Naumaur : "J’aime créer des souvenirs à tout le monde.."
- Samuel Massilia

- 6 oct.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 oct.
Auteur, compositeur et interprète, l'histoire musicale de Naumaur démarre à l'âge de douze ans. Sa découverte du rap lui créait un besoin de transformer ses pensées en paroles et ainsi est née son histoire musicale. Celle d'un artiste à l'identité singulière, nourrie d'images et de sons. Derrière ses textes se cachent des fragments de vie, des émotions retenues qu'il transmet dans des mélodies apaisantes et puissantes. Rencontre.

« Naumaur, ton nouveau single Appelle-moi est disponible sur toutes les plateformes de streaming depuis le 19 septembre dernier. Quelle a été l’étincelle de départ ?
Seul en studio, j'étais en pleine réflexion sur le sujet à aborder. La thématique de l’amitié me tient particulièrement à cœur ; le fait d’être toujours là pour mes amis et les gens proches de moi. Je me suis alors demandé ce que je pouvais écrire à un pote qui ne se sentirait pas bien, pour lui faire comprendre qu’il n’est pas tout seul face à certaines situations de vie. J’ai aussi écrit ce que j’aimerais entendre personnellement.
On te voit en costume-cravate, dans un bureau, sur le visualizer disponible sur ta chaîne Youtube...
J’ai voulu ramener un petit côté ironique sur un sujet pouvant paraître à la fois fort et sensible. Dans ce « bureau des pleurs », je suis surmené par le travail et par le nombre d’appels que je reçois. Visuellement, je trouvais intéressant de ramener du second degré à l’importance du texte. J’ai des références de séries, de sitcoms, d’humour à l’anglaise ou à la Dupontel. Dans la vie, je pense être quelqu’un d’assez chill, j’aime beaucoup rire et quand ça ne va pas, au lieu de pleurer, j’aime plus faire des blagues.
Pour toi, qu’est-ce qui est le plus simple : d’appeler un ami pour lui partager un mal-être ou consoler, de trouver les bons mots ?
Je n’ai pas l’habitude de parler de moi dans la vie de tous les jours, ça justifie le fait que je fasse de la musique et que j’écrive des textes par rapport à ça. Je garde un peu tout pour moi jusqu’au jour où j’en fais des morceaux. Je suis plutôt le pote qu’on appelle pour se vider la tête et essayer de passer un bon moment pour ne plus y penser.
Toujours sur Youtube, on peut découvrir deux clips : Le bon moment et Tellement loin. À chaque fois, quelles sont tes intentions artistiques et visuelles ?
Pour Le bon moment, j’ai eu l’idée d’être le personnage apparaissant en tant « qu’acteur » pour briser le troisième mur d’une relation qui pourrait arriver à tout le monde. Ce clip-là, c’est une dispute dans une voiture entre deux protagonistes - deux amis qui ont très bien joué le jeu - et je n’ai pas à être là normalement, mais comme j’ai écrit le texte, je voulais aussi qu’on me reconnaisse après avoir été dans l’ombre ces derniers temps. Pour Tellement loin, c’est un gamin qui cherche un lien avec la famille qu’il n’a jamais vraiment rencontrée, par la distance et certaines histoires de famille. J’ai voulu ramener ce côté chill des années 2000, de bons moments entre potes malgré tout ce qui se passe à côté dans la réalité de chacun.
Quelle présentation ferais-tu du titre On tourne en rond ?
C’est une déclaration faite à ma grande sœur, avec laquelle les relations ont été un peu impactées au fil du temps. Je l’ai connue quand j’étais tout petit et elle est partie du jour au lendemain de ma vie, avec certaines situations familiales. J’ai écrit ce titre comme un au revoir, pour tourner la page sur des choses auxquelles je n’ai pas eu de réponse. C’était assez libérateur pour moi et je l’espère aussi pour elle, si elle l’écoute. Certaines personnes se sont reconnues dans l’essence même du titre.
Cette passion pour les mots est venue en même temps que la fascination pour le rap à l’âge de douze ans ?
Tout à fait. Mon grand-frère m’a fait écouter une fois dans sa chambre l’album L’école du micro d’argent d’IAM et je suis tombé amoureux de ce style de musique, par l’image du rappeur qui arrive avec des textes et de la poésie sur des sujets de société qui nous appartiennent à tous. À partir de 12 ans, j’adorais créer dans l’image et la vidéo, et je cherchais un autre médium pour exprimer des images que j’avais en tête, et je me suis mis à écrire, jusqu’à poser les textes sur des instrumentales classiques trouvées sur Youtube. Je posais des rimes, créais des couplets et me lançais devant mes potes au collège qui m'encourageaient à continuer. Et j’en suis là aujourd’hui, quinze ans après, avec la chance d’être dans un label avec des personnes du milieu m’accompagnant sur mon projet.
Il y a des phases où l’écriture est plus fluide, où l’inspiration est plus présente ?
Bien évidemment. Il y a des périodes où je vais réussir à poser un son en une après-midi et d’autres vont demander plus de temps car les thématiques sont plus dures à viser. Chaque soir, si je peux, j’écris dans ma chambre. L’écriture est devenue un réflexe, une passion de ma vie depuis l’âge de douze ans. J’écris dès que j’ai la moindre idée, la moindre observation dans la rue, puis je vais partir sur une thématique et ça peut finir en un morceau.
À partir de quand as-tu commencé à faire du graphisme ?
Au lycée, en faisant un bac pro communication visuelle plurimédia. Avant ça, mon grand-frère avait un ordinateur - qu’on lui avait offert - et c’était la génération du téléchargement. Un jour, il a installé Photoshop, je devais avoir dix ans et je suis tombé dedans directement. J’étais un peu le graphiste du collège, à faire des visuels et les petites signatures des membres de certains forums. Ensuite, j’ai fait trois ans de bac pro, puis je ne savais pas trop où aller et je suis arrivé à Caen du jour au lendemain.
Qu'as-tu appris aux Beaux-Arts ?
J’ai toujours dit des Beaux-Arts que c’était l’école de la vie, d’une part pour les rencontres humaines. Ça m’a permis de voir beaucoup de personnes travailler sur des médiums différents : sculpture, peinture, photo et vidéo. J’ai appris à être un peu plus curieux et touche-à-tout. Mon univers musical était un peu ancré avant les Beaux-Arts, mais visuellement, ça a marqué une étape de ma vie. Pour mon sujet de diplôme, j’ai voulu rendre visible les laissés-pour-compte. J’aime créer des souvenirs à tout le monde.
C’est une belle définition de ton métier de photographe et j’imagine que tu as cette même philosophie de travail en tant que vidéaste…
Oui. Je n’aime pas arriver avec l’idée d’avoir une mission à faire sans le contact humain. J’aime travailler sur le long terme, rencontrer la personne et voir si le feeling passe. Souvent, il y a cette barrière avec la caméra qui fait peur, donc créer un lien avant permet de débloquer ce sentiment de confiance.

