Elle incarne avec brio et beaucoup de puissance une mère à qui l'on reproche tout. Lionne pour affronter une administration froide, louve pour protéger ses enfants et développer son instinct de survie. Mathilde La Musse transperce l'écran dans le bouleversant premier long-métrage de Caroline Gorliou, Comme une louve. Son apprentissage du métier d'acteur s'est principalement fait par le plateau, « j’aime parler avec chaque membre de l’équipe. » Observatrice, elle pose aussi son regard derrière la caméra avec un premier court-métrage récompensé, tout est sujet à intéresser ce talent à voir davantage sur nos écrans.
« Mathilde, tu es à l’affiche du film Comme une louve de Caroline Glorion actuellement en salles. Quelle présentation ferais-tu de Lili, ton personnage ?
C’est une femme forte et courageuse, elle est née dans le combat et doit constamment se frayer un chemin. Pour moi, Lili est une guerrière.
Elle n’aime pas les règlements, comme son fils Samy (Aidan Hullmann-Bennouioua), l’un de ses trois enfants avec Mélissa (Anaé Calvo) et Marvin (Lysandre Dessimoulie). Quels partenaires de jeu ont-ils été ?
Absolument géniaux. Le week-end avant le tournage, une alchimie s’est créée assez rapidement. Les petits Lysandre et Anaé avaient quatre et cinq ans, et s’ils avaient des directives sur le scénario, ils n’avaient pas vraiment de répliques. Tous les trois, ils ont été très surprenants, justes et touchants dans leur improvisation. Ils étaient dissipés par moments, ce qui est normal (rires). Il y avait quelque chose d’un peu hors du commun pour eux d’être sur un tournage.
Dans le combat quotidien de Lili, il y a malgré tout de la lumière, de la joie et de l’espoir. Une sororité s’organise autour d’elle…
Lili est comme ses femmes blessées, battues et violentées par des hommes. Elles se comprennent et s’entraident. Cette sororité dont tu parles sauves Lili. Il faut aussi parler de Pierre (Arthur Igual) qui lui tend sa main, tout en restant à sa place. Lili accepte les mains tendues, ce qui n’était pas le cas au début.
Quel a été ton travail pour incarner un rôle aussi fort ?
J’étais enceinte avant le tournage et mon bébé avait un mois et demi quand on a commencé le film. J’ai fait un travail intérieur, en imaginant Lili écrire des lettres à son père, sa mère, ses amies et aux pères respectifs de ses enfants. Ça m’a beaucoup aidé à construire son passé. Plus je lui créais des souvenirs avec les gens qu’elle aime, plus on touchait sa sincérité.
Vous aviez la même idée du personnage avec Caroline Glorion ?
Complètement. Elle a eu des larmes quand je lui ai lu les lettres. Je suis allée chez Caroline plusieurs fois, on a fait des lectures et on a travaillée sur l’expression et le combat de Lili. J’avais peur qu’on n’ait pas envie de l’aider, ni même qu’on l’apprécie, parce qu’elle aboie souvent dans le scénario. Notre travail en amont a été important. Sur le tournage, Caroline a été une louve, elle est très maternelle et douce, très sensible aussi. Elle nous a laissé beaucoup de liberté.
Le personnage de Lili n’est pas ton premier rôle puisque l’on a pu te découvrir dans le film d’horreur Kandisha et dans différents courts-métrages et clips. D’où te vient ce désir d’être comédienne ?
Je n’ai pas eu de déclic ni de révélation. Ça a été un concours de circonstances. J’ai toujours été attirée par le milieu du cinéma et c’est un stage, à 17 ans pendant les vacances scolaires à la Cité du Cinéma, qui m’a ouvert les portes. J’étais émerveillée par ce lieu et les rencontres que j’ai pu faire, dont une fille étudiante qui est devenue plus tard une assistante de casting. Un jour, elle a proposé mon profil pour un rôle et ça a démarré comme ça.
Ton court-métrage Deux heures par semaine a reçu la Mention Prix Alice Guy au festival Nikon. Il y a une envie de raconter des histoires derrière la caméra ?
Depuis toujours. Petite, j’écrivais des livres de trois pages (rires), puis j’utilisais Word sur l’ordinateur de mon père. Quand j’ai commencé le métier de comédienne, ça m’a donné confiance pour me lancer dans la réalisation. Et dès que je suis tombée enceinte, je savais que ça allait freiner mes tournages en comédienne, donc c’était le moment de passer derrière la caméra. Je me suis entouré de mes amies Ambroise Sabbagh et Zita Hanrot. J’ai adoré cette courte expérience d’une journée de tournage, que j’ai réitérée un mois ou deux après pour le concours Filme ton quartier avec mon documentaire Maggle.
Quels sont tes prochains projets ?
Récemment, j’ai joué une gendarme dans la série Les enfants sont rois, une adaptation du roman de Delphine de Vigan. Ensuite, j’ai fait du doublage sur des séries animées dont une qui sortira sur Arte, Mères Anonymes. Ce sont plusieurs femmes mères qui abordent le thème de la maternité sous la forme d’un cercle de parole type alcoolique anonyme. J’ai eu le plaisir d’incarner deux personnages complètement différents. Et puis j’ai doublé pour Gustave sur France TV Slash où je joue une petite lapine déjantée, j’adore !
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Ma mère me dit tout le temps : « Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas de bêtises. »
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