Élève à l'école régionale d'acteur de Cannes, Guillaume Gouix participe durant sa scolarité à son premier projet cinématographique avec le téléfilm « Dérives » de Christophe Lamotte. En 2003, il décrochera son premier rôle au cinéma avec le film « Les Lionceaux » avant de prendre son envol en incarnant le personnage de « Jimmy Rivière » au côté de Béatrice Dalle. Une prestation qui lui vaudra une nomination au césar du meilleur jeune espoir masculin en 2012. Séries, films, téléfilms, il enchaîne les rôles majeurs comme dans les longs-métrages « Haut les murs » et « La vie en grand ». Le 5 décembre, il partage l'affiche du film « Les confins du monde » avec Gaspard Ulliel et Gérard Depardieu. Rencontre avec Guillaume Gouix, un acteur multi-facette !
« Vous avez fait vos débuts dans le petit écran à l'âge de 16 ans dans le téléfilm « Dérives » . D'où vous est venu cette passion pour le cinéma et l'envie de faire votre métier ?
Quand j'étais gamin, je faisais du théâtre entre Aix et Marseille comme on peut aller pratiquer du football ou du judo. On m'avait emmené faire de la figuration et de là, on a commencé à me faire jouer dans des petits téléfilms. Puis, une directrice de casting me connaissait un peu et m'a donc proposé de passer le casting de ce téléfilm « Dérives » et ça a fonctionné. L'envie m'est vraiment venue avec cette aventure, en découvrant la démarche passionnée d'un metteur en scène, la nécessité qu'il avait à filmer.
Cette première expérience vous a-t-elle donné envie de rejoindre une école d'acteur ?
À la sortie de ce téléfilm, on m'avait proposé pas mal de petits projets. Mais à l'époque, mon agent me conseillait de prendre le temps d'apprendre et de ne pas me précipiter. J'ai donc rejoins l'école régionale d'acteur de Cannes où il fallait passer un concours pour y rentrer. L'école m'a passionné, je m'y suis fait ma culture théâtrale, pendant que ma mère me montrait des vieux films et m'aidait à construire ma curiosité cinématographique.
En 2003, vous allez décrocher votre premier rôle dans le film « Les Lionceaux » de Claire Doyon. Comment vous êtes-vous préparé pour interpréter la vie de Gustave ?
J'ai participé à ce film pendant ma scolarité à l'école d'acteur de Cannes. C'était un film quasi-expérimental, avec la plupart des choses exprimées par le corps, il y avait des scènes de danse par exemple... Mais je ne m'étais pas vraiment préparé. C'était un film très particulier. Je fonctionnais assez au présent de manière instinctive à l'époque.
Guillaume Gouix dans le film « Attila Marcel »
Ce projet cinématographique vous a-t-il orienté vers d'autres films ?
La même année, j'avais participé à « Des épaules solides » d'Ursula Meier, puis par la suite pas mal d'apparitions avant d'obtenir mon premier premier rôle pour le film « Jimmy Rivière » de Teddy Lussi-Modeste. J'adore ce film, il a façonné le reste de mes choix. J'ai construit mon exigence avec cette bande de cinéastes, à savoir Teddy, Rebecca Zlotowski...
Guillaume Gouix dans le film « Jimmy Rivière » © Pyramide Distribution
Jusqu'en 2007, vous allez enchaîner les petits rôles dans des longs-métrages mais également dans des téléfilms. Existe-t-il les mêmes exigences pour un acteur lorsqu'il tourne pour la télévision et le cinéma ?
Ce n'est pas une histoire de médias, ça dépend de chaque projet, la télévision est de plus en plus exigeante avec certaines séries qui apparaissent, à l'image de la série « Les Revenants » dans laquelle j'ai eu la chance de jouer.
Quand avez-vous eu la conscience que vous faites parties du cercle intime du cinéma français ?
Je ne me le dis toujours pas (rires). J'essaie de ne pas trop avoir conscience de ça. C'est un métier fragile et je préfère penser à ce que j'ai à faire qu'à ce que j'ai fait.
En 2011, vous faites partie du casting du film de Woody Allen « Minuit à Paris » où vous jouer le rôle d'un fêtard des années 20. Même si ce n'était pas un rôle majeur, le tournage sous la houlette de ce géant cinéaste américain vous avait-il fait travailler différemment votre jeu d'acteur ?
C'était un peu fou de les voir travailler. Ma mère m'avait bercé avec les films de Woody Allen quand j'étais petit. C'était donc étonnant d'être face à lui. Après, j'ai eu un tout petit rôle donc ça ne m'a pas chamboulé dans mon travail. Mais le tournage était passionnant à observer.
L'année d'après, vous êtes récompensé du prix d'interprétation pour le film « Hors les murs ». Pouvez-vous nous reparler de ce film qui vous tient à cœur ?
J'ai adoré le film « Hors les murs » qui a été présenté à Cannes d'ailleurs. C'était une histoire d'amour entre deux garçons et j'ai aimé ce projet car l'homosexualité n'était pas l'objet du film. C'était vraiment une histoire d'amour et on ne se focalisait pas sur le sexe des protagonistes. L'amour était plus fort que le sujet sociétal, qui ne devrait plus en être un aujourd'hui.
D'après votre expérience, comment se porte le cinéma français ?
