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Vanessa Fery, la voie du rire !

Elle parle de son métier avec une énergie sautillante et une bienveillance à tous les étages. Après son nouveau spectacle Simples Mortels et ses retrouvailles avec le public, Vanessa Fery s'est posée en terrasse avec Manu De Arriba, son camarade d'écritures. Autour d'un verre, Vanessa reste sans filtres quand il faut jeter un coup de rétroviseur sur son parcours. Entrecoupée par un serveur au contact facile et à la gentillesse assumée, l'heure passée avec Vanessa Fery pourrait se résumer en un mot : joyeux. Rencontre avec Vanessa Fery, la voie du rire !


© Ingrid Mareski

« Tu sors de deux représentations à Aix-en-Provence au théâtre de la Fontaine d’Argent. Comment te sens-tu ?

Je me sens libérée, hyper contente. Ce spectacle est tout nouveau, on le rode à fond et merci à Fabienne et Jacques pour leur confiance. Je les connais depuis dix ans. J’adore Aix, c’est un super laboratoire, un super théâtre. Je sais où je dois travailler et tout le boulot qu’il reste à faire. Le public a été formidable. Ça fait partie de ces instants magiques où le public et toi c’est le bon rendez-vous. Après dix mois d’arrêts, j’avais envie de leur donner de l’amour !


Tu leur en as donné même si maintenant ils sont masqués...

Au début, j’ai eu peur qu’on entende moins les rires, mais finalement pas du tout. Moi, ça ne me change rien, je ne suis pas masquée sur scène et encore heureux ! Après ce qu’on a vécu et vu les normes sanitaires que l’on doit respecter - et c’est complètement normal - c’est courageux de venir au théâtre. Ceux qui viennent ont vraiment envie d’être là.


As-tu un rituel pour booster ton adrénaline et effacer le trac avant de monter sur scène ?

Je n’essaie pas de canaliser mon adrénaline. Comme je le dis souvent, ne monte pas sur scène en réfléchissant trop, vas-y avec tes tripes. Je me prépare, je me maquille, je revois mes textes là où je pêche un peu, je raconte des conneries avec mon co-auteur Manu de Arriba. Je suis un peu comme un lion en cage, j’ai envie d’aller sur le ring. Je touche la scène, je pense à mon papa qui n’est plus là et aux gens que j’aime, je me dis « Go ! Amuse-toi et amuse-les ! » Je fais le meilleur métier du monde.


Mais aussi l'un des plus difficiles...

Ce n’est pas le plus facile, je te l’accorde. Il y a des moments de doute, de solitude, mais faire rire c’est génial.



J'ai eu le plaisir de découvrir ton spectacle Simples Mortels. Tu incarnes une galerie de personnages hauts en couleur, issus de ton observation personnelle ?

De la nôtre avec Manu. Je suis très fan de l’émission de télé Strip-tease, qui a existé il y a longtemps. Je pars du principe que rien n’est jamais plus drôle que la vie, il faut juste savoir regarder. Parfois, avec Manu, ils nous arrivent des merdes et on se dit que ce n’est pas grave, on en fera un sketch. Prendre les choses avec humour, c’est les prendre avec du recul et un angle de vue un peu plus haut. Coluche écrivait à la terrasse des PMU.


La vie est la meilleure source d’inspiration…

Mais bien évidemment ! J’entends parfois des phrases dans le métro, je les note, j’ai des carnets remplis, Manu aussi. On écrit tous les jours, tout le temps. Notre cerveau est habitué à ça. Avec Manu, on forme un très bon duo d’écritures.


D'où te vient ce goût très prononcé pour le jeu ?

Je ne suis pas d’une famille d’artistes mais j’ai une maman très drôle, elle a énormément d’humour. Depuis toute petite, j’ai toujours écrit. Je m’en foutais des poupées, je voulais des carnets et des stylos. Ma mère coupait la radio car je parlais trop et j’en reviens à faire des voix pub. Ça fait rire ma mère.


À 13 ans, j’ai eu un gros déclic. Ma mère m’a emmenée voir le premier one de Valérie Lemercier. Elle avait un pin’s, une fleur avec une fraise au milieu, je l’ai toujours, c’est mon porte-bonheur. J’ai eu l’occasion de la rencontrer et je lui ai montré le pin’s, ça lui a fait un peu bizarre. À la sortie de son spectacle, j’ai dit à ma mère : « Elle fait le plus beau métier du monde, elle fait rire les gens. » J’ai aussi été danseuse, animatrice radio, ça ne m’a jamais quittée.


