Olivia Courbis : "J’ai appris qu’il faut juste être soi."
- Samuel Massilia

- 3 oct.
- 4 min de lecture
Entre danse, acting et yoga, Olivia Courbis a construit un univers où le corps devient langage. Nourrie par ses expériences à l'étranger et en France, elle mêle rigueur et spontanéité, exigence et bonne humeur. Olivia fait tout avec une grande énergie et beaucoup de passion. Elle avance avec son cœur et continue de tracer son chemin avec une liberté qui se ressent dès les premiers instants. Rencontre.

« Olivia, en plus d’être danseuse et comédienne, tu es professeur de yoga et de sport. Comment peut-on suivre tes cours ?
Je bosse sept jours sur sept. Mon cours « signature » est celui du cardio-danse, dont j’ai retravaillé la chorégraphie pendant le confinement. On fait ça sur des musiques des années 80 ou 2000, et à la fin du cours, on se réunit pour chanter. En yoga, on chante des mantras, des sons qui font vibrer l’eau qu’on a dans le corps et ça permet aussi de sentir toutes les personnes présentes dans la salle. Beaucoup jouent le jeu. Les gens ont un rythme de vie intense et ont besoin d’un moment de nettoyage. Je propose également des cours différents, comme du Pilates Burn ou du Hot Pilates. On peut me retrouver au Club Lulu, Chez Simone, au My Ginger à Saint-Germain-des-Prés ou me suivre sur Instagram car je partage, tous les lundis, les adresses de mes cours.
Tu fais de la danse depuis l’âge de huit ans. Qu’est-ce que ça a apporté à l’enfant que tu étais ?
Je me souviens du premier cours. On m’avait mis dans le spectacle de fin d’année, par politesse (rires). Je ne faisais que des déplacements, mais d’être au milieu de la scène, de lever les bras dans cette chorégraphie, je trouvais ça trop stylé ! Sur le chemin des cours de danse, ma mère me disait que si je ne connaissais pas mes tables de multiplication, je n’irais pas à la danse ; je me suis alors retrouvée à faire des 3x4 et des 6x2 sur le chemin (rires). Tout ça pour finir avec un bac L… J'étais traumatisé des chiffres ! (Rires)
Après le bac, tu t’envoles pour les États-Unis où tu vas passer trois ans à l’école de danse Alvin Ailey, à New York. Quelles images te reviennent de cette période-là ?
La liberté ! J’avais déjà découvert la vie quand je m’étais fait les croisées à 17 ans et m’étais retrouvé pendant un an sans danse et six mois en remise à niveau. J’étais en sports-études, je ne voyais personne. Après cette blessure, j’ai commencé à sortir, à me faire des copains, des copines. Et puis j’ai décidé de partir à New-York quand j’ai pu reprendre la danse. J’avais envoyé mon dossier à plusieurs écoles, et en premier à Alvin Ailey. J’ai eu l’audition et à 19 ans, j’ai fait mon sac et je suis partie.

Pourquoi cette école ?
Elle a été créée par Alvin Ailey pour que les Afro-américains puissent avoir une place pour danser et avoir des ballets sur leur propre histoire, aussi. Ils font des tournées mondiales et ont une exigence aussi élevée qu’à l’Opéra de Paris, mais sur des sujets différents. Chez eux, le danseur doit pouvoir passer de la danse classique sur pointe à du hip-hop ou à du krump. Pour moi, ce sont les meilleurs danseurs du monde.
Qu'as-tu appris ?
Ça m’a mis en paix avec tout ce qu’on me pointait du doigt en France. On disait que j’étais trop grande, trop grosse ou trop carrée, trop musclée. Aux États-Unis, les filles font ma taille, elles sont rasées sur le côté, tatouées, et je me suis dit que tout allait bien, je ne suis pas bizarre (rires). J’ai appris qu’il faut juste être soi. En général, aux États-Unis, on te juge sur le côté artistique et non sur ton physique.

Sur scène, tu as joué dans Lost in Buenos Aires, une pièce de théâtre montée en Argentine avec Redha Benteifour. Comment est née votre rencontre et ce projet ?
Ma mère (Clara Paban) l’avait invitée dans son émission sur BeIN Sports et je voulais le rencontrer. Redha a fait Roméo & Juliette, Belles Belles Belles et était avec Michel Drucker dans l’émission Champs-Élysées. Il aime les gens atypiques, ceux que personne ne veut. Il a accepté le challenge avec moi. L’Argentine m’a tellement nourrie qu’avec Redha, on en a fait un seul-en-scène. J’étais en pleine rupture amoureuse, triste, et il m’a dit de garder toutes ces émotions pour en faire quelque chose. Je suis une personne très bosseuse, mais il faut aussi me secouer car je n’ai aucune idée de mes limites. J’ai vaincu des peurs avec lui. Quand tu rencontres Redha, il transforme ta vie, il te partage tellement la sienne quand on est en studio que tu t’ouvres aussi à ton tour. C’est l’une des personnes les plus inspirantes que j’ai rencontrées.
As-tu le souvenir de ton premier tournage ?
Oui ! Et je pense que ce sera le meilleur tournage de toute ma vie. Philippe Bas était venu me voir à la pièce de Redha et six mois après, il m’a parlé d’un téléfilm pour TF1, réalisé par Julien Seri, et m’a proposé de passer des essais car la chaîne ne voulait pas d’un homme pour jouer un méchant. J’ai été validé et j’étais partie pour trois semaines en tournage dans le sud. J'interprétais une mercenaire, elle séquestrait des enfants et tirait à la mitraillette, c’était incroyable ! (Rires) Même quand je ne tournais pas, je restais avec toute l’équipe pour des photos des backstages. J’ai pu observer toute cette chorée, ce ballet - son, lumière, etc - s’activer avant qu’on joue notre scène.
Quels sont tes prochains projets ?
Cet été, j’ai tourné pour Kery James dans Banlieusards 3 sur Netflix et je pars à Marseille pour une journée de tournage sur Alter Ego, réalisé par Philippe Dajoux, avec Éric Cantona et Bruno Sanches. Sinon, je fais pas mal de stages avec des directeurs de casting pour progresser.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
J’en ai deux. La première vient de New-York : « Make it happen ! » Et la deuxième, je la dis tout le temps à la fin de mes cours de yoga : « En signe de gratitude pour vous-mêmes, souriez et montrez vos dents ! »







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