top of page

Bonneville : "Un concert, c’est une rencontre entre le public et l’artiste."

  • Photo du rédacteur: Samuel Massilia
    Samuel Massilia
  • il y a 11 minutes
  • 4 min de lecture

Il a les mots comme instrument. Entre humour, poésie et énergie, Bonneville déploie sur scène un univers bien à lui, où sa plume navigue aussi bien entre la mélancolie douce d'un matin de café et l'espièglerie d'un refrain pop. Ce jeune Stéphanois, encore émergent mais déjà porteur d’une signature artistique forte, ne cherche pas à suivre la tendance : il la crée à son rythme. Rencontre.


© Victor Saddier
© Victor Saddier

« Théo, je t’ai découvert en première partie d’Ycare au Pasino d’Aix-en-Provence. Comment l’as-tu rencontré et quel exercice est pour toi la première partie d’un concert ?

On a échangé pour la première fois sur des plateaux radio. Ça a bien matché et il nous a proposé de faire ses premières parties. On s’est ensuite revus dans un cadre plus familial avec l’association AMAND (elle lutte contre la maladie de Huntington), dans laquelle il est impliqué et où on était invités pour jouer quelques chansons. Pour les premières parties, j’adore ça. C’est comme un premier rendez-vous. On essaie d’être le plus frais et saisissant possible. On joue cinq ou six chansons, donc on n’a pas le temps de passer à côté. Le public d’Ycare est bienveillant, chaleureux et à chaque fois ils répondent présents quand on leur demande de taper dans les mains. Un concert, c’est une rencontre entre le public et l’artiste. Souvent, on dit qu’il s’agit d’une performance de l’artiste, mais sans le public, on ne peut pas vivre un moment de communion.


Un homme avec un masque de singe et une guitare ou une basse t’accompagne sur scène. Qui est-il ?

Cette personne s’appelle Deef, c’est mon funky punky. Il vient amener un peu de vie, de malice et de bêtise au projet. L’été, lors de nos tournées en festivals, on est trois sur scène avec le batteur. Pour les premières parties, on doit être en formule légère.


On a pu découvrir ton univers musical et ton répertoire, notamment ton dernier titre, Café Saint-Jean, disponible sur toutes les plateformes de streaming. Quelle présentation en ferais-tu ?

Elle a des airs loufoques mais c’est plutôt une chanson triste. Je vois pas mal de gens au café le matin regarder le vide, se faire absorber par le temps, ce qui les entoure et sans en être forcément acteurs. C’est un point de vue omniscient. Après J’ai tenté mais, une chanson d’amour, de rupture, on pourrait dire que ce mec dans Café Saint-Jean est celui qui a tenté d’épouser la joie un soir pour oublier son amour et qui se retrouve à une terrasse de café avec autant de nostalgie que de sourire. Il y a un côté mélancolique dans cette position. Sur la production musicale de ce titre, j’ai des références comme les Daft Punk ou Philippe Katerine. Pour le texte, plus joueur, les influences sont Prévert et Gainsbourg.



Le clip est disponible sur ta chaîne Youtube. Quelles étaient tes intentions visuelles ?

On a voulu peindre une réalité avec ce plan fixe sur la terrasse. Rien n’est surfait. Le petit moment original est quand les gens se retournent pour faire des cœurs sur le refrain. Et puis il y a ce mec posé à la terrasse, un caméscope dans la main pour faire un clip dans le clip. Nous sommes encore un groupe émergent donc on a des moyens très limités. Aujourd’hui, les clips Youtube peuvent être un prolongement de la pensée et cool artistiquement, mais c’est beaucoup moins efficace en termes de rendement qu’une vidéo de danse sur Tik Tok. Un clip, c’est énormément d’investissement et je suis encore attaché à ce format. On essaie d’avoir les bonnes idées pour traduire la chanson de la meilleure manière possible.


D'où te vient cette passion pour les mots, la poésie ?

Je suis fils unique et je me suis toujours inventé des petits matchs de foot avec mes playmobils quand j’étais petit. Je cherchais à m’évader un peu, à trouver des portes pour ne pas me sentir trop seul dans ma chambre. Et puis j’ai naturellement commencé à écrire des textes et des chansons à partir du CE1.


Deef et Bonneville sur scène © Victor Saddier
Deef et Bonneville sur scène © Victor Saddier

Quelle place occupait la musique à la maison, dans ton enfance, ton adolescence ?

Ma mère écoutait beaucoup de musique et mon père d’autant plus car il travaille dans le son, la vente de casques et d’enceintes. Il adore la musique live. J’ai été bercé avec de belles références comme Renaud, Gainsbourg pour la chanson française et The Doors et les Rolling Stones pour le rock anglais. En tant que fou des enceintes audio, mon père a fait une sorte de mur du son avec un vidéoprojecteur. On voyait des films mais aussi des concerts, notamment celui de M au Zénith de Paris, que j’ai dû regarder six ou sept fois. Et puis j’étais comme un gosse quand je voyais Mick Jagger enflammer la scène !


Comment s'est fait ton apprentissage de la musique ?

En autodidacte. Ma passion, c’est l’écriture, les mots, trouver les bonnes gimmicks, les accroches et les angles des chansons qui vont rester en tête. Sinon, je suis un piètre musicien. Feed est le bras droit de mon projet, il est le réalisateur musical de mes chansons. Je lui envoie des maquettes et ils les tissent avec nos références communes. J’ai les idées et il les rend réelles.


© Victor Saddier
© Victor Saddier

Quels sont tes prochains projets ?

Notre premier album va sortir en avril ou mai 2026. En attendant, on joue le 6 novembre à Brest en première partie de Feu! Chatterton, un groupe que j’adore. On a remporté un concours qu’ils ont organisé sur les réseaux sociaux. Ils avaient demandé à faire la reprise de l’un de leurs titres et il s’avère que ce titre on n’arrêtait pas de l’écouter avec mes potes lorsqu’on est partis en vacances dans le Sud-Ouest. Il y avait un signe. Ensuite, on jouera le 25 novembre avec le groupe de rock belge Puggy, au Transbordeur, à Lyon. Enfin, d’autres jolies premières parties vont arriver.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

Je vais te citer le poème Droit de regard, de Jacques Prévert, tiré de son recueil La pluie et le beau temps : Vous. Je ne vous regarde pas, ma vie non plus ne vous regarde pas. J’aime ce que j’aime et cela seul me regarde et me voit. J’aime ceux que j’aime, je les regarde, ils m'en donnent droit. »

Commentaires


Reçois en avant-première les derniers articles !

© 2021 par Samuel Massilia.

bottom of page