Fière du cinéma belge, Tania Garbarski est un visage que les francophones prennent plaisir à voir sur le grand écran. Aussi à l'aise et formidable dans le registre du rire que de l'émotion, cette artiste qui fait preuve d'un véritable talent sur les planches de théâtre est à retrouver à la fin du mois dans Adorables, le nouveau film de Solange Cicurel. Et quoi de mieux qu'une bonne comédie à partager en famille pour se rafraîchir les idées et sortir de la salle obscure le sourire aux lèvres ? Rencontre avec Tania Garbarski, la pétillance d'une comédienne !
« Le 22 juillet prochain sort en France le film Adorables avant d'être sur les grands écrans de Belgique le 29.
Ce film sort à un moment improbable de notre histoire. On espère que les spectateurs seront dans les salles. J’ai appris par la réalisatrice que le film sortirait dans 500 salles en France, ce qui est beaucoup. Les gens qui iront voir ce film passeront un très bon moment avec une comédie familiale qui fait du bien.
Dans ce long-métrage vous incarnez Isabelle, la sœur d'Emma, et ce qui est intéressant c'est qu'elles ont vécu leurs adolescences de façon différente.
Complètement ! La maman qui est formidablement incarnée par Hélène Vincent a eu deux filles : une des deux est sage comme une image et l'autre est insupportable. On se dit toujours que l'on ne fera pas comme ses parents, qu'on ne reproduira pas les mêmes erreurs et pourtant, très souvent, on se surprend soi-même à refaire les mêmes choses que nos parents.
Dans le film, le personnage d'Elsa Zylberstein a beaucoup souffert de l’éducation très stricte de sa mère. Emma est une psychologue spécialisée dans la communication non-violente donc elle pense qu'elle a tous les atouts pour traverser cette crise d'adolescence sans problème et sans s'énerver. Ce ne sera pas le cas et ça donne lieu à des scènes de comédie très drôles.
Quant à mon personnage d'Isabelle, elle vient d'accoucher et est complètement démoralisée par un baby-blues assez compliqué. Et voir sa sœur avoir les pires ennuis au monde avec son ado ne la rassure absolument pas sur son avenir de maman. J’ai quelques scènes rigolotes où je suis complètement désespérée à l'idée de devenir maman (rires).
Deuxième film de la réalisatrice Solange Cicurel après Faut pas lui dire dans lequel vous étiez à l'affiche en 2017. Quelle direction des acteurs a-t-elle sur les plateaux de tournage ?
Avant « Faut pas lui dire », j’ai joué dans son premier court-métrage qui était d'un genre complètement différent, ça s'appelait « Einstein était un réfugié », l'histoire d'une avocate qui défend un demandeur d’asile. Solange a un passé d’avocate, la réalisation est une deuxième vocation qui est arrivée sur le tard. C'est une femme qui force le respect, elle est brillante, intelligente et elle a plus d'une corde à son arc.
J'aime être dirigée par une femme, je trouve ça très agréable et au fil des collaborations elle est devenue une amie. Elle a un regard bienveillant, elle est très douée pour les dialogues qui se mettent formidablement en bouche pour les acteurs. J'étais très heureuse qu’elle repense à moi et qu'elle m'écrive ce rôle d’Isabelle.
Au début du mois, vous avez fait une avant-première en Belgique. Quelle sensation cela fait de revoir du public se déplacer dans les salles obscures ?
C'était la toute première avant-première post-corona. On a eu la présence de la ministre de la Culture et de la Première ministre pour ouvrir le bal. C'était très émouvant et ce qui était complètement fou pour moi c'est qu'à Bruxelles, à l'UGC de Brouckère, il y a une très belle salle de 700 places qui s'appelle Le Grand Eldorado et j'y ai fait la toute dernière avant-première juste avant la fermeture des cinémas.
Comme c'est une comédie, c'est un peu triste quand les salles sont pauvres car on a besoin de rires communicatifs. On a eu de très bons retours, les gens étaient contents. C'est une comédie à laquelle beaucoup de parents vont s'identifier avec leurs ados. Solange a écrit ce film avec beaucoup de justesse cette crise d'adolescence que font la mère et la fille en même temps (rires). Mes filles qui ont le même âge que Ionis Matos s’y retrouvent tout à fait.
La productrice Diana Elbaum disait que de proposer une comédie en Belgique était un pari osé. Quel regard portez-vous là-dessus et sur le cinéma belge de façon générale ?
Je porte un regard plein de tendresse et d'admiration. On a un cinéma très hétéroclite, diversifié, original et libre. Je suis très fier de notre cinéma belge. On a beaucoup de talents extraordinaires. La seule chose qui manque encore chez nous, c'est que les spectateurs belges viennent voir leurs artistes. Nos artistes ont une bonhomie, une non-peur du ridicule et une liberté où on ne se prend pas la tête qu'il n'y a pas de star system chez nous. Il n’y a tellement pas de chauvinisme que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin. Le cinéma belge a une très bonne réputation à l'étranger.
