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Toma, tendresse & sincérité !

Toma découvre la musique avec la batterie alors qu'il n'a que six ans. Guitare en main, il ne s'arrête plus de gratter sur son instrument de prédilection. Dix ans de Conservatoire, de chemins parcourus, d'obstacles surpassés, de titres composés et de rencontres artistiques nouées, Toma est l'incarnation parfaite de l'artiste passionné par les notes musicales et les textes qui ont du sens. Et ça tombe bien, son nouvel EP Entre Nous apaise, rassure, nous fait esquisser un sourire en coin face à nos failles, nos tracas du quotidien, mais avec une caresse de mélancolie et de sympathie qui ne quittent jamais son auteur. Rencontre avec Toma, tendresse & sincérité !


© David Delaplace

« Toma, tu as sorti le 11 mars dernier ton nouvel EP Entre Nous avec six titres parfumés de tendresse. D’où te vient ce goût très prononcé pour les mots ?

Le rap est arrivé très jeune dans ma vie, j’ai commencé à en écouter à onze ans. À mon époque, NTM et IAM étaient les deux groupes phares en France. Mes parents, eux, écoutaient beaucoup Renaud, Léo Ferré pour ma mère, il y avait de la variété française à la maison. Mon amour pour la chanson vient de là même si le rap a été la pierre angulaire de cet amour pour les mots. J’appelle ça de la poésie populaire, de la poésie de rue.

J’ai commencé à jouer dans des groupes de rap puis je suis tombé dans le reggae en découvrant Bob Marley. Et vers 21 ans, j’ai décidé de faire cavalier seul avec l’écriture de mes propres chansons. Je pense avoir toujours été un solitaire. À l'époque des groupes, mes potes savaient déjà que la musique serait mon métier. J’étais le plus sérieux, assidu et intransigeant. Quand tu es artiste, c’est la musique qui te choisit.

La musique a bien fait de te choisir. L’inspiration ce n’est pas comme un interrupteur, il ne suffit pas d’appuyer dessus pour que ça fonctionne. Quand les idées ne viennent pas, tu réagis comment ? J’arrête de chercher. J’essaie de vivre et de créer autour de moi un environnement qui me fasse me sentir bien et qui puisse relier les canaux de l’émotion, du vécu et l’envie de prendre la parole. Il y a des moments où faire de la musique me démange complètement. L’inspiration n’est pas une science exacte. Je te le dis, ce métier est vraiment difficile. Les gens ne s’en rendent pas compte parce qu’ils ne voient que le résultat.


En effet, ton EP connaît un beau succès mérité mais on n’imagine pas forcément la sueur qu’il a fallu pour lui donner vie… Il y a un an de travail avec l’envie d’être vrai et détaché de toutes influences de producteurs. J’ai réalisé les chansons de cet EP avec mes amis Florian Rossi et Julien Guerreau. On a composé ses chansons avec Julien, il a été mon miroir et m'a permis de sortir toutes ces chansons déjà en moi très certainement. Il était mon miroir, me disait quand ça lui parlait ou non. On a fait ce disque à trois et c’était vraiment agréable. Je pense que c’est mon meilleur projet et le début de ma vraie carrière. Avec cet EP, je suis tout nu et c’est très bien comme ça.

On te découvre avec ta voix douce et des mots forts, comme on peut l’écouter dans C’est comme ça la vie Quand j’ai écrit cette chanson pour ma fille - qui va sur ses 22 ans - elle avait un chagrin d’amour. J’ai fait ce titre pour lui dire qu’elle rencontrera certainement quelqu’un qui méritera son amour. Ce qu’il y a de plus beau et de plus parfait dans la vie, c’est ce qui ne l’est pas. Ce qui est beau chez les gens, ce sont les imperfections, les manquements. Je me méfie des personnes focalisées sur leur aspect extérieur ou qui essaie d’avoir toujours l’air bien. Je pense que ce n’est pas possible, ou alors il ne faut pas avoir d’empathie pour le monde qui t’entoure et dans le monde actuel, c’est impossible pour moi.

Dans 2ème mi-temps, je te cite : « c’est qui ce gosse sur la photo ? » Que dirais-tu à l’adolescent que tu as été ? Je lui dirais que c’est le travail qui paye dans la vie. Ne te repose pas sur ton soi-disant talent, mais travaille beaucoup.

© David Delaplace

Quand on est un artiste qui travaille quotidiennement sur sa musique, est-ce que le mot « talent » est inclus dans la réussite d’un projet ? C’est très rare. Je ne me le dis jamais. Qu’est-ce que c’est le talent ? Il y a aussi un facteur chance dans ce métier. Je peux juste te dire qu’à un moment, la magie te touche un peu et tu vas écrire une chanson que les gens vont aimer. J’ai passé ma vie à être frustré, complexé de mon écriture, de ma voix, je me caricaturais moi-même. J’ai beaucoup travaillé pour être aujourd’hui à l’aise avec ce que je renvoie.

Tout cet investissement en aura valu la peine, pour faire référence au titre qui conclut ton EP… J’aimerais qu’on écoute ma musique pour se rassurer quand la vie prend un peu moins de sens. Ce qui t’arrive dans la vie, bon ou mauvais, doit te servir. Dans cet EP, je trouve qu’il y a beaucoup de tendresse et de mélancolie. Pour moi, la mélancolie n’est pas de la tristesse mais de la nostalgie, c’est regarder sa vie avec une certaine tendresse justement. Au moment où j’ai écrit ces chansons, j’avais besoin de tendresse et aujourd’hui, on en a tous besoin.


De la tendresse tu n'en as pas beaucoup reçu l'année dernière comme tu l'expliques dans une vidéo sur ton compte Instagram... En 2021, j’ai entendu que j’étais une vieille marque et que ça n'intéressait pas l'industrie, qu'il fallait faire de la musique pour les jeunes. Je t’avoue que ça m’a blessé. Être critiqué pour ce que je suis, j’ai trouvé ça injuste. J’ai eu envie de raconter aux gens qui me suivent ce que je ressentais par rapport à ça. On est dans une époque où il faut vendre du rêve et je trouve que c’est la pire des phrases qu’on puisse dire à quelqu’un. Vendre et rêve, ces deux mots dans une même phrase, pour moi ça ne marche pas. Le rêve n’a pas de prix.

Il y a pas longtemps, on demandait à la chanteuse Adèle : « Pourquoi vous n’avez pas de compte TikTok pour les jeunes ? » Elle a répondu : « Moi, je fais de la musique pour leurs parents. Leurs enfants me connaissent aussi mais en plus de ça, c’est un honneur pour moi de faire de la musique pour les grandes personnes. » Ses propos m’ont rassuré. Ça voudrait dire que maintenant, il n’y a plus que les mômes de 10 à 14 ans qui écoutent de la musique ? Ce n’est pas vrai et encore heureux que ce soit faux. Les jeunes ont besoin d’être guidés, d’avoir des exemples, comme nous, on a besoin d’eux pour avoir de la fraîcheur dans la vie et nous confronter à nos immobilismes.

Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

Aujourd’hui, tout le monde veut de la fantaisie, mais ce dont les gens ont réellement besoin, c’est de la réalité. »

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