Humble et reconnaissant, Rachid Guellaz est tombé en fascination pour le cinéma et la comédie dès son plus jeune âge. Audacieux et persévérant, il aime donner une couleur particulière à ses personnages et leur injecter un peu de sa personnalité. Chaque rôle qu'il incarne reste en souvenir et sa puissance naturelle fait de lui un visage de plus en plus présent de la fiction française. Rencontre.
« Rachid, on t’a récemment retrouvé dans la série 66-5 sur Canal +. Tu incarnes Karim, un trafiquant de Bobigny qui porte des manteaux en cuir et de longues vestes...
Quand j’ai su que j’allais jouer un mec de banlieue parisienne - ce que j’ai déjà incarné - j’ai longuement parlé avec Danielle Arbid, la réalisatrice des quatre premiers épisodes, pour lui dire que je voulais une signature chez ce personnage, dans le style ou la manière d’agir, de parler. Qu’on se demande d’où il vient, qu’il soit un peu intrigant. J’ai regardé beaucoup de films comme Les Affranchis ou Pulp Fiction, des références que j’ai données aux costumières pour que mon personnage puisse avoir sa propre identité vestimentaire.
Le grand public t’a découvert avec une autre série Canal + : Validé de Franck Gastambide. Qu’est-ce que le succès de cette série à changer pour toi ?
Je suis un très grand fan de rap français et si je n’avais pas été comédien dans la série, j’aurais été le premier à la regarder. C’était gratifiant de jouer dans Validé, je remercie encore Franck de cette chance-là. Le directeur de casting m’avait dit que Franck pourrait prendre un acteur connu, mais au final il a fait confiance à un inconnu, moi (rires). Sur le tournage, on rencontrait beaucoup de gens, de guests, c’était incroyable. Mais on était incapable de s’imaginer à quel point ça aurait du succès. Je ne peux pas te dire le nombre de messages reçus dès le premier mois de diffusion, les chiffres avaient explosé dès le premier jour. Je me fais reconnaître dans la rue, même trois ans après on m’en parle. Yamar m’a donné une visibilité. On fait aussi ce métier pour que ça plaise au public, et ils ont été conquis par Validé.
Si Yamar a marqué les esprits, les téléspectateurs n’ont pas forcément apprécié sa personnalité. A la lecture du scénario, qu’as-tu aimé chez lui ?
C’est un mec vrai qui, sans les codes, veut exister. On ne peut pas lui en vouloir d’avoir envie de réussir autant qu’Apash (Hatik) ou Lalpha (Laetitia Kerfa) dans la saison 2. Les méthodes de Yamar ne sont pas bonnes et ça me fait rire de jouer une crapule, un gars détesté, c’est assez jouissif de donner vie à ces mecs-là. Je me suis vraiment beaucoup amusé. Mais je ne me doutais pas qu’il allait créer autant d’impact.
Sur les ondes de Skyrock, tu as proposé un Freestyle Old School. Quel est ton rapport avec la musique ? Et en écoutes-tu pour préparer un rôle ?
J’en suis passionné. J’écoute la musique pour me divertir, mais il y a aussi les paroles qu’on écoute et qui résonnent en nous, nous motivent, font passer un message. Ensuite, quand je lis un scénario, chaque personnage a sa playlist de musique plus ou moins aléatoire. Je ne réfléchis pas à des morceaux précis, ça se fait instinctivement.
A l’âge de six ans, tu vis ton premier choc cinématographique avec Harry Potter au cinéma CGR de Tours, d’où tu es originaire. Puis tu regardais en boucle les cassettes de Bruce Lee. Quelle place occupait le cinéma à la maison ?
J’ai toujours vu ma mère regarder des séries égyptiennes et turc sur les chaînes arabes. Mon père, c’était plus Jean-Claude Van Damme, Bruce Lee comme tu le dis et Jackie Chan. Il continue de me faire découvrir des films, il en regarde tout le temps à la télé ! Très jeune, j’ai pris goût à ce métier en regardant des making-of et en allant au cinéma tout seul. Mes potes préféraient m’accompagner quand il y avait des blockbusters américains. J’ai passé pas mal de temps dans les salles à voir des films d’auteurs. C’était mon rendez-vous. Mais par rapport à Harry Potter, tous ces effets spéciaux et cette magie à proprement dite, m’ont donné envie d’aller beaucoup plus loin. J’ai regardé les comédies françaises de Djamel Bensalah (Le Ciel, Les Oiseaux… et ta mère !, Neuilly sa mère) et je les aimais parce qu’il y avait des jeunes de mon âge dedans. Mes premières claques, ce sont ces films-là.
A travers les cours de Karine Nuris et l’expérience des tournages, qu’as-tu appris sur le métier de comédien ?
Pour moi, il faut être soi-même. En tant qu’acteur, il ne faut pas se mettre de limites, on doit rêver à travers les personnages, les aimer sans les juger malgré leurs failles. Pour ma part, ça m’a énormément aidé d’avoir une coach. Elle m’a permis d’être à l’aise sur une palette de jeu beaucoup plus large. En travaillant, on peut tout réussir. Être acteur, c’est entrer dans n’importe quel personnage, parfois à l’opposé de nous physiquement et mentalement. On peut aussi avoir des similitudes. Par exemple, j’ai deux points communs avec Yamar, ceux d’avoir grandi dans un quartier et d’aimer le rap.
Tu as été judoka pendant plusieurs années. Le métier d’acteur demande aussi d’être un sportif de haut niveau ?
Oui. À partir du moment où c’est un art, ça se ressemble. Je retrouve des similitudes dans la rigueur, le travail, dans le fait de ne pas lâcher et de tenir jusqu’au bout. Au judo, on tombe au sens propre du terme et on doit se relever. Il y a aussi l’hygiène de vie. J’aime autant la bouffe que le cinéma (rire) mais quand tu as un tournage ou un casting, ton sommeil est important. Si on n’a pas un minimum de condition physique, on peut assez vite se retrouver sur le carreau, perdre en lucidité et ne plus être concentré sur notre texte et les émotions à retransmettre. Être prêt mentalement est aussi nécessaire pour gérer le stress et l’effort.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai tourné dans la série Plaine Orientale de Pierre Leccia pour Canal +. Ensuite, je suis actuellement en Italie pour la série Un Prophète, un remake du film pour OCS. Et je tourne actuellement dans le film Le Domaine à Saint-Nazaire qui sortira l’année prochaine.
Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?
Je la dis souvent : « Le temps, ce n’est pas de l’argent, c’est des souvenirs. » Je préfère avoir mille souvenirs à raconter plutôt qu’avoir mille pièces d’or. »
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