Que te disait ta maman sur ton envie de faire ce métier ?

Ma mère m’a dit « Tu as le cul bordé de nouilles », je lui ai répondu « Maman, je suis carrément dans la marmite de nouilles ». J’ai eu de la chance. La vie, c’est des rendez-vous. Il y en a que tu loupes ou réussis. Il ne faut pas se prendre la tête plus que ça. J’ai eu beaucoup de chance mais je sais qu’elle se provoque aussi.



À quel moment tu décides d'en faire ton métier ?

Un jour, j’ai fait un pari bourré avec le patron de l’espace Gerson à Lyon, il m’a dit : « T’es pas capable d’écrire quinze minutes en trois semaines. » Moi je ne suis pas capable ? Le cap ou pas cap, faut pas me le faire (Rires). Une semaine après, il m’appelle : « Alors ça s’appelle comment ? Tu fais la première partie de Christophe Alévêque. » Ça s’est bien passé, je suis partie en tournée avec lui et puis après j’ai fait des festivals.


Les Blancs Manteaux m’ont ensuite repéré. Je suis arrivée à Paris, j’ai fait Les Grosses Têtes en invité mystère. Cauet m’a repéré et produit mon premier one-man et je suis devenue auteur pour la Méthode Cauet. Je devais rester trois mois à Paris, ça fait 14 ans, merci Sébastien Cauet !


Quand Cauet m’a vu, il m’a proposé de manger ensemble. Et à l’époque j’avais 20 euros sur moi, je reprenais le train pour aller à Lyon. Il m’a emmené à l’avenue Montaigne, j’ai regardé les prix « Je vais prendre une salade verte sans vinaigrette », il m’a regardé « Non mais c’est moi qui paye », « Bon, je vais prendre avec de la vinaigrette alors » (Rires).


Il fait partie des anges gardiens qui t’ont permis de bien débuter dans ce métier ?

Il fait partie des gens qui compte énormément, qui m’ont donné ma chance, je les en remercie. Alexandre Pesle aussi (Sylvain dans Caméra Café, l’auteur des Nuls), c’est mon parrain de scène, que j’aime énormément.


Les années passant, il y a plein d’autres gens. Aujourd’hui, Nagui produit l’émission dans laquelle je suis sur France 2. Bouvard a été important pour énormément de gens dans l’humour. Christelle Chollet, je l’ai rencontré pendant le confinement, on a fait une soirée géniale pour Comédie qui s’appelait Clandestine avec Chantal Ladesou et Anne Roumanoff. Il y a aussi tous les patrons de salle, ils te font confiance et c’est génial.


La première fois que tu es monté sur scène, tu as senti que tu étais à ta place ?

C’est une drogue. Pendant des années, j’ai eu l’habitude de jouer quatorze fois par semaine. En 2020, j’ai joué quatorze fois sur un an. Au début du confinement, tous les soirs à 20h, j’avais envie de monter sur scène. Mon mec me disait « Non non, c’est juste l’heure des infos, calme-toi. » J’ai joué devant lui, c’était très bizarre. La scène c’est du live. Tu te jettes dedans. Ça passe ou ça casse mais tu te sens vivant.



Qu’est-ce que la scène a pu débloquer en toi ?

La scène m’a appris à me canaliser dans la vie. Tu as une boîte noire pendant un temps imparti, tu fais ce que tu veux. Je suis un peu une hyperactive et ça m’a vraiment appris à me poser dans la vie. Je suis très timide sur mes sentiments. Je veux que les gens soient heureux. On reste des gamins dans nos têtes.


Garder cette âme d’enfant, c’est le cœur du métier ?

On ne dit pas « Je vais travailler », on dit « Je vais jouer ». Il y a bien sûr de l’argent en jeu mais les applaudissements sont un salaire, ça te remplit le cœur. Les applaudissements et les rires sont les plus beaux bruits du monde. Il faut garder sa part d’enfant.


Je le dis à mes partenaires dans Et elles vécurent heureuses : « C’est une heure et quart que les cons n’auront pas ». Je peux passer une journée de merde, j’arrive au théâtre, je coupe mon téléphone, c’est un moment hors du temps, un exutoire.


Comment on trouve la force de jouer si on a passé une journée difficile ?

