Elle est actuellement dans la peau d'une femme enceinte dans le très beau projet de Baya Rehaz « Baby Clash » sur Youtube au côté de Mickaël Lumière. Actrice en herbe, Yasmina est au naturel, délivrant une performance sur mesure pour sa première expérience professionnelle. Rencontre avec Yasmina Talibi, la maturité d'une jeune actrice !
« Comment s'est passé ton confinement ?
Super bien ! J’étais loin de Paris, c’était apaisant. Je me suis enfin occupée de tout ce que j’avais à faire et j’ai aussi pu travailler à distance, ce qui m’a bien occupé donc assez cool !
On te retrouve actuellement dans la web-série « Baby Clash » dans laquelle tu campes le rôle de Mina. Une « dramédie » signée Baya Rehaz. Qu’est-ce qui t’a plu à la présentation de ce projet ?
À la lecture du scénario, j’étais déjà emballée par l’histoire. J’étais emportée par la plume de Baya Rehaz, sa patte comique dans le traitement de ce projet qui traitait de choses assez sérieuses en parallèle. Ce qui était aussi intéressant, c’était le mélange des styles qu’elle présentait, avec l’amour de deux jeunes personnes qui viennent à peine de se connaître et qui vont se lier naturellement, mais aussi les conditions de la maternité et la manière dont c’est retranscrit et retransmit, ce qui m’a beaucoup touché.
Après une relecture, j’ai eu l’occasion de la rencontrer pour percevoir un peu plus son univers et me baigner dans ce récit. J’étais assez fascinée par son talent et son imaginaire, la direction de la vie de couple des personnages et la subtilité de l’approche. Le fait qu’elle veuille parler des conditions de la femme enceinte, tout en gardant une certaine fraîcheur, de la douceur, de la sensibilité et de l’humour. Une belle défense de cette création et de son inspiration de vie de femme.
Elle savait précisément où elle devait aller et où cela devait tendre. Je me suis aussi beaucoup reconnu dans cette notion de jeunesse un peu perdue, qui accepte les choses sans vraiment trop réfléchir ou se poser des questions, qui pense juste à faire des choix simples. Ce qui m’a plu : cette notion de réalité et de jeunesse égarée, mais aussi cette légèreté d’amour et de l’inconnu. C’est attachant et submergeant.
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les cinq épisodes, comment définirais-tu cette petite série ?
« Baby Clash » est une web-série qui met en scène l’évolution physique et émotionnelle d’une simple relation, de la rencontre, en passant à la vie de couple, pour s’adosser à la vie de famille et la décision prise pour le bien de ce bébé. Le temps d’une soirée, c’est l’amour naissant de Mina et Thomas, qui s’installe légèrement, naturellement, sans trop de réflexion, qui les amène à vivre ensemble.
Un jour Mina fait un test de grossesse et annonce à Thomas qu’elle est enceinte, heureuse et émue d’apprendre qu’ils vont avoir un enfant et de partager « leur création », ce qui les lie, ensemble. Mais au fur et à mesure du temps, ce changement va prendre d’énormes proportions dans ce petit espace partagé entre eux deux et où le bébé prendra place, ce qui va créer de plus en plus de tensions et d’incompréhensions entre ces deux personnages. Maintenant à découvrir cette perle et enjoy !
Il s'agit de ta toute première expérience en tant que comédienne. Avais-tu des appréhensions avant le tournage ?
Ce n’est pas vraiment ma toute première expérience en tant que comédienne, j’avais déjà joué dans des pièces auparavant ou entamé de petits projets cinématographiques avec des amis mais c’est vrai qu’en tant que projet professionnel, c’est mon tout premier. J’appréhendais beaucoup le jeu devant la caméra car j’avais fait beaucoup plus de théâtre que de cinéma, donc c’était un mini-flippe, même si en même temps j’avais hâte. Il y a quand même une technique à maîtriser au cinéma, et puis je ne voulais pas trop contrôler mon jeu. Au final tout s’est agréablement bien passé, j’étais super bien entourée, avec une équipe très chaleureuse et remplie d’amour, et cela n’a été que plaisir et amusement. Baya m’a beaucoup aidé et je la remercie.
Quelles sont les questions que l'on se pose avant de tourner ?
Je ne sais pas pourquoi mais je me pose toujours cette question de savoir si je connais assez bien mon texte pour me « libérer » à partir du moment où je vais le jouer alors que pourtant je le maîtrise. C’est une habitude que j’ai mais ça fait un peu partie du petit trac que l’on a. Pour me remettre dans le contexte de la scène, je me demande toujours aussi ce qu’est son objectif, ma relation avec le personnage et les enjeux principaux.
Tu incarnes une jeune femme enceinte qui va vivre sa grossesse comme une contrainte. Comment es-tu entré dans la peau de ce personnage ?
Avant de tourner, je me suis beaucoup remémoré les moments que ma mère avait passés lorsqu’elle était enceinte, ses émotions, ses envies/faims, ses épuisements, moments de grossesses, ce qui m’a beaucoup aidé. J’ai puisé dans mon entourage, j’ai aussi ouvert mon regard sur des filles de mon âge qui étaient aussi enceintes, comment était leur mode de vie, le support et l’aide qu’elles avaient là-dessus, la galère financière engendrée...
