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Baya Rehaz : "Je dis à mes enfants que toutes les mamans sont des super-héroïnes."

La nouvelle année démarre sur les planches pour Baya Rehaz, un retour bienvenu au théâtre pour l'actrice, réalisatrice et auteure, prête à explorer l'essence même de son métier dans quelques jours. Son sens du collectif et de l'observation l'ont amené derrière la caméra de Demain nous appartient, Scènes de ménages ou encore En famille, « la réalisation, c'est de la création pure. » En 2024, Baya continue de tracer son chemin audacieux, affirmant sa place en tant qu'artiste polyvalente, femme entreprenante et maman aimante. Rencontre.


© Guillaume Plas

« Baya, on t’a récemment retrouvé dans la série Mère indigne sur France.tv Slash. Pour celles et ceux qui souhaiteraient regarder les dix épisodes sur la plateforme, quelle présentation ferais-tu de Kenza, ton personnage ?

Kenza tient une posture, celle de la mère parfaite, idéale. En creusant et au fur et à mesure, on se rend compte qu’elle est complètement oppressée par cette image idyllique. En gros, elle est une mère parfaitement sous pression, c’est une cocotte minute prête à exploser, mais elle lutte de toutes ses forces pour ne rien laisser paraître. J’ai lu le scénario d’un coup et tout de suite, j’ai trouvé l’écriture très pertinente, moderne et drôle. Mon personnage a une vraie progression et c’est rare (en tout cas pour moi) d’avoir un rôle avec autant de complexité, ce qui m’a tout de suite attiré. Et puis les sujets abordés dans Mère indigne me parlent, forcément, puisque je suis maman dans la vie et que la maternité chez moi a tout bouleversé.


Quelles images te reviennent du tournage à Marseille ?

Beaucoup de joie, de lumière. Le fait d’avoir tourné à Marseille n’y est pas pour rien ! Cette ville a quelque chose de chaleureux ! Ce tournage a été assez intense, mais ça n’a pas empêché d’avoir une super bonne ambiance. Tout a été fait dans la bienveillance et la douceur, à aucun moment, je n’ai ressenti du stress. Il y avait de la place pour créer, faire des propositions. Et j’ai fait de super rencontres : Eva Darlan, Mounir Margoum ou encore Elodie Frenck.


Dans le dernier épisode, au spectacle de fin d’année, le personnage de Rachel (interprétée par Anne-Elisabeth Blateau) déclare qu’être une maman, c’est de la peur, des questions, et pas toujours des réponses. Pour toi, être maman c’est… 

Une expérience incroyable, intense. La maternité m’apprend tellement de choses. Elle est déroutante aussi, elle peut nous faire sentir en fragilité, en échec, hors en réalité, il n’y a pas d’échec dans la maternité. On fait toutes comme on peut avec nos fragilités et nos forces et avec qui on est en tant que femme. D’ailleurs être maman vient aussi bouleverser la féminité. Dès qu’on est enceinte, on est soumise à un corps qui évolue et qui ne nous appartient plus vraiment. Ensuite, l’accouchement laisse l’impression, physiquement et émotionnellement, qu’un camion nous est passé dessus. Il faut se réapproprier son corps, sa féminité, tout en se découvrant dans un nouveau rôle dans lequel on a envie de tout donner, et c’est très complexe à faire, je trouve, de trouver cet équilibre femme/maman. C’est le propos qu’Anne-Elisabeth et Khaled Amara ont voulu faire passer, il me semble. On est femme avant d’être mère. Je dis et répète constamment à mes enfants que toutes les mamans sont des super-héroïnes, et je le pense tellement. Je l’ai toujours pensé de ma mère et je me rends compte que toutes les mères ont une puissance folle.  


Le personnage de Rachel conclut son discours du spectacle de fin d’année par un « restez des enfants. » Cette notion s’applique aussi au métier d’acteur ? 