Tu cloisonnes, tu n’as pas le choix. Quand j’ai perdu mon papa, j’ai joué le soir-même. Mon partenaire de scène m’a demandé ce que je faisais là, je lui ai répondu que je voulais me sentir vivante. Je sais qu’on a cartonné, mais j’étais tellement vide de tout sentiment…


Il y a un côté cathartique…

Le rire, les pleurs, les larmes, c’est très lié. L’amour et la haine sont des frères ennemis, tout est mélangé. C’est beau ce que je dis (Rires).



Le métier d'humoriste est de plus en plus sollicité par la nouvelle génération...

Il faut faire ce métier pour les bonnes raisons. Si tu le fais pour être connu, n’y va pas. Sois comédien pour jouer, incarner. Je ne dirais jamais à personne de ne pas essayer. Il ne faut pas avoir de regrets.


Maintenant on en voit arriver, ils ont tout pensé par rapport aux réseaux sociaux, mais ils n’ont pas bossé leur texte et ils se plantent sur scène. Tu peux avoir le meilleur marketing du monde, si le produit n’est pas bon, c’est mort. Ce n’est pas que de l’image, il y a du fond.


On peut avoir tous les réseaux sociaux du monde, le bouche-à-oreille reste la communication de base.


Quand je regarde ton parcours artistique, je vois du seul en scène mais aussi des pièces en troupes. Tu as besoin de cet équilibre ?

Complètement ! Il y a un vrai équilibre entre les deux. Je suis une vraie louve, quand je bosse en équipe, c’est ma famille. Il n’y a rien de pire que de partir seule en tournée. La scène te fait garder les pieds sur terre, ça marche ou non tu te le prends dans la gueule. Titouan72 de la Creuse qui te dit « Je n’ai pas aimé » sur les réseaux sociaux, tu t’en fous.


Avec quel artiste aimerais-tu avoir une discussion sur le métier ?

Il y a deux personnes. Une, ce n’est plus possible, c’est Jacqueline Maillan, mon Dieu vivant. Je suis archi fan de cette femme. Elle a une force comique, un sens de la rupture, une vie pas facile, une remise en question. Je l’admire.


J’aimerais dîner ou passer une semaine avec Jim Carrey. Il est d’une drôlerie sans nom. Je le suis sur Instagram, il poste des phrases tous les jours. Il va loin dans ses rôles, c’est un génie. Je lis son livre, il est formidable.


On a beaucoup parlé d’humour mais tu es une artiste couteau suisse. Tu es la voix off d’un grand nombre de pubs que l’on entend chaque jour sur nos écrans…

C’est un exercice particulier. Voix off, ce n’est pas un métier. Ce sont des comédiens qui font des voix. J’ai fait une école de communication à Lyon et j’ai eu la chance d’avoir comme prof de radio Laurent Pasquier, la voix française de Mickey.


Il me dit que j’ai une voix, je lui réponds : « Arrête, j’ai la voix d'une fumeuse de clope à la Jeanne Moreau, le matin je me lève on dirait Robert » (Rires). Ce qui est très compliqué en voix, c’est la promo, les mentions légales. J’ai fait pas mal de doc, de voice over en télé.


Avant le confinement, j’ai pris un stage de doublage. Mon ami Thierry Berthier produit des dessins animés, il est mon parrain de voix. Récemment, j’ai fait un Disney pour la série Monstres et Cie. Ce sont des petites voix, je commence mais je m’éclate !



On te retrouve aussi à la télévision dans l’émission Tout le monde à son mot à dire sur France 2. Comment s’est présenté ce projet ?

En juin 2019, mon agent m’appelle : « Tout le monde à son mot à dire teste des nouveaux comédiens pour l’émission. » Je vois Olivier, Sidonie, je trouve ça drôle et dans l’émission il y a déjà des potes à moi : Soren Prevost, Philippe Lelièvre, Arnaud Gidoin, Gérémy Credeville, Isabelle Vitari.


Ils me testent sur deux émissions. Je fais la première et je sors un truc qui me fait passer dans tous les bêtisiers. À la pause, Olivier me dit : « Vaness, t’es dans les bêtisiers, c’est mort. » Ils me gardent et ça fait maintenant deux ans que j’ai trouvé ma place dans l’émission.


Je n’aime pas dire qu’on est une grande famille, ça fait un peu fake, mais dans cette émission il y a une bonne humeur. Olivier et Sidonie sont formidables, ils nous laissent faire ce qu’on veut. Il faut avoir un peu de culture générale aussi pour aider les candidats (Rires).