Dans la comédie, le timing est précieux et l'impact des bons mots peut se jouer à la seconde près. C'est plus difficile de faire rire avec une comédie que d’émouvoir avec un film dramatique ?
La comédie n'est pas souvent prise au sérieux. Dany Boon en avait très bien parlé à la cérémonie des Césars. C'est un genre que l'on ne salue pas assez alors qu’une très bonne comédie demande un travail extrêmement minutieux avec un travail sur le rythme etc. C'est très difficile de faire rire. J'adore les deux registres, je ne pourrais pas m'en passer. Dans mes choix de projets, j'essaie d'alterner entre les deux pour ne pas être cantonné dans un genre. Le but de mon métier est de raconter des histoires très différentes.
En parlant de drame, on vous a retrouvé dans la forte série de TF1 « Les bracelets rouges » en prenant la vie du personnage de Sandrine, la mère de Roxane. Quelle préparation avez-vous eue pour incarner cette maman aimante mais maladroite ?
C'était une aventure un peu étrange pour moi. J'avais déjà travaillé avec Nicolas Cuche, le réalisateur et créateur de cette série en français, sur le film « La chance de ma vie » et j'étais très contente qu’il m’appelle. Quand je suis arrivée au début, et c'est souvent le cas sur les séries, il n'y avait pas grand-chose d'écrit. Je n’avais pas énormément d'informations, ils n’avaient pas encore décidé des caractéristiques de mon personnage. Je savais que j'étais la maman d'une anorexique donc je me suis renseigné sur cette maladie qui est terrible. Mais pour le reste, je ne savais pas à quelle sauce on serait mangé toutes les deux et ce n'était pas plus mal finalement.
Dans « Les bracelets rouges » il y a un panel de maladies très différentes. L'anorexie on a tendance à la comprendre moins facilement parce qu’elle passe par le mental. Un enfant qui est malheureusement atteint d'un cancer ou d'une leucémie, c'est peut-être plus concret pour un parent à affronter. Cette particularité-là était intéressante à explorer pour moi.
Quand on regarde votre parcours artistique, on s'aperçoit que vous avez multiplié les expériences dans des domaines souvent éloignés. C'est important pour vous de ne pas être tributaire du désir des autres, de ne pas attendre que les rôles vous viennent en main ?
Avec mon mari qui fait le même métier on a décidé de ne pas être tributaire du désir des autres mais de créer nos propres projets, d'être créatifs. Je lui dois beaucoup, il était très entrepreneur dès le début et il m’a insufflé cette énergie-là qui est très bonne pour les artistes.
Vous avez aussi un grand amour pour les planches que vous partagez très souvent à deux d'ailleurs...
La dernière pièce que nous avons jouée et que nous reprenons au mois de septembre est une adaptation du film « Les Emotifs Anonymes » avec Benoît Poelvoorde et Isabelle Carré. L'adaptation théâtrale montre bien à quel point, avec une même histoire, on peut la raconter avec deux outils très différents. On est parti sur une version beaucoup plus axée sur la comédie alors que le film était plus une comédie romantique.
Ce que j'adore au théâtre, c'est le live, l’immédiateté. Au cinéma, c'est plus un travail de construction, plan par plan. Sur scène, on est lancé pour une heure et demie de voyage, de vertige qui ne s'arrête pas. La différence entre le jeu d'acteur au cinéma et au théâtre c'est une question de curseur. Je pense que la formation théâtrale est toujours un atout pour un acteur. Un acteur qui ne passe pas par la scène va sûrement manquer de sensations même s'il y en a qui ont fait des formidables carrières au cinéma sans jamais être monté sur les planches. Il y a un travail et une rigueur au théâtre qui est toujours bonne à avoir comme arme.
Quels sont vos futurs projets ?
Je reviens d'un tournage du réalisateur Fabrice Du Welz où j’ai tourné une très chouette scène avec Benoît Poelvoorde et Mélanie Doutey, ça va être un thriller psychologique qui s'appelle « Inexorables ». Après, je pars avec Charlie en tournée avec « Les Emotifs Anonymes » et ensuite nous allons jouer une pièce en France, une trilogie de Goldoni qui sera mise en scène par Muriel Mayette, une grande femme de théâtre qui est l'ancienne directrice de la Comédie Française et de la Villa Médicis. Et on sera à l'affiche avec deux acteurs français très sympas qui sont Nicolas Maury et Joséphine de Meaux.
Auriez-vous une citation fétiche à me délivrer ?
« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. »
Que peut-on se souhaiter pour le futur ?
On peut se souhaiter d'être en bonne santé et de reconstruire un monde qui nous émerveille encore, que la culture reprenne sa place et qu'on puisse à nouveau partager tout ça tous ensemble sans avoir peur. »
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