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Photo du rédacteurSamuel Massilia

Valérie Sabban, une artiste généreuse !

Le talent et l'audace l'ont amené vers les plus grandes maisons et les plus beaux défilés de mode. Valérie Sabban a la tchatche facile, maîtrise avec harmonie son art et ses œuvres lavent nos yeux par leur originalité et élégance. Un style épuré que l'on retrouve dans la personnalité d'une créatrice dans l'âme, gourmande de son métier et solidifiée par le cercle familial, nécessaire à ses yeux qui pétillent quand je lui demande de me raconter la story d'une femme qui n'a pas oublié le point de départ de sa vie. Rencontre avec Valérie Sabban, une artiste généreuse !



« Tu viens de lancer ta propre marque de produits dérivés avec la création de ton site internet. Quels sont les premiers retours que tu as pu recevoir ?

Le lancement de ma boutique en ligne est la consécration de quatorze années de dessins, de travail acharné et de persévérance. J’ai reçu énormément de soutiens, aussi bien de la part de mes proches, ma famille, mes amis et les professionnels. Beaucoup d’entre eux me suivent en tant qu’influenceuse et avec le site, je leur montre un talent que je ne mettais pas forcément en avant sur les réseaux sociaux. Mes followers sont toujours là, même quand je raconte des bad mood ou des galères. Ils me motivent donc c‘est aussi pour eux. Mes p’tits loups je les aime trop.


Quelle a été l'étincelle de départ pour la création de ce site ?

J’ai toujours eu cette petite flamme en moi qui disait « Un jour je serai exposé, un jour j’aurai ma marque. » J’ai toujours eu cette ambition, même quand je faisais mon école de mode.


C’est un concours de circonstances qui m’a fait créer des tableaux pour une galerie d’art. De fil en aiguille, une personne présente dans mon école, et qui avait un atelier d’impression textile chez elle, m’a dit « Tu devrais faire des produits dérivés, des coussins, des pochettes » et encore plein d’autres idées que je ne révélerais pas (Rires).


J’ai gardé ce côté Made In Marseille, c’est mon empreinte. Pour moi, c’est très important de travailler avec mon entourage.


Tu es marseillaise d’adoption...

Tout à fait (Rires). Jusqu’à mes 15 ans j’étais à Dijon. Toute ma famille était à Marseille. Je suis née près de Dijon, mon frère et ma sœur sont nés à Marseille. Je me sens plus marseillaise qu’autre chose mais même si j’ai aussi vécu à Paris, c’est Marseille qui revient.


© Sébastien Benduckieng

Sur ton site, on y retrouve des lithographies, des coussins, des sacs, des pochettes, il y en a pour tous les goûts...

C’est très épuré. À une époque, j’étais tout l’inverse. Aujourd’hui, je vais adorer tout ce qui est très simple, moins il y en a plus c’est beau. C’est ce que je recherche.


Les pièces sont uniques avec une réalisation manuelle, combien de temps ça te demande la fabrication d'une œuvre ?

Ce qui est long, c’est d’avoir le coup de crayon. L’imagination prend énormément de temps, à un centimètre près l'œuvre ne ressemble plus à rien. Quand je vais dessiner un corps, si je lui rajoute deux centimètres sur les hanches, on n’aura pas du tout la même harmonie.


Je suis très perfectionniste. Je suis capable de complètement jeter des toiles entières. Pour une œuvre d’art sur toile, il y a trois couches de peinture, après on impose le Line Art et en un seul trait on va dessiner une forme, un personnage, un corps, mais si je me loupe, on ne peut pas reprendre. Je ne peux pas revenir en arrière, ça va à la poubelle.


Je ne dirais pas le nombre de toiles que j’ai jeté au début (Rires). C’est comme un foulard Hermès à une époque, on ne peut pas vendre quelque chose qui n’est pas à la perfection.


Chaque œuvre est fournie avec un emballage recyclable, c’est important de le préciser…

C’est très important pour moi de faire attention à l’environnement. Je pourrais toujours faire mieux, mais j’essaie de travailler avec du coton, des matières naturelles. Mon imprimeuse travaille de chez elle, à côté d’Aubagne, on essaie de minimiser les allers-retours.


Tout est fait à la commande, il n’y a pas de gâchis ni de stocks. C’est fait sur mesure, à la demande du client, il peut le personnaliser aussi. Sur une pochette, s’il a envie d’écrire « Pour ma chère et tendre », c’est possible. Parfois on a des idées cadeaux mais ce qu’il manque aujourd’hui, c’est le côté personnalisé.


