Entre stand-up et seul-en-scène, le comédien et humoriste Fouad Reeves débarque avec une galerie de personnages tous aussi fous que drôles, avec du chant, de la danse, du rire et de l'émotion. Il rêvait de devenir Gêne Kelly, a vibré devant les films de Jean-Paul Belmondo, avant de devenir à son tour un artiste complet à l'énergie électrique.
« Fouad, tu joues ce soir à 21h ton seul-en-scène au café-théâtre de La Fontaine d’Argent. Quelle présentation ferais-tu de ton spectacle ?
J’ai été trader sur les marchés financiers pendant de nombreuses années, et puis un jour j’ai tout plaqué pour vivre mon rêve d’enfant : devenir comédien. C’est dire si on est très très haut sur l’échelle de la connerie ! (Rires) Dans mon spectacle, on peut retrouver des personnages-clés comme mon ancien boss en salle de marchés parisienne et qui était légèrement survitaminé ! Il y a aussi mon coach de rugby, un sport que j’ai fait pendant 25 ans et où j’ai pu porter le maillot de l’Algérie.
Comment s’est passée l’écriture des douze personnages que tu incarnes sur scène ?
C’est un don, ça ne s’explique pas (rires). Non, ce sont des heures d'écriture où tu essaies, tu tentes, tu déchires, tu ratures. La plupart des personnages, tels que je les présente sur scène, n’ont pas existé comme ça dans la vie. J’ai donc fait un effort intellectuel pour essayer d’être imaginatif, tout en étant drôle (rires).
Qu’est-ce qui a changé entre ton premier spectacle et celui que tu joues actuellement ?
Tout ! Tout a changé, même moi. Je suis complètement différent, je suis plus drôle, plus beau, intelligent et beaucoup plus modeste aussi (rires). Le 12 avril 2012 c’était mon premier spectacle solo, donc autant te dire qu’il y avait plein d’erreurs à gommer. En plus, à l’époque, je me filmais à chaque fois que je montais sur scène. Mon tout premier spectacle s’appelait En attendant le stade de France, je le jouais au Petit Théâtre du Bonheur à Paris, c’est un titre mégalo mais sympa.
Quel a été l’élément déclencheur de ta reconversion professionnelle ?
Dès l’âge de dix ans, j’avais en tête de devenir comédien, et puis j’ai été vite attiré par la finance, vers mes quinze ans. J’ai fait de longues études avec un bac+6 et après mon diplôme, on m’a proposé un boulot. Il a fallu faire un choix entre une vie de bohème précaire et un démarrage professionnel dans la finance qui s’annonçait pas mal. J’ai fait le choix du courage… en allant dans la finance. J’ai mis mes velléités de comédien de côté même si ça me revenait un petit peu dans ma tête. D’ailleurs, pendant quatre ans j’ai fait les deux en même temps, la finance et la scène. Ça a bien pris alors que j’y allais en loisir, pour me faire plaisir, je n’avais aucune ambition de quitter mon job. Le théâtre est venu remplacer le rugby, puis on a commencé à me proposer des rôles dans des pièces, un agent m’a repéré et inscrit dans son agence, j’ai passé des castings, jouer des petits rôles et la question a fini par arriver : qu’est-ce que j’aimerais vraiment faire ? Je pense avoir pris la bonne décision parce qu’aujourd’hui, je me régale.
Dès que tu as commencé à monter sur scène, tu as senti que tu étais à ta place ?
La première fois, il y a eu comme un ancrage, un enracinement et depuis, à chaque fois que je ne suis pas sur scène, je me sens déraciné. J’aurais pu te donner cette réponse mais ce n’est pas la vérité. C’est aujourd’hui que je découvre la magie de la scène. Il m’est arrivé de traverser des périodes très difficiles et une fois sur scène, les problèmes n’existaient plus. Je suis happé par l’univers que j'ai créé, cela me permet de m’évader ainsi que le public.
Raconte-moi quelques moments de scène avec le public...
Je vais commencer par ma première en solo avec la troupe Mektoub à 16 ans. C’était catastrophique ! Un concours d’humoriste - ce qui était rare à l’époque - avait été lancé, je voulais être comédien et pas humoriste, mais pour le fun j’y suis allé. Je connaissais par cœur le texte que j’avais écrit et répété devant personne. Le jury était composé de personnalités comme Paul Préboist, paix à son âme, qui a fait les grandes heures de Patrick Sébastien. Je monte sur scène et c’est un bide monumental pendant dix minutes, pas un rire dans une salle blindée. Mes potes ont assisté à ce fiasco. Ensuite, je vais te parler de ma plus belle alchimie avec le public. C’était à Sens avec 800 personnes et une standing ovation à la fin. Dans ces moments-là, tu planes. Le public te donne de l’amour, a apprécié ce que tu lui a livré. Et c’est après tout pour ça que je fais ce métier. La scène est un lieu d’amour, j’en donne et le public me le rend par ses applaudissements, ses rires et sa bienveillance. Le sage chinois Lao Tseu disait : « Le rire est l’orgasme de l’esprit. »
En attendant de découvrir les douze personnages de ton spectacle 1h avec Fouad Reeves, on peut écouter les conseils de toxicoach sur Instagram... D'où vient-il ?
Je suis coach en développement personnel et j’ai une licence en psychologie en plus de mes diplômes en finance. Je m’étais orienté vers cette licence en psychologie à l’époque où l’on s’intéressait à la psychologie des opérateurs de marché. Et puis j’ai commencé à m’intéresser au fonctionnement humain en lui-même, et pas seulement dans une activité particulière. J’ai écrit un bouquin sur les relations hommes femmes. Pendant mes quatre années d’écriture, je me suis intéressé au coach en séduction et ces coachs-là ne donnent que des avis de merde pour la plupart, qui mènent tout droit à une relation toxique. Ils vont t’apprendre à faire du silence radio, à ne pas répondre au message tout de suite, à appliquer le fuis-moi je te suis. J’ai donc pris le pli de l’ironie, du second degré avec ce toxicoach pour expliquer comment être sûr d’avoir une relation toxique, comme ça si tu fais tout le contraire, tu auras une vie saine.
Quels sont tes prochains objectifs de winner ?
Avancer et aller encore plus loin. Je commence à reprendre mon rythme de croisière après la coupure imposée par le covid et le confinement pendant un an et demi. Grâce à Dieu ça repart bien depuis le festival d’Avignon. »
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