Il se porte bien. Il y a pleins de jeunes cinéastes en forme qui font de super films comme celui de Jean-Bernard Marlin « Shéhérazade » ou « Sauvage » de Camille Vidal-Naquet. Les acteurs de ma génération, je les suis car on se connaît depuis le début et que j'ai toujours été curieux des autres. Cette année, il y a le jeune Félix Maritaud dont on entend pas mal parler et qui a une animosité vraiment puissante.
« Gaspard va au mariage » d'Anthony Cordier © AGAT Films
Vous avez une filmographie qui donne envie à beaucoup de jeunes acteurs. Quel est le secret pour avoir une carrière aussi longue et durable ?
Je n'ai aucun secret (rires). Le choix des films est bien évidemment important. Il faut être sincère avec soi-même. C'est facile à dire, mais c'est un métier fragile, chacun fait comme il peut. Mais si on le peut, il faut essayer de maintenir un cap et d'être cohérent. Il ne faut pas hésiter à faire des projets avec ses potes, à construire des choses, notamment des courts-métrages.
Avec quels acteurs avez-vous le plus appris ?
C'est compliqué à dire car j'ai autant appris avec des acteurs inconnus que reconnus. Tout peut nourrir, ce n'est pas une histoire de statut. J'ai des souvenirs qui ont marqué mon parcours comme avec Béatrice Dalle dans « Jimmy Rivière » car c'était un moment marquant dans mon parcours au cinéma. Le métier, je l'ai appris avec tout le monde et je continue à l'apprendre.
Vous êtes natif d'Aix-en-Provence et avez grandi à Cabriès, à côté de Marseille. Revenez-vous parfois dans le sud pour des tournages ou revoir vos proches ?
J'ai toute ma famille à Marseille. Ma mère habite à Gardanne. J'aime y revenir. J'étais aussi revenu dans la région pour des tournages dont celui du film « La French » de Cédric Gimenez avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche.
Le 5 décembre sortira en salle le film « Les confins du monde » réalisé par Guillaume Nicloux. Vous incarnez le personnage de Cavagna aux côtés d'acteurs confirmés comme Gaspard Ulliel et Gérard Depardieu. Pouvez-vous nous raconter le synopsis ?
C'est un film sur les coulisses de la guerre d'Indochine. C'est-à-dire sur les horreurs de la guerre sans les scènes d'actions. C'est un film mental, psychique sur la drogue, les putes, la jungle, la peur des jeunes soldats. C'est vraiment axé sur l'attente et l'horreur, l'ennemi y est invisible. Guillaume est un très grand cinéaste.
Les confins du monde - Bande annonce (2018)
Comment s'est déroulé le tournage au nord du Vietnam ?
On était dans la jungle. C'était complètement fou dans des conditions extrêmes. Il faisait humide, chaud, on dormait très peu. En revanche, c'était parfait pour le film. Ça nous mettait dans un contexte dans lequel on ne pouvait pas tricher. Le tournage a duré deux mois environ. Quelle aventure !
Auriez-vous une anecdote à nous délivrer du tournage notamment avec Gérard Depardieu ?
Je n'ai pas beaucoup joué avec lui. Mais on a un peu partagé des moments ensemble. Une journée avec Gérard, on est allé dans un marché pour acheter des chemises en soie, le style vestimentaire que l'on ne porte que là-bas. C'était un bon moment partagé avec cet homme-là. Il est curieux des autres, il ne fait pas semblant de s'intéresser, il vit le moment.
L'année prochaine, au mois de février, sont prévues les sorties de deux films dans lesquelles vous jouer à savoir « Les drapeaux de papier » avec votre épouse Alysson Paradis et « Celle que vous croyez » avec Juliette Binoche. Pouvez-vous nous parler de ces deux films ?
Dans le film « Celle que vous croyez » de Safy Nebbou, je ne fais qu'une participation. J'aime beaucoup ce cinéaste et je ne pouvais pas refuser des séquences avec Juliette Binoche et Nicole Garcia. Le film va être super beau, il est centré sur les rapports avec les réseaux sociaux, sur les dangers que ça peut engendrer, c'est un sujet d'actualité. Et « Les drapeaux de papier », c'est un film important pour moi. Le réalisateur Nathan Ambrosioni est de notre région et ce qui est étonnant avec lui, c'est qu'il réalise son premier long-métrage à dix-huit ans. C'est un film culotté, que j'adore et que l'on commence à projeter dans certains festivals. On peut retrouver au casting Noémie Merlant qui est une superbe actrice et Alysson Paradis également.
Comment vous a-t-il sollicité ?
Je ne le connaissais pas et il m'a proposé son scénario de la même manière que tous les réalisateurs du monde entier. Il avait une production et le soutien du CNC (Centre National du Cinéma), à dix-sept ans, c'est exceptionnel. On avait aussi le même agent qui nous a mis en relation et dès que je l'ai rencontré, il m'a passionné et fasciné. Je trouve le film incroyable de maturité.
Guillaume Gouix dans le film « Enragés » (2014) © Jonathan Wenk
Quel projet préparez-vous en ce moment ?
En ce moment, je suis en pleine promo pour le film « Les confins du monde » . J'ai d'autres projets également mais on en parle jamais par avance, on ne sait jamais (rires).
Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?
Que les projets qui me tiennent à cœur se réalisent. »
Un grand merci à Guillaume Gouix pour l'échange téléphonique et sa sympathie
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