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Nathalie Lermitte : "J’ai pris les chagrins de Piaf pour vivre mes larmes."

  • Photo du rédacteur: Samuel Massilia
    Samuel Massilia
  • 14 oct.
  • 3 min de lecture

Elle fait renaître l'esprit d'Édith Piaf avec une sincérité bouleversante. Sur scène, en France et partout dans le monde, Nathalie Lermitte ne joue pas une légende : elle l'éveille, avec la tendresse d'une enfant reconnaissante et la maturité d'une femme qui sait ce que chanter veut dire. Au fur et à mesure des années, un fil invisible - tissé de respect, de travail et d'émotion - s'est relié entre Nathalie et la môme Piaf. Et chaque membre de la troupe participe à cet équilibre qui fait de ce spectacle une œuvre grande et vivante. Rencontre.


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« Nathalie, vous êtes actuellement en tournée avec Piaf, le spectacle ! Quelle a été votre première rencontre avec l’œuvre d’Édith Piaf ?

J’ai quatre ans, je suis seule dans la maison familiale et je m’ennuie. Je prends alors un énorme coffret (avec quatre 33 tours) dans le salon, puis remonte dans ma chambre, pose un disque au hasard et j’entends la chanson Les blouses blanches. Je l’écoute en boucle et en boucle, ça me fait des guilis dans le ventre. Ça a été mon premier choc.


Quelle a été votre préparation ? 

Mon interprétation s’est peaufinée avec les années et ce que j’ai vécu. Comme le disait Jean Cocteau : « Il n’y aura plus jamais d’Edith Piaf », alors je fais avec mes pleurs, mes joies, mes larmes, mes doutes, mes espérances et ma confiance. Surtout, je fais avec ce qu’elle m’a envoyé à quatre ans. Elle m’a installé quelque chose d’inoubliable et d’indestructible. Avec les musiciens et l’équipe technique, nous nous respectons et nous aimons profondément. J’admire toutes ces personnes qui œuvrent pour envoyer les vidéos, peaufiner chaque titre. Un spectacle, c’est un vrai travail d’équipe. Tout a son importance. Chacun est derrière sa partition et si on enlève un élément, l’équilibre ne sera plus le même.



Le spectacle est unanimement salué par la famille et les amis d’Édith Piaf. Comment on le reçoit ? 

Le respect est une valeur qui m’est chère et il est important de dire qu’on salue le spectacle et pas moi. Je pense qu’on est tous conscients de notre responsabilité. Nous sommes des « éveilleurs ». Piaf a mis sa vie et son énergie à installer quelque chose de très fort dans le cœur et le ventre des gens. Et quelquefois, peut-être, certaines personnes l’ont oublié. Nous, on ne fait que réveiller ce qu’elle a longuement installé, avec talent, en chacun de nous.


En revisitant son répertoire, avez-vous découvert des facettes méconnues de sa personnalité ?

Oui. Elle aimait chanter le drame et disait toujours : « Avec la tête que j’ai, les gens ne pourraient pas comprendre que je chante autre chose. » En revanche, dans la vie, c’était l’une des personnes les plus drôles, elle adorait faire des blagues. Micheline Dax me racontait qu’il fallait toujours lui répéter la même histoire, même cinquante fois, et qu’elle riait aux éclats comme un enfant. Edith Piaf était une amoureuse de l’amour, aussi. Elle a eu besoin de ce sentiment pour se sentir exister. Je reste persuadée que Piaf n’a cessé de vouloir guérir les blessures de la petite Edith. 


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Dans le spectacle, une série d'images inédites de l'époque est projetée et l'on remarque qu'elle était toujours entourée... 

Oui, parce qu’elle ne supportait pas la solitude. Elle détestait ça. Il y avait toujours un minimum de 30 à 40 personnes chez elle, tout le temps. Même quand elle allait aux toilettes, il lui fallait quelqu’un derrière la porte. Elle ne gérait absolument pas la solitude. 

 

Le spectacle a tourné dans le monde entier et l’on remarque une universalité autour de l’artiste et de son œuvre… 

Un soir, on jouait à Broadway - toutes les chansons sont en français - et un monsieur très élégant est venu me dire : « Madame, je n’ai absolument rien compris de ce que vous avez chanté, mais mon cœur, lui, a tout compris. » C’est la puissance d’Edith Piaf. Cette vérité est intemporelle, intergénérationnelle, internationale, et elle ne peut pas mourir. Quand on écoute une de ses chansons à la radio, c’est toujours un moment suspendu.


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Avez-vous le souvenir de votre toute première scène ?

Oui, je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai six ans et je chante trois chansons, dont une de Piaf. J’ai le micro dans ma main droite et le bas de pantalon de mon papa - au piano - dans la main gauche. C’était dans un petit village de l’Aine. La musique fait partie de ma vie. Ma première façon de pouvoir pleurer, c’était de chanter. Depuis, j’ai pris les chagrins de Piaf pour vivre mes larmes.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?  

Oui, elle vient de Stendhal et elle me guide depuis des années : « La bonne musique ne se trompe pas, elle va tout droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui vous dévore. »

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© 2021 par Samuel Massilia.

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