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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Louis Memmi : "J'ai senti que j'étais à ma place."

Dans le paysage cinématographique français émerge un jeune acteur au parcours atypique. Louis Memmi a saisi l'opportunité, un soir où le feu d'artifice éclatait dans le ciel, de connaître sa première expérience de tournage. Et si la flamme pour le septième art ne s'est pas allumée tout de suite, Louis Memmi l'entretient aujourd'hui avec force et détermination. Rencontre.


© Benoit Pavan

« Louis, on te retrouve demain dans Borgo, le nouveau film de Stéphane Demoustier. Quelle présentation ferais-tu de ton personnage, Saveriu Pietri ?

C’est un jeune en détention dans une prison de la région parisienne (on ne le sait pas dans le film) où il rencontre la matonne Mélissa (Hafsia Herzi) avant de se retrouver en Corse. Mon personnage a choisi la voie de la facilité, il est sans repère et tombe dans le milieu du banditisme pour lequel il a un peu d’espérance et de croyance. Mais il va être utilisé, manipulé. Saveriu est à un âge où il essaie de se prouver des choses. Il a aussi un folklore dans sa tête.


Qu’est-ce qui t’a plu à la lecture du scénario ?

Ça s’est fait d’une façon différente. Je n’ai pas eu part du scénario, ni passé de casting pour un rôle. Julie Allione, la directrice de casting du film et que je connais par rapport à d’autres projets, m’a contacté et demandé de passer un casting pour jouer un des jeunes détenus, en tant que silhouette parlante ou figurant. Je passe le casting et Stéphane, le réalisateur, me rappelle pour me voir. On fait plusieurs essais avec Hafsia et il me dit qu’il va réadapter le scénario, qu’il voit quelque chose de plus grand avec le personnage de Saveriu.


Stéphane Demoustier signe son troisième long-métrage après La fille au bracelet et Terre battue. Comment s’est passée la collaboration ?

On a parlé de certains sujets du film, des scènes importantes. Stéphane m’a expliqué sa vision, c’est quelqu’un de très clair. Une relation de confiance s’est très vite installée, on voulait la même chose : bien bosser et unir nos forces pour avoir la meilleure version de nous-même au moment où il le fallait.



Quels souvenirs gardes-tu du tournage à Ajaccio et ses alentours ?

L’image qui me revient le plus, c’est la séquence sur la plage quand on tire sur des cibles installées dans l’eau. Le décor était terrible. Il y avait des armes, beaucoup de figurants, et en même temps, mon personnage tente des petits rapprochements vers Mélissa. Il fallait jouer une forme de vice. C’est mon souvenir marquant.


Quelle partenaire de jeu a été Hafsia Herzi ?

Elle travaille très bien. En la rencontrant et en discutant, notamment aux répétitions, j’ai rencontré une super personne. Je l’ai observé dans son comportement et dans son jeu. C’est une très grande actrice. On a tissé des liens professionnels et amicaux. Je vais bientôt jouer dans son prochain film, une adaptation du roman La petite dernière de Fatima Daas.


Hafsia Herzi & Louis Memmi dans "Borgo" de Stéphane Demoustier

Parmi tes prochains projets, il y aura le film Leurs enfants après eux de Ludovic et Zoran Boukherma…

Oui. Ce sont des adolescents (entre 16 et 22 ans) qui vivent dans un coin perdu de la France, des endroits où il y a de grandes usines. Ça se passe dans les années 90, en pleine crise de la sidérurgie. On va voir à quoi rime leur été, avec les premiers larcins, amours et ennuis. De fil en aiguille, une histoire va se créer.


© @dewaelpage

D’où te vient cette envie d’être comédien ?

À la base, ce n’était pas une envie réfléchie. Un soir de 14 juillet, à Corte (la ville où j’ai grandi en Corse), je suis dans la rue avec mes potes et l’assistante d’une directrice de casting faisait un casting sauvage, elle est venue nous voir pour nous annoncer qu’elle cherchait des jeunes de notre profil pour un court-métrage. On a quinze ans, c’est l’été, on s’emmerde un peu, donc on y va. J’ai eu le premier rôle après avoir passé des castings. Ça me plaît sur le moment, mais je ne me dis pas que je vais faire ça de ma vie.


J’ai ensuite été rappelé pour faire d’autres courts-métrages en Corse, quatre ou cinq. Je kiffais le moment. Vers 18 ans, j’ai mon bac et je ne fais rien pendant un an, je n’avais pas forcément d’envie particulière, ni de motivation. Et à un moment, je me suis dit stop, il faut arrêter à 19 ans de ne rien faire. J’ai bougé de la Corse et je suis allé à Paris, mais je n’allais pas visiter les Champs-Elysées tous les quatre matins. J’ai cherché une école de théâtre sur internet, j’ai appelé l’École du jeu et ils m’ont fait passer des auditions. La semaine d’après, j’étais parti pour trois ans. J’ai senti que j’étais à ma place. Mais je t’avoue que la première année a été compliquée, je passais de la Corse avec ma famille, mes amis, mon confort, à Paname, seul, en école de théâtre avec des personnes très différentes de là où j’ai grandi, culturellement et dans la manière d’être. Je pensais partir au bout des premières semaines, mais je me suis accroché.


Pour conclure cet entretien, aurais-tu une citation fétiche à me délivrer ?

« Le passé c’est mal passé, mais le passé c’est le passé. »

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