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Lizzie Brocheré : "Cette histoire a laissé des traces.."

Elle est l'une des Filles du feu, la nouvelle série de France 2 à découvrir dès lundi prochain. Une invitation à faire connaissance avec l'année 1609 et sa chasse - la plus meurtrière - aux sorcières qui a sévi dans le Pays basque. Une réinvention des faits historiques portée par la trajectoire de trois sœurs, dont Catherine, incarnée par Lizzie Brocheré, à la personnalité indépendante et cinglante. Attirée par la temporalité du format série, Lizzie donnait « la réplique aux acteurs avant leurs essais ». Fille de directrice de casting, baignée dans les tournages à l'adolescence, le métier d'acteur est « un deuxième langage et m’a aidé thérapeutiquement à exprimer certaines parts de moi. »


© D.R

« Lizzie, quelle présentation feriez-vous de Catherine, votre personnage ?

C'est peut-être la plus forte et la plus ancrée des trois sœurs Elissalde, des femmes avec un tempérament bien trempé. Catherine est veuve et tient les manettes d’une capitainerie. Elle est libre comme les femmes devaient l’être au Pays basque à cette époque-là, notamment parce qu'elles étaient souvent seules à tenir les villages quand les marins partaient en mer.


S’approprier des costumes et jouer dans des décors naturels, ça aide à s’imaginer vivre dans cette époque…

Surtout lorsqu'on raconte une histoire telle que celle-ci, qui a laissé des traces partout au Pays basque. C'était palpable dans tous les décors où nous avons tourné, notamment à la maison Ortillopitz où une jeune fille de la famille a été brûlée à l’âge de treize ans par le juge de Lancre. Ces décors étaient des personnages à parts entières. Pareil pour les costumes. Au début de la série, mon personnage ne porte pas de corset, on dirait presque une petite pirate et lorsqu'elle est obligée d'en mettre un, cela symbolise nettement son étouffement.



Que connaissiez-vous de cette période-là ?

Il y a cinq ans, en lisant Sorcières de Mona Chollet, j’ai été assez choquée de ce nouveau regard sur les procès de sorcellerie qui avaient eu lieu, non pas à l’initiative de l’Eglise au Moyen âge comme on le pensait, mais bien à la Renaissance, plutôt par la médecine moderne, les notables et la politique. Ça fait presque partie des fondements de notre société actuelle. Ça a été une responsabilité du service public de se réapproprier les histoires d’avant et de les transformer.


Quelle relation a Catherine avec Jeannette (Anabel Lopez) et Morguy (Zoé Adjani) ?

Elle est assez proche et protectrice avec Jeannette. Le rapport avec Morguy est plus compliqué mais il évolue beaucoup au cours des épisodes. Elles sont différentes mais unies. Pendant le tournage, on s’est dit qu’il n’y avait pas de mot féminin pour dire fratrie, alors je dirais une sororie (rires). J’ai eu de super partenaires de jeu et il faut le dire, l’ambiance était assez formidable ! On était passionné par le sujet et motivé à raconter cette histoire vraie. On rejouait les scènes la veille, on se donnait des conseils et repensait les trajectoires. C’est une belle co-création. Magaly Richard-Serrano, la réalisatrice, était ouverte au principe de la pensée collective et a donc laissé place à nos propositions.


© France Télévisions

Historiquement, il faut noter le contraste entre une Europe renaissante et la vérité sombre sur cet acharnement contre les femmes, mené par Pierre de Lancre (Bruno Debrandt). En quoi les épreuves de 1609 peuvent éclairer les combats d'aujourd'hui ?

Isabelle Sorrente dans Le complexe de la sorcière pose cette question qui m'interpelle : comment est-ce que des générations et des générations ont pu voir leur mère, grand-mère, tante, marraine ou une vieille dame inconnue brûler devant leurs yeux sans que cela marque nos inconscients collectifs ? Qu’est-ce que ça a pu censurer chez nous ? La parole, la liberté qu'on s'autorise et la confiance en soi, entre autres. C’est terrifiant si on lit les absurdités écrites par le juge de Lancre dans son livre sur ce que doit être une vraie femme. Elles ont été des milliers à avoir été enfermées, torturées, brûlées et à s'être suicidées en prison. Et ce juge a été récompensé par Henri IV. Après l’événement raconté dans la série, il est parti avec 200 femmes à Bordeaux, qu’il a emprisonné pendant dix ans, avec huit prêtres qui les défendaient. Les Filles du feu sont des guérisseuses, des accoucheuses, des avorteuses et des savantes qui interrogent notre rapport aux plantes, aux abeilles, à la nature, à notre écoute du monde et comment on en fait partie. Il est temps qu'on renoue avec cette part de nous.


© France Télévisions

Lizzie, quels sont vos prochains projets ?

Après Filles du feu, j’ai enchaîné avec deux rôles différents : astronaute dans La guerre des mondes et mère maquerelle à Los Angeles dans American Gigolo. C’est bien de faire une petite pause et de se rappeler qui on est (rires). Avec mon mari, on s'occupe d'une ferme collective en Dordogne, on y a une association Engraine (engraine.org) avec laquelle on organise des événements, des chantiers collectifs, on co-crée des films artisanaux avec des enfants ou des ados. Mes autres projets sont dans la réalisation et l'écriture.


Pour conclure cet entretien, auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?

Ne jamais oublier de respirer. Je me le rappelle tout le temps. »

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