En quoi ta rencontre avec Joseph Kamel a été décisive pour faire le titre Le bon moment ?
On était en shooting avec Joseph pour son premier album Miroir et une fois la cover terminée, la journée de travail a fini plus tôt et il m’a proposé d’aller en studio pour faire un peu de musique - ce qu’on fait ensemble depuis dix ans d’amitié. Le bon moment est sorti en trente minutes. Il l’a joué au piano, j’ai trouvé la topline et on l’a enregistré. Ce titre est né sur un claquement de doigts entre potes.
Tu as fait ces premières parties comme celles de Bekar et Davodka. C'est quel exercice pour toi ?
J’ai eu la chance d’en faire tôt et c’est toujours la bonne occasion de pouvoir présenter son projet à un public. Ce concept me plaît bien et c’est un challenge à chaque fois.
As-tu le souvenir de ta toute première scène ?
Oui. C’était lors d'un événement qui s’appelait La Castagne, à Caen, organisé par une association toujours active et basée en Normandie. Ça ressemblait aux affrontements de rappeurs au temps des Rap Contenders. J’avais un adversaire à chaque fois et l’objectif était de gagner jusqu’en finale. J’avais dix-huit ans et ça m’a permis de rencontrer plein d’acteurs de la musique et de faire des premières parties.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Une image vaut mille mots. »







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