On peut aussi acheter un produit numérique : le planning…

Ça ne sera pas le seul produit numérique. J’ai l’ambition d’aider les gens au quotidien, c’est ce que j’ai appris en étant auto-entrepreneuse. Je suis très organisé, ce que je n’étais pas du tout en tant qu’artiste avant. Je vends ces plannings mais souvent, je les offre.


D’autres produits peuvent arriver prochainement ?

Il y aura une touche gourmande, délicieuse et artistique qui sortira sans doute pour les fêtes.



J'encourage tous les lecteurs à s'inscrire sur ton site et à acheter l'une de tes œuvres. Valérie, tu es styliste et illustratrice depuis plusieurs années, d'où te vient cette flamme artistique ?

Depuis toute petite, je faisais les habits de mes Barbie avec des mouchoirs. Au fil du temps, je me suis cherché et j’ai plus été vers le côté styliste avec une école de mode. Le dessin s’est révélé de plus en plus. Le jour où je me suis rendu compte que dans un bureau de styliste on ne dessinait pratiquement pas, j’ai vu que ma vraie passion n’était pas forcément la mode mais le dessin.


Je dessine de minuit à 6h du matin. C’est le meilleur moment. Je ne suis pas déconcentré par les réseaux sociaux, personne ne m’appelle, il n’y a pas de coupure et surtout je n’ai pas de limite de temps. Je pense qu’une vraie artiste ne doit pas être coupée dans son élan.


Je peux me réveiller dans la nuit et me mettre à dessiner, c’est ce qui est arrivé pour le calendrier. Une amie m’avait soumis l’idée et dans la nuit je l’ai dessiné. Ça reste artistique et joli. Chaque année, je crée un calendrier pour que les gens puissent noter tout leur projet. On peut l’acheter en digital ou en réel. Le prochain sortira en septembre.


Le milieu de la mode est très difficile d'accès. Où as-tu pris l'énergie pour te lancer dans le grand bain ?

C’est un métier qui reste très compliqué d’accès. J’ai lancé mes réseaux sociaux pour me faire connaître. Je me suis toujours dit qu’il était beaucoup plus facile de se lancer quand on a une communauté. Tous mes followers m’ont poussé à me lancer à 100%.



Dans plusieurs de tes vidéos, tu dis de ne pas se mettre de barrières…

Aucune barrière, il faut y aller ! On est dans une génération où il ne faut pas hésiter. Mes premières amies, qui ne le sont plus aujourd’hui, me disaient « Mais pourquoi tu fais ça ? », « Tu devrais aller postuler à la boulangerie », « Qui achètera tes œuvres ? »


Au final, j’ai organisé des soirées incroyables pour la Fashion Week, des soirées avec l’acteur de Desperate Housewives, un ami encore aujourd’hui. J'ai fait une soirée avec will.i.am, on était une quarantaine à Londres.


J’ai été connu très vite parce que j’avais un super relationnel. Je peux parler à n’importe qui, de la serveuse à un people ultra connu comme Zlatan. Je leur parlais comme si c’était mes meilleurs potes et qu’on se connaissait depuis dix ans.


Valérie Sabban & Chiara Ferragni

Tu as travaillé auprès de grandes maisons comme Chanel, Jean-Paul Gaultier, Elie Saab et assister à plus de 900 défilés…

Je pouvais en faire jusqu'à dix-quinze par jour ! J’y allais avec mon cousin photographe mode et people. Je pouvais aussi bien être assistante photo, habilleuse qu’invitée. J’ai habillé de grandes mannequins comme Kendall Jenner, Cara Delevingne (adorable d’ailleurs), Miranda Kerr. Je n'avais pas peur.


Avec quels mots définirais-tu le milieu de la mode ?

J’ai connu la mode parce que j’ai eu du culot. Je pense que la mode n’est pas accessible, mais quand on fait preuve d’audace et qu’on a peur de rien… Maryline Vigouroux, Fondatrice de la maison Méditerranéenne et des métiers de la mode - un personnage à Marseille - m’a défini comme une pionnière de la mode.


Je suis partie de rien. J’ai fait une école de mode à Marseille avec un crédit étudiant. À Paris, il fallait que je paie mon loyer. On a beaucoup de contraintes quand on démarre.


J’ai voulu bosser dans la mode, je n’ai pas eu froid aux yeux, je suis allé taper à la porte de plein de marques, j’ai usé de ma ruse, parfois en disant « Mon père a des boutiques, j’aimerais bien voir le showroom ».


