Iris Bucher : "Les rencontres et les hasards de la vie m’ont amenée vers la production."
- Samuel Massilia

- il y a 3 jours
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Elle s'impose comme une pionnière dans le paysage de la fiction française. Iris Bucher façonne des récits contemporains, accompagne les auteurs, et porte une vision qui se nourrit autant de ses propres intuitions que de ses rencontres. Iris poursuit cette ligne artistique avec Été 36, qu’elle achève pour TF1 en 2026. À travers chacun de ses projets, Iris Bucher confirme son engagement et sa vision : raconter des histoires où les femmes occupent enfin la place qu’on leur doit. Rencontre.

« Iris, vous étiez membre du jury de la 2ᵉ édition du festival Creatvty, à Sète. Comment avez-vous abordé ce rôle de jury ?
Très sérieusement et très joyeusement. C’est à la fois une opportunité de faire une mise à jour des fictions françaises récentes - même si je regarde le marché car c’est mon métier - et la possibilité d’avoir accès en quatre jours à des projets différents et de qualité. C’est assez formidable, parce qu'on prend rarement le temps de le faire finalement, si on n’est pas dans un cadre comme celui-là.
Avez-vous le souvenir d’une première émotion devant une série télé qui vous aurait, ensuite, donné envie de devenir productrice ?
Pas du tout (rires). J’ai peu regardé la télé, ce n’était pas vraiment bien vu chez moi quand j’étais enfant. Au départ, je suis prof de lettres et je ne me destinais absolument pas au métier de productrice. Les rencontres et les hasards de la vie m’ont amenée vers la production. On peut appeler ça une vocation a posteriori. J’ai découvert ce métier en le faisant, et in fine, j’ai compris que c’était exactement ce que j’aimais faire. Ça me rend très heureuse. Je fais ce métier avec passion et plaisir chaque jour, et je l’espère pendant encore longtemps.
Qu’est-ce qui est déterminant quand vous décidez de produire un projet ?
Si je n’ai pas de coup de cœur, je ne serai pas la bonne personne pour développer le projet. J’ai créé Quad Drama il y a quatorze ans et je vais naturellement vers les grands récits, souvent familiaux. Le drame, le thriller et le polar sont mes genres de prédilections, souvent en costumes. La beauté de ce métier est qu’il y a de la place pour des gens avec des sensibilités et des affinités différentes. Moi, je m’inscris dans une certaine forme de fiction, et donc mes choix sont exclusivement guidés par mes envies et convictions.
La série TV est un art du collectif : scénaristes, réalisateurs, comédiens, diffuseurs… Comment faites-vous pour garder votre vision tout en orchestrant de si grands ensembles humains et créatifs ?
C’est assez simple. On démarre un développement, soit parce qu’un auteur vous propose un projet, soit parce que j’ai envie d’adapter un livre que j’ai aimé, comme récemment pour Surface, ou un format étranger, ou encore une idée qui a germé dans ma tête ! Ensuite, je fais un premier projet d’adaptation avec des scénaristes, puis je le soumets à une chaîne ou à une plateforme. S’il y a un intérêt, on signe une convention de développement. J’accompagne l’écriture de près, et maintenant, de plus en plus tôt, dès la mise en production, je fais entrer un réalisateur ou une réalisatrice dans la boucle pour pouvoir interagir avec les scénaristes. Enfin, avec le réalisateur et le diffuseur, nous allons choisir les comédiens, les chefs de poste, etc.
Quelle place occupe la créativité dans votre métier ?
Elle est centrale, au cœur de tout, nous racontons des histoires, avant tout. Encore aujourd’hui, beaucoup de gens se méprennent sur le métier de producteur, le voyant comme la personne qui cherche de l'argent pour un réalisateur et son film. Oui, c’est mon job, de trouver les financements (par exemple, Surface est une coproduction avec l'ARD, la chaîne allemande, un montage financier que j’ai mis en place car les financements français n’étaient pas suffisants), c’est mon job de négocier les contrats, etc., mais ce n’est qu’une petite partie de mon métier. L’argent n’est pas une finalité mais un moyen, pour faire de beaux projets dont on peut tous être fiers ! »







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