Complètement. Je répète actuellement une pièce de théâtre et je vais aux répétitions comme si j’allais en récréation. On travaille avec beaucoup d’exigence, il y a une vraie volonté de bien faire les choses, mais dans ce cadre-là, on s’amuse avec les copains. Tout est sérieux, mais rien n’est grave. Et de manière générale, il ne faut pas oublier qu’on fait un métier où on « joue », c’est quand même génial ! Notre objectif, c’est de raconter le monde et d’offrir aux gens un moment de divertissement qui leur fera du bien. Dans le monde dans lequel on vit, je pense que l’art est nécessaire.


© Guillaume Plas

À partir du 17 janvier jusqu’au mois de mai, on pourra t’applaudir au théâtre Lepic avec la pièce Pas facile d’être heureux quand on va mal, de Rudy Milstein. De quoi parle la pièce ?

De l’âge adulte, de la solitude et de la question de savoir après quoi on court, est-ce que la vie a un sens ou non. C’est quoi le bonheur ? Rudy Milstein a ce don de parler de sujets dramatiques en comédie, comme il l’a fait avec son récent film Je ne suis pas un héros où un jeune avocat un peu transparent devient intéressant pour les autres quand il leur annonce son cancer. La pièce rejoint cette idée que le malheur de l’autre peut un peu parfois nous réconforter, que le bonheur n’est qu’une image et qu'au fond rien ne sert de le chercher puisque la vie n’a aucun sens. C’est une comédie de personnages, avec cette bande de cinq adultes, entre 35 et 40 ans, qui se débattent avec eux-mêmes et les autres pour trouver un sens à leur vie.


Nora, ton personnage, est présentée comme « un nuage plein d’eau »… 

C’est une jeune femme très en colère, elle a un rapport très âpre à la vie, et ça la gâche dans ses relations. Elle a l’impression d’avoir le monde contre elle, de se battre pour tout, tout le temps, que rien n’est facile. Je me retrouve un peu dans ce personnage. Dans ce métier d’acteur, j’ai beaucoup fait les choses par moi-même, en initiant mes projets, parce que les portes ne s’ouvraient pas pour moi. J’ai dû relever les manches et créer mon propre travail. Je ne le regrette pas du tout, j’ai emprunté le bon chemin pour moi.


Quel est ton rapport avec le théâtre ?

J’ai assez peu d’expériences. Ma dernière scène, c’était en 2016 pour Hibernatus, mis en scène par Steve Suissa. Je viens de l’image. Mais cette pièce est tombée à pic, je venais d’enchainer beaucoup de réalisations et j’avais besoin de revenir au jeu, de me mettre en danger, de revenir à l’essence même de ce métier, ce côté artisanal où on part du brut et on polit au fur et à mesure. Cette pièce est un énorme challenge, je suis confrontée à mes plus grandes peurs, à mes plus grandes joies, c’est une exploration ; de mon jeu, celui des autres, je sens que je suis en train de grandir, c’est intense et excitant.



Récemment, tu as été à la co-réalisation de la 5ème saison de La petite histoire de France sur W9 et de la série Nos meilleures années sur M6. Quel exercice est la réalisation ?

Passionnant et exaltant. Tu dessines un monde qui vient tout droit de ton cerveau, de ton cœur. Et quand tu vois ce que tu as imaginé se transposer devant tes yeux, c’est assez jouissif. La réalisation demande une préparation technique exigeante, j’aime bien la verrouiller, mais y laisser de la place pour ce que j’appelle la magie du plateau. On ne peut pas tout contrôler ; sur le plateau, je compose avec l’énergie des comédiens, avec la lumière, le décor. Quand je réalise, je suis énormément mon instinct tout en étant à l’écoute des autres. C’est intense, on doit être constamment concentré, précis et exigeant. Ce qui est important pour moi, c’est le cadre dans lequel on fait tout ce travail : il doit être bienveillant et safe. Je veux voir mon équipe contente de venir travailler, être à l’aise les uns avec les autres, se sentir en sécurité aussi. Je connais tout le monde sur mes plateaux, je passe du temps avec les techniciens. Le matin, tous mes plateaux commencent en musique, je chante, je danse et j’ambiance mon équipe pour attaquer la journée dans les meilleures conditions possibles. Installer cette ambiance-là, c’est pour moi 40% du travail. Et j’y veille toujours. »

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© 2021 par Samuel Massilia.

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