Quelle sensation as-tu ressenti d’intégrer ce monde-là au tout début ?

Quand je me suis infiltrée à mon premier défilé Chanel en tant qu'invité, j’ai complètement pleuré. J’ai cru que je rêvais. C’est seulement une fois arrivée chez moi que j’ai compris que je l’avais fait, que c’était accessible. Mais je ne le referai pas. Maintenant, j’ai compris l’ampleur et l’importance des invités.


En août 2019, tu lances ta chaîne Youtube avec comme première vidéo un défi de 365 jours pour devenir influenceuse professionnelle. En plus de ton métier de styliste et illustratrice, qu'est-ce qui t'a décidé à rajouter un troisième métier dans ta vie ?

Je vivais une période très compliquée, que tout artiste peut avoir, j’avais envie de tout arrêter. Je m’en suis servie comme une force, une résilience et je me suis fait un nouveau projet. Je ne voulais pas reprendre un travail lambda. À l’époque, le métier d’influenceur n’était pas encore considéré à 100% comme un métier. En un an, j’ai réussi à contractualiser tout ce que je faisais, à devenir crédible et à montrer que c’est un vrai travail.


Tu es une des rares influenceuses à montrer l’envers du décor…

J’adore montrer que tout n’est pas rose tout le temps, qu’il y a des galères. L’avantage des réseaux sociaux c’est qu’on peut montrer ça de manière spontanée. Je fais très rarement de montage. Si je bégaie dans une story, je laisse. Il n’y a rien de mieux que le naturel.


Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup de faux. Je ne dis pas que je ne cautionne pas la chirurgie esthétique mais quand on met 50 filtres, je ne m’identifie pas à ces personnes-là, refaite de la tête aux pieds. Souvent, je mets des photos avant-après, avec et sans filtres. Instagram demande qu’on soit encore plus beau, qu’on se sublime.


Je montre ma vie d’influenceuse. On a parfois l’impression qu’elle est parfaite, je dors dans des hôtels cinq étoiles, mais en réalité ma vie est comme tout le monde. Je peux avoir des galères d’argent, de montage, ça peut arriver qu’il y ait des couacs.


Comment expliques-tu que ce métier attire autant la jeune génération ?

Je pense que c’est par rapport à la médiatisation. Pour te donner un exemple, quand j’allais dans les défilés, ce sont les journalistes et les personnalités qui étaient au premier rang. Aujourd’hui, je suis au même rang qu’eux. Ça montre qu’il y a une évolution sociale, on est presque aussi puissant qu’un magazine.


Je comprends que les jeunes veulent devenir influenceurs. Pour moi, on le devient par le travail. Il faut avoir une personnalité et développer son milieu artistique. C’est un métier couteau suisse. Les influenceurs sont les artistes de demain.


Être influenceur c'est avoir un quotidien à trois mille à l'heure, peu de temps de repos, une créativité sans cesse en activité, ce n'est pas parfois pesant de jouer tous les jours un "rôle", de se filmer ?

Bien sûr ! D’ailleurs, dans ce cas, je ne fais pas. Quand j’ai besoin de me ressourcer en famille, je vais couper. Une fois par semaine je me fais une digitale détox, c’est obligatoire, sinon on est collé à notre téléphone et on n’est pas dans la vraie vie. Parfois quand je ne vais pas bien, je vais le dire à mes abonnés.


Je ne veux pas montrer que le haut de l’iceberg mais aussi tout ce qu’il y a en dessous, les périodes de doute où j’ai envie d’arrêter. Les phrases négatives font partie de la vie, une fois qu’on est tombé on ne peut que remonter.


Beaucoup de personnes qui me connaissent depuis mes débuts m’appellent « petit Phoenix ». Je renais toujours de mes cendres. À chaque fois que je touche le fond, c’est là que je remonte le plus.


Tu transmets aussi ton savoir dans des écoles, l'exercice te plaît ?

J’adore ! J’aimerais en faire de plus en plus souvent. Il n’y a pas encore d’école spécialisée là-dessus. Nous, ça a été l’école de la vie. Les générations futures peuvent en avoir besoin, ne serait-ce que pour être accompagnées. Il y a des limites à tout.


J’ai fait une émission de télé que je n’avais pas envie de faire. C’était une période de ma vie où j’avais perdu un membre de ma famille, je n’étais pas bien. L’émission avait totalement détourné l’histoire et j’ai eu mes premiers haters. Ça m'avait fait beaucoup de mal, on n’y est pas préparé.


Plus de 100 000 personnes te suivent sur Instagram, comment fidélises-tu ta communauté ?