J’ai découvert Bruno Guillon, Manu Lévy, les miss France Camille Cerf et Valérie Bègue. Ariane Brodier je la connais depuis 17 ans. Je suis une très bonne cliente, c’est de l’impro et je remercie Gérémy, il a parlé de moi à la prod. Damien Thévenot est ma découverte de cœur, il est devenu un ami, je l’aime d’amour. C’est une émission super à faire. Il n’y a pas d’ego.


Sur la première émission, je me permets de dire à Olivier : « Tu as le bonjour de mon co-auteur Manu de Arribas » et là il me fait « Cette bonne vieille branche de Manu ! » Manu est venu sur le tournage et ils se sont tombés dans les bras. Ils ont vécu des aventures de ouf. Le monde est tout petit. Humainement, c’est génial. Les gens ne le voient pas mais voir Manu à côté d’Olivier Minne, c’est très drôle (Rires).


Tous les deux mois on tourne. La télé c’est un kif, on t’envoie un taxi, on te file des fringues gratos, on a quand même un beau métier (Rires).



De la petite lucarne au grand écran il n’y a qu’un pas. Tu as fait tes débuts au cinéma dans la peau de Mme Arsac, la prof qui engueule Serge Benamou dans La Vérité si je mens 4...

J’ai adoré ce rôle ! C’est mon premier au cinéma. David Baranes, un directeur de casting que j’aime beaucoup, m’appelle au mois de juillet et me dit « Demain tu passes le casting », « Je ne peux pas, je suis au festival d’Avignon », « Envoie moi une self tape. » Pour lui envoyer, je galère, je n’ai pas de 4G, c’est l’horreur. À 14h, il me dit c’est bon, je suis prise.


J’ai tourné au mois d’octobre et rencontré Gérard Bitton et Michel Munz qui ont été géniaux. Mickaël Lumière est un amour, un comédien exceptionnel. Anton (qui incarne Benamou) est génial.Le ciné, c’est aussi une autre aventure.


Demain, on me donne un rôle récurrent dans une série, je le prends directement. Il y a une vraie aventure dans les tournages, c’est comme en tournée, on vit ensemble. C’est pour ça que les fêtes de fin de tournage sont très sympas, il y a un côté colonie de vacances.


Quel est ton défaut qui pourrait être une qualité au cinéma ?

De ne pas avoir de filtres. Ça te donne un champ des possibles dans le jeu. Dans la vie, je suis parfois un peu trop sans filtres. Je n’ai pas pris un cours de théâtre de ma vie, à part de l’impro. Ma mère m’appelle l’arnaque de l’humour français. Je trouve ça très mignon. J’ai vraiment appris mon métier de comédienne sur scène. Quand tu n’as pas le choix, tu fais.


Parlons de la chaîne Youtube Le D'Brunch, en duo avec ton ami Yoann Sover…

Yoann je l’aime d’amour, il a une voix exceptionnelle. Il a aussi été animateur télé avec KD2A à l’époque. On en avait marre des chaînes d’infos et on a voulu donner des bonnes nouvelles. J’adore les news insolites, ça me fait rire.


Que manque-t-il à ta collection artistique ?

Avoir un rôle récurrent dans une série ou faire un peu plus de cinéma, j’adorerai. Il n’y a que 24h dans une journée. Avec Manu, on a la casquette de producteurs. On a de grosses journées. Pour la pièce Et elles vécurent heureuses, on va doubler les équipes à la rentrée. Je dois réfléchir en tant que comédienne, auteure, productrice pour le bien de la pièce. Il y a cinq ans, je n'aurais pas pu le faire.


La pièce Et elles vécurent heureuses est à découvrir en ce moment au café-théâtre de La Fontaine d'Argent à Aix-en-Provence. On aura l'occasion d'en parler avec toute la bande mais peux-tu nous faire un petit teasing ?

J’avais cette idée de pièce depuis très longtemps. Les filles d’Arrête de pleurer Pénélope m’ont donné envie de monter sur scène, et Florence Foresti avec Les Taupes Modèles. Le trio en humour marche très bien, c’est du ping-pong, ça part dans tous les sens. C’est comme le jazz, un rythme ternaire. Avec Manu, on connaît les codes de la comédie.


Le teasing ? Ce sont trois nanas qui n’auraient jamais dû se rencontrer à des moments hyper importants de leur vie : une va se marier, une divorce et une est possiblement enceinte. Comment vont-elles résoudre l’équation ?


Pour conclure, une citation fétiche à me délivrer ?

Foncez avec sincérité, croyez en vous et surtout, soyez heureux ! »

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