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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Amandine Prost : "Il y a des jours où je me sens hyper féminine et d’autres plus masculine."

Elle a pris le temps de parfaire son premier album. Amandine Prost signe avec Internative un défilé de onze morceaux aux parfums de pop et de variété. Ses textes aux multiples lectures sont impersonnels pour toucher du doigt l'universel. Enregistré au studio du Faune, près de Rennes, « dans ma maison mère, mon cocon » ce premier album est le reflet de la personnalité de son artiste : doux et captivant. Rencontre.


© Sébastien Marchand

« Amandine, ton premier album Internative sort demain dans les bacs et sur toutes les plateformes de streaming. Quelle a été l’étincelle de départ ?

J’ai eu un déclic sur la finale de The Voice Kids où l’on m’a fait interpréter le titre La Foule d’Edith Piaf, qui a déclenché chez moi une vraie envie d’écrire en français. À ce moment-là, on me donnait la sensation d’être une adulte en m’expliquant le texte et ce qu’était le métier d’artiste. Ça a été révélateur pour moi.


Le titre de ton album est la contraction des mots « internat » et « native ». Quelles images te reviennent de tes années de pensionnat ?

Beaucoup de liberté. On imagine le pensionnat comme un lieu fermé, d’entre-soi et où l’on ne pourrait pas sortir, alors qu’au final, de l’intérieur, on a la sensation d’être très libre. J’ai eu la chance d’être dans un internat avec de belles salles de musique, avec des pianos droits et à queues. J’y passais une heure tous les soirs après le repas, je jouais parfois avec Jeanne Bonjour, une artiste Rennaise. C'est en Terminale que j’ai commencé à écrire ce premier album. La musique prenait une place de plus en plus importante, et les vacances scolaires étaient le seul moment où je pouvais partir en résidence.



Quelles ont été, ensuite, les principales étapes de création de cet album ?

D’abord, c’est ma rencontre avec Olivier Thouault et Jean-François Dufour avec lesquels j’ai tout écrit. Ensuite, j’ai le souvenir d’être parti dans le sud de la France avec Olivier et d’avoir écrit pendant une semaine non-stop, à ne pas sortir. C’était un moment important où le titre Nuit de toits est né. Et puis il y a eu l’enregistrement avec les musiciens. Edouard Leys, un pianiste de jazz fabuleux, m’accompagne sur le live. Florian Dubos et Jocelyn Moze, qui sont respectivement les musiciens du groupe Kyo, ont souhaité travailler sur l’album, faire des batteries, des guitares.


Bleu l'Océan ouvre l’album et invite à ne pas cocher toutes les cases…

J’ai l’impression que le genre est un espèce de spectre sur lequel on fluctue en permanence. Il y a des jours où je me sens hyper féminine et d’autres plus masculine. Le plus important, c’est d’être bien dans ses baskets et ça fait du bien de dire, aujourd’hui, je n'ai pas besoin de me ranger dans une case. Cette chanson est partie de la couleur bleue, parce qu’elle a le plus de nuances et qu’elle fait naturellement écho à la mer avec laquelle j’ai toujours vécu en Bretagne.



Quelle formation et aventure artistique a été The Voice Kids pour toi ?

Quand tu passes les auditions à l’aveugle et que les trois coachs se retournent, tu te sens validé en tant qu’interprète et ça, c’était important pour moi. Jenifer m’a offert un bouquet de fleurs tellement elle était émue. The Voice m’a beaucoup apporté dans mon parcours et sur la confiance en soi. J’avais créé une chaîne Youtube dans le dos de mes parents, puis quand j’ai été contactée pour passer les présélections, j’ai été obligée de leur en parler (rires). Pour me préparer, j’ai demandé à jouer à la fête de la musique de mon village, car je n’avais jamais chanté en public. J’ai ensuite beaucoup travaillé dans ma chambre pour trouver le bon morceau, Skinny Love de Birdy. Ce qui est génial, désormais, c’est que j’ai la chance de travailler avec l’attaché de presse qui a fait en sorte que cette chanson puisse sortir en France et être écoutée. La boucle est bouclée (rires).


Il t'arrive, parfois, de revoir les vidéos de tes passages ?

Oui, pour voir l’évolution. Il y a quelque chose d’assez intemporel quand je regarde la vidéo des auditions à l’aveugle. Pour les autres prestations, je me rappelle la difficulté pour les battles où j’avais eu une extinction de voix totale la veille, et la seule façon de m’en sortir a été de prendre de la cortisone.



Dans ton parcours musical, tu as été intervenante dans des Ehpad avec l'entreprise Les amis d’Hubert. Quel pouvoir a pour toi la musique ?

En arrivant à Paris, je cherchais un job et l’annonce de cette association me donnait envie. Quand je suis intervenue, j’ai vraiment ressenti ce pourquoi j’avais tout arrêté (dont mes études en architecture) pour faire ce métier. C’est-à-dire transmettre des émotions, créer du lien entre les générations. Cette expérience a aussi été un déclic dans ma vie. Auprès des personnes âgées, la musique a le pouvoir de la mémoire. Je suis beaucoup intervenue en unité spécialisée Alzheimer. Quand tu arrives face à des personnes qui ont des difficultés à aligner des mots cohérents les uns derrière les autres et qu’ils te regardent dans les yeux en connaissant par cœur la chanson, tu reçois une dose d’émotion hors norme. Faire de la musique à ce moment-là prend tout son sens.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

Je vais paraître un peu mégalo (rires) en te citant mon premier titre sorti qui est devenu ma ligne de vie : « Si je tentais le pire. »

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