Mon secret, je réponds à tout le monde. Même quand je n’ai pas le temps, je vais répondre trois ou quatre jours après. C’est ça le vrai lien avec sa communauté. C’est grâce à eux que je suis là et que j’existe.


Un de tes premiers posts est une photo de Karl Lagerfeld. C'est une de tes inspirations ?

Je l’ai prise à un défilé Chanel. J'ai eu la chance d’y avoir accès, je ne révélerais pas comment (Rires). Je l’ai toujours admiré, il est très professionnel. On a l’impression qu’il est froid, hautain, mais il est adorable et drôle.


J’adore aussi Jean-Paul Gaultier. Il a su créer un style propre à lui-même et surtout il a su rester humble dans tout ce qu’il a fait. Il a toujours cherché à mettre en avant la différence. Je peux l’écouter pendant des heures.


J'ai toujours voulu travailler dans les backstages. Par exemple, les collections Chanel on les voit avant tout le monde. La veille du défilé, on défile à la place du mannequin. Je ne sais pas si on a le droit de le révéler (Rires). On voit des pièces que seules des grandes princesses ont accès. En boutique, elles n’y sont même pas. La mode, c’est de l’art.


Tout au long de ton parcours, tu as eu l'occasion de rencontrer un grand nombre de personnalités comme Zlatan Ibrahimovic, Bella Hadid, Chantal Thomas. Est-ce qu'il y a une personne avec qui tu rêves d'avoir une discussion sur le métier ?

Olivier Rousteing, le styliste de Balmain. Il a une perception magnifique du corps et de la femme. Dès que j’ai de l’argent de côté, j’achète une pièce de Balmain. Il apporte quelque chose de nouveau, je serai vraiment ravie de collaborer avec lui. Ma première rencontre avec une personnalité de la mode c’était Chantal Thomas, elle m’a toujours suivie. C’est une vraie créative et illustratrice aussi.


Regardes-tu parfois dans le rétroviseur pour te rendre compte de tout le chemin déjà parcouru ?

Mes amis que je n’ai pas vus depuis longtemps me disent « Tu te rends compte, il y a dix ans tu nous parlais de travailler dans la mode et regardes tout ce que t’as fait ». Je m’en suis surtout rendu compte quand je me suis installée à Marseille, en revenant de Paris. Dans mon moi intérieur, je ne vais pas m’en rendre compte. Pour moi, encore une fois, je ne suis qu’au début. Le summum, ce sera quand une grande partie de personnes aura un de mes dessins ou une de mes œuvres chez elle.


Aujourd'hui, que dirais-tu à l'enfant et à l'ado que tu étais ?

Crois en tes rêves, n’écoute surtout pas les gens négatifs et n’hésite pas une seule seconde.



Quels sont tes futurs projets ?

Je vais continuer la promotion de mon site, j’espère faire des collabs avec des marques et des artistes, et faire aussi des vernissages un peu partout dans le monde, mais aussi à Marseille. Je serai d’ailleurs présente à une vente aux enchères en septembre.


Une citation fétiche à me délivrer ?

« Simplicity is the ultimate sophistication » de Léonard Da Vinci. Matériellement parlant, j’ai manqué de rien, mais en même temps j’ai manqué de tout. Instagram m’a permis d’avoir ces instants de vie magique. Valérie l’influenceuse va à une soirée jet-set, elle fait la bise à David Guetta mais la vraie Valérie ne le regarde et ne l'approche même pas.


Pour conclure, quelles sont les personnes qui t'inspirent le plus dans ton quotidien ?

Ma grand-mère, une grande dame qui m'a appris ce qu'était la résilience, à être élégante en toutes circonstances et à toujours me montrer forte.


Ma famille. Ma grande sœur a été la première femme entrepreneuse que j’ai pu voir dans ma vie. Elle m’a toujours boostée. Il y a mon père, que j’ai perdu, il m’a toujours appris qu’après tout travail il y a un résultat.


Ma mère est ma plus grande fan, elle me suit au quotidien, commente tous mes posts (Rires). Elle fait même ma pub à la plage, c’est ma meilleure ambassadrice. Mon frère est aussi très fort pour tout ce qui est idée et brainstorming. Et aujourd'hui j’ai mon chéri qui est dans la musique, il me soutient et m’accompagne.


Dans ce milieu, on attire les opportunistes, ça a été le fléau de toute mon histoire. Il faut savoir bien s’entourer. J’ai besoin d’avoir mon petit cocon auprès de moi. »

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