse le plus en tant qu’actrice mais aussi en tant que spectatrice ?
En tant qu'actrice ce sont les défis dans l'apprentissage de différentes compétences et rôles. Je n'ai pas une forte préférence, mais j'adore les comédies noires et je voudrais bientôt jouer un vrai "badass" femme dans un film d'action. En spectatrice, j'adore les comédies noires et les drames comiques ou les drames qui permettent les moments de comédie. Je pense que ce sont les plus difficiles à écrire et en tant que scénariste, je veux écrire ce genre d'histoires.
En 2017, tu écris avec Lisa Baron le court-métrage « Hedda Needs Help ». Comment trouves-tu ton inspiration ? L'écriture te passionne ?
J’ai longtemps réfléchi sur l’ennui de certains scripts que j’ai lus, en particulier les rôles féminins pour lesquels j’ai auditionné. Je voudrais écrire un rôle féminin "antihéros". Une femme forte que l'on ne peut pas arrêter. Les personnages masculins sont souvent imprudents dans le cinéma mais pas les femmes. J’écris chaque jour et c’est un excellent débouté créatif. J’ai écrit plusieurs synopsis et scripts pour le cinéma ainsi que des idées pour les pilotes de télé.
J’ai récemment fini mon deuxième court-métrage qui s’appelle Evergreen, une histoire qui réfléchit sur le processus d’immigration aux États-unis avec les acteurs Rana Roy, Zach Appelman et Andrew Dits.
Comment t'es venu l'idée d'écrire sur la sexualité féminine ?
C’est un commentaire sarcastique sur l’idée de féminité au cinéma et aussi dans le monde réel. L'idée que la seule chose qui peut aider une femme à obtenir ce qu’elle veut, c’est d'utiliser sa sexualité. Mais Hedda, elle ne rentre pas dans ce stéréotype, elle lutte contre une série d’échecs.
C'est un court-métrage qui nous fait rire et qui nous montre l'agitation intérieure d’une jeune artiste. Tu t'es offert un rôle différent de ce que l'on te propose, plus loufoque et comique.
Oui c’est exactement ça ! La frustration d’être placé dans un stéréotype et d’être vu seulement comme ça, à cause de votre apparence, de votre origine par exemple ou à cause d’être une femme. Je trouve que les nouveaux cinéastes devraient exiger plus d’histoires aux facettes multiples !
Quelles sont les difficultés que tu peux connaître sur un tournage ?
J'adore être sur un tournage de film ! Mais bien sûr, parfois, vous ne vous entendez pas bien avec votre co-star et cela peut être un défi. Aussi parfois je suis nerveuse. Par exemple s'il y a une crise de temps où nous sommes en retard un jour ou si je ne comprends pas ce que le réalisateur attend de moi, je peux sentir l’obligation ou la pression de bien performer ou de jouer une "prise" parfaite.
Pendant très longtemps, tu as travaillé avec une compagnie de danse contemporaine, quelle place a le sport dans ta vie ?
La danse a été ma vie pendant longtemps. Ça a été la première fois que j’ai appris à m’exprimer de façon créative, avec le mouvement et avec mon corps plutôt que des mots. Être active, en tous les sens, c’est une partie super importante de ma vie. Danser, courir, surfer, faire du yoga etc. J’ai besoin d'être en phase avec mon corps et je pense aussi que c'est une compétence vraiment importante pour tous les acteurs.
Nous pourrons te retrouver prochainement dans le nouveau film de Devereux Milburn « Honeydew » au côté de Sawyer Spielberg. Que peux-tu me dire sur ce film ?
Oui c’est très excitant ! C'est un film d’horreur sur l'histoire d’un couple, Rylie (que j'incarne) et Sam (joué par Sawyer Spielberg) qui sont en voyage. Après la rupture de leur voiture, ils sont perdus et entrent dans une mauvaise maison dans les bois. Cela ressemble à un film d'horreur classique mais il est différent par son dialogue intelligent et marrant, le sentiment "trippy" et humour macabre ! J'ai adoré le script ! Honeydew a été sélectionné par Tribeca Film Festival 2020. Malheureusement, le festival a été reporté à plus tard, à cause du Covid-19. Le film a aussi été accepté dans plusieurs grands festivals cet automne et des négociations sont en cours pour la distribution.
Comment s'est passé le tournage ?
C’était magnifique ! Je pense que c’était ma meilleure expérience de tournage ! Nous avons filmé au Massachusetts, près de Boston. C’était beaucoup de travail, chaque jour pour moi, mais j’adore travailler. Je pense qu'auditionner, c’est comme travailler et travailler en tournage, c’est comme les vacances.
Nous avons également tourné les deux premières semaines dans la journée puis les deux autres la nuit et le changement a été difficile. Typiquement, il faisait très chaud les deux premières semaines et quand nous sommes passés à la nuit, les temps ont changé aussi et il faisait très froid ! Le réalisateur, Dev, était magnifique et les autres acteurs aussi ! Toute l’équipe était très sympa, talentueuse et nous avons eu un mois incroyable !
Récemment, on t'a senti très touchée par les événements qui ont marqué les États-Unis...
Je suis tellement triste de ce qui s'est passé aux États-Unis. Encore une fois, un homme afro-américain victime de racisme et d'abus de la police. Mais il y a une chose positive, cette fois. Pour la première fois, le monde réagit. Peut-être à cause de la pandémie qu'ont connue les pays et les peuples du monde, partageant un gros problème. Ce virus est une souffrance mondiale. Peut-être que cela nous a réveillés en tant qu'humains pour prendre soin les uns des autres et se souciaient de l'injustice que les Afro-Américains ont connue 100 ans avant et encore aujourd'hui. Je pense que maintenant, c'est un moment vraiment important pour la justice et nous avons tous la responsabilité de nous soutenir les uns des autres, de nous éduquer et de nous éveiller.
Selon toi, quel rôle peut jouer un artiste dans la société ?
En tant qu'artiste, je pense que l'on porte la responsabilité d'écrire et de créer des histoires qui reflètent les injustices, les problèmes actuels et les sentiments dans ce monde. Nous sommes en mesure de saisir l'intérêt des gens et de leur enseigner des choses qu'ils ne connaissent peut-être pas et de créer la compréhension et la compassion.
Aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
"Life isn't about waiting for the storm to pass, it's about learning to dance in the rain"
(La vie ne consiste pas à attendre que l'orage passe, il s'agit d'apprendre à danser sous la pluie) Vivian Greene, 2006.
Quels sont tes futurs projets?
À cause du Covid-19, je suis maintenant en Suède. J'écris beaucoup et je travaille les dernières étapes de la post-production de mon film Evergreen. J’ai aussi quelques autres nouvelles que j'espère pouvoir te partager bientôt. J’espère aussi que je pourrais bientôt retourner aux États-Unis pour travailler avec des nouveaux projets. Mais qui sait ? Peut-être que je travaillerai en Suède ou en Europe avant, peut-être en France ?
Que peut-on te souhaiter pour le futur ?
Le monde a besoin de guérison, c'est le plus important en ce moment. »
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