La culture remplit sa vie. Philippe Duclos cultive sa curiosité au quotidien par la lecture ou les films, « j’ai gardé mon âme d’étudiant » se souvient aujourd'hui l'acteur reconnu pour avoir longtemps prêté ses traits au juge Roban, mais aussi pour son parcours artistique où les planches de théâtre et les plateaux de tournages sont devenus des terrains de jeu favoris. Rencontre.
« Philippe, on vous retrouve ce soir dans un épisode inédit de l’Art du Crime sur France 2. Qu’est-ce qui vous a séduit il y a six ans pour rejoindre la série ?
C’est le mélange de comédie et de drame. Chez les anglo-saxons, on n’a pas peur de mélanger les genres, alors qu’en France on a plutôt tendance à classer. Dans l’Art du Crime, le père et la fille ont traversé des moments dramatiques dans leur vie, comme le décès de la mère. Il y a des situations très sérieuses - des personnages risquent leur vie – qui se mélangent à des scènes très légères.
Botticelli occupe une place dans ce nouvel épisode. Quelle résonance a cet artiste pour le passionné de peintures que vous êtes ?
J’avais une vingtaine d’années passées lorsque j’ai fait un voyage à Florence avec mon amoureuse à l’époque. Les premières peintures que j’ai découvertes ont été celles de Botticelli.
Quels partenaires de jeu sont Éléonore Bernheim et Nicolas Gob ?
C’est très plaisant de leur donner la réplique, ils sont tous les deux excellents et très ludiques, comme on dit. Ce sont des artistes charmants, ça a été une grande joie de travailler ensemble.
Le grand public vous connaît pour avoir été le juge Roban dans la série Engrenages sur Canal +. Mais parmi tous les personnages que vous avez incarnés jusqu’à présent, pour lequel aimeriez-vous prolonger l’histoire ?
Vous savez, c’est souvent le dernier personnage qui l’emporte ! Dans un personnage que vous jouez, il y a la mémoire du précédent, etc. C’est comme des poupées gigognes. Récemment, j’ai beaucoup aimé être dans la pièce L'Orage d’Alexandre Ostrovski, montée par Denis Podalydès. Et à l’image, mon cœur serait partagé entre Pierre Chassagne dans l’Art du Crime et le juge Roban, qui a accompagné ma vie pendant quinze ans, c’était quand même une rencontre majeure.
Quelles images vous reviennent de vos premiers pas au théâtre, notamment auprès de Daniel Mesguich ?
J’ai un mélange d’impressions, à la fois heureuse et difficile. L’apprentissage est long au théâtre, on met du temps pour se sentir dégagé de certains problèmes d’interprétation. Mais il y avait une ambiance particulière : celle des années 70. La question de trouver des formes nouvelles occupait tous les esprits.
Vous dites que le théâtre a bouleversé votre vision du monde…
En 68, j’étais un peu endormi (rires) et c’est par le théâtre que je me suis réveillé, politisé. Toute cette culture, à la fois littéraire, artistique et politique, a été un bouleversement considérable pour moi.
Quelle place occupait la culture à la maison ?
Il n’y avait pas du tout de culture chez moi. Mes parents venaient d’un milieu très modeste, donc je ramenais les livres à la maison. J’ai toujours eu un goût très profond pour la littérature, le théâtre et le cinéma, ça a occupé ma vie très tôt et ça n’a pas cessé. La peinture et la philosophie sont arrivées beaucoup plus tard. La culture m’a donné toutes les réponses à un âge où l'on ne sait pas trop quel sens donner à sa vie.
Quels sont vos prochains projets ?
Dans moins d’un an, je vais commencer les répétitions pour une pièce de théâtre, Grand-peur et misère du IIIe Reich, pour le théâtre de l’Odéon et mise en scène par ma fille Julie Duclos.
Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?
« La vie n’a pas de sens, elle s’écoule, mais c’est ce flux-même qui importe » de D.H. Lawrence, l'auteur de L'Amant de Lady Chatterley.
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