Lors de notre rencontre, Baya m’avait aussi raconté ce que c’était le fait d’être enceinte, de par son vécu, et le ressentit que l’on en a : le changement de nos habitudes liées au fait qu’on évolue beaucoup physiquement et que l’on ne ressemble plus à ce que l’on était au début (la prise de poids, les vergetures), moins d’attention à soi et de soin de notre « image » ce qui se lie un peu dans la série, avec l’avant-dernier épisode, où Mina essaie de se ressentir « belle » en se mettant une couronne et en se maquillant.
J’ai vécu « physiquement » le fait de porter un « enfant » car j’ai dû rester une journée entière avec un accessoire équivalant à un ventre de 9 mois, pour savoir, comprendre et me mettre facilement dans la peau du personnage en le vivant. Je percevais déjà les difficultés à se déplacer, se lever, s’assoir, ou s’allonger et le temps que cela prend, on a très vite chaud, on fatigue, la tension et les hormones qui jouent beaucoup. Nos nerfs, notre patience, nos humeurs se mélangent ou même changent très vite. La folie d’arriver au stade maximum, très intéressant de le vivre.
On y retrouve une mise en scène très axée sur l'image pour faire passer des messages forts. Quel regard portes-tu sur ce visuel dirigé sur la corporalité des émotions ?
Je suis admirative et épatée de voir le rendu à l'image des personnages et du couple. La palette présente bien de notre travail et l’esthétique de nos émotions. C’est assez prenant et fort de voir que tout est lié et partagé, chaque moment vécu durant la vie du couple étant lié à l’évolution de leur relation et au cadre de ce petit lieu de vie et à son atmosphère. Une mise en scène qui nous englobe, avec un décor et une lumière prenante, tout est millimétré. Je trouve ça exaltant : l’exemple de la décoration des murs qui change en lien avec l’évolution du couple ou même celui du cadre brisé, qui devient presque un symbole d’union et de fusion entre les deux au début, « ce qui les rapproche », qui est présent au fur et à mesure, et à la fin revient au moment lorsqu’ils se quittent. Les émotions majeures mises en avant et même sublimées d’une certaine manière par ce cadre et qui mettent bien en scène les enjeux principaux.
Tu partages l’affiche avec le comédien Mickaël Lumière. On ressent une réelle fusion entre vous deux.
Oui, j’ai eu de la chance de retrouver un ami d’école (Cours Florent) avec qui j’y ai partagé l’atelier d’improvisation pendant deux ans. Nous avions déjà joué ensemble ce qui a facilité nos rapports dans le jeu et ce qui a renforcé le lien entre les personnages. Ça m’a rassuré de connaître mon partenaire hors du cadre de ce projet. J’aurai été sans doute plus intimidé sinon (rires) ! C’était un bonheur de faire ça avec lui, un partenaire de jeu génial, un comédien très talentueux !
Par quel moyen apprends-tu ce métier ?
Par l’amour de l’écoute, de l’observation des gens autour de soi et de l’être humain en général. Je vais aussi beaucoup au théâtre et au cinéma, ce qui me m’apporte de la matière et des références. J’aime avoir de la matière à exploiter pour avoir à creuser mes émotions ou me découvrir de plus en plus en tant qu’être. Ça me permet aussi beaucoup de tester, trier, de sélectionner, et de mettre de côté pour l’intérêt et le travail du prochain personnage que j’aurai à jouer. La formation plus académique (Cours Florent et Atelier A) m’a aussi permis d’apprendre ce métier, et j’ai aussi eu l’aide de beaucoup de professeurs, qui m’ont appris à être curieuse et à toujours chercher plus loin, le travail de l’imaginaire ou comment s’approprier un texte.
Quel a été le déclic pour que tu suives des formations de comédiennes ?
Lorsque j’étais plus jeune, je m’amusais beaucoup à imiter les membres de ma famille, pour rire, sans trop me poser des questions (je le fais toujours d’ailleurs). Je suivais déjà des cours de théâtre durant ma scolarité mais c’était plus un loisir. Je regardais beaucoup de films avec ma mère aussi le soir, en rêvant d’être à la place de ces acteurs. Et l’idée et l’envie de faire ce métier me sont de plus en plus venue jusqu’en Terminal, au moment de choisir nos orientations. Les orientations logiques après ma formation ne me tentait pas (Droit, économie) et ce qui me faisait vraiment briller les yeux, c’était le métier d’acteur/comédien. J’ai alors décidé de faire un stage au Cours Florent, qui a conforté ma capacité et mon ambition d’être actrice. La joie ressentie durant ces heures de plateau, je voulais la sentir toute ma vie.
Quelles sont tes ambitions cinématographiques ?
J’espère tourner dans beaucoup de beaux projets que ce soit court-long ou moyen-métrage, pouvoir travailler avec des réalisateurs qui font vivre leur art comme Eric Toledano et Olivier Nakache, Hugo Gélin, Rebecca Zlotowski, Jacques Audiard, François Ozon… la liste est longue. En tout cas, mes ambitions sont importantes, mais je veux surtout prendre du plaisir à faire partie de belles créations, de rencontrer de nouveaux visages, de belles équipes et de vivres de belles aventures, de combler cette soif d’apprendre. Après j’irai où le vent m’emporte.
As-tu de projets en tête ou il est difficile de se projeter ?
J’écris beaucoup en ce moment avec des groupes d’amis, il reste encore du travail, mais on ne sait pas encore sur quoi cela débouchera. On verra bien…
Que peut-on te souhaiter pour le futur ?
Continuer de m’épanouir de plus en plus dans ce métier tout en étant bien entourée et garder une bonne santé, ainsi que tous mes proches dans cette période